4 : "Sans aucun quiproquo"

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Mercredi 4 octobre

Le lendemain et le mardi, j'avais croisé Maëlle à la fac et on avait mangé ensemble avec quelques-uns de nos potes. Le feeling passait bien, ça me faisait rire de voir à quel point elle ressemblait à Camille, je m'imaginais avoir un peu la même relation avec Maëlle que ce que j'avais avec elle, à rigoler, à se clasher tout le temps et à se disputer comme des gamins.

Nous étions mercredi et j'avais dit à mes potes de venir manger une pizza à l'appart. On aimait bien faire ça, on ne traînait pas trop mais on passait une soirée sympa à bouffer comme des gros et à rigoler tous ensemble. Et puis ça m'évitait de passer la soirée encore tout seul ou en tête à tête avec Hakim qui serait encore venu squatter chez moi comme presque tous les soirs. Je préparais donc mes pizzas et il devait être 19h, quand on sonne à la porte. C'était Maëlle. On se dit bonjour, j'me moque de son nez rouge à cause du froid et Hakim arrive quelques secondes après.

« Ah Hakim pour venir manger, t'inquiète il ne va pas être en retard »

« Ta gueule toi va me faire à manger » me répond-il en rigolant

« Genre tu fais les pizza toi-même ? » demande Maëlle

« Bah ouais c'est meilleur que les vieux trucs surgelés là »

Et elle se mit à rire. « Une vraie petite femme de maison toi en fait, la cuisine, même ton appart il est nickel »

« C'est clair que tu verras pas ça chez Hakim »

« Fais pas genre alors que parfois quand j'arrive chez toi le dimanche midi tu dors encore comme une merde ; tes caleçons trainent partout et y'a encore une boîte de ravioli d'il y a 1 semaine dans le frigo »

« Fais le malin toi, pourquoi t'as pas dit à la « femme de ta vie » de venir d'ailleurs ? »

« Genre t'as une copine Hakim ??? »

« Ouais et il m'dit même pas qui c'est ! »

« WAAAH vous arrêtez de poser des questions ?? »

« Mohhhh il est gêné c'est trop mignon » riait Maëlle

« Hakim est amoureux Hakim est amoureux » et on chantait ça à tue-tête comme deux gamins avant qu'il ne trouve pour excuse de devoir aller récupérer quelque chose dans sa voiture. Il me faisait rire ce con là, ce n'était pas son style d'être comme ça du coup c'était assez drôle de voir qu'il était juste un peu gêné d'en parler devant Maëlle. On était donc plus que deux chez moi, le temps qu'Hakim ne revienne.

« Alors miss coincé j'pensais qu'il n'y aurait pas de prochaine fois? »

« Bah écoute, t'as eut la gentillesse de me ramener samedi soir, j'ai pas osé te dire non » dit-elle sur un ton un peu blasé.

« C'est ça ouais, dis plutôt qu'j'te manquais trop!  »

« Pouahhhh, qu'est ce qu'il faut pas entendre  »

« J'te sers un verre? »

« Tout sauf de l'alcool alors Sam Sam»

« Genre? » dis-je en me versant une vodka

« J'ai une voiture qui m'attends en bas de chez toi et j'ai mon permis depuis six mois seulement, si j'pouvais le garder ça serait cool »

Et sans faire attention, au cours de la discussion, j'me met à vouloir en verser à Maëlle également. Putain quel con. Nos bras se croisent alors qu'elle tente de mettre sa main sur son verre et bam, j'en renverse la moitié à terre sur mon tee shirt. Maëlle éclate de rire. Putain j'ai jamais été doué mais alors là c'est le pompon.

« Tu m'appelles Miss coincé, j'vais t'appeler Miss catastrophe moi»

« Miss??? T'es sérieuse? Vas-y j'suis pas une meuf »

« Pas mal l'odeur de vodka la miss, trop sexy »

« T'es sérieuse » dis-je en rigolant, « c'est de ta faute en plus, genre tu m'aurais mit un coup d'poing pour 3 gouttes de vodka là »

« Un coup de poing ??? T'exagères pas trop ça va, victime-va  » continue t-elle tout en se marrant tout autant que moi. J'retire mon tee shirt, absolument trempé par les événements et part en chercher un autre.

« Regarde pas trop mon corps d'athlète, tu risques de tomber dans les pommes »

Elle rigole. Son rire me fait rire, j'ai l'impression que quand elle commence, elle finira jamais par s'arrêter.

« Laisse moi rire, j'ai vu mieux Samuel.... »

« Genre t'as vu beaucoup d'autres torses, aussi musclé ? »

« Mec, c'est pas en mangeant des kinder et en buvant des bières, que tu vas muscler quelque chose »

« J'rêve ou tu m'critiques? »

Elle regarde son verre, ne me réponds pas et ajoute « Sinon ils arrivent quand les autres? T'es grave lourd en fait »

Elle me regarde. Je la regarde. Elle sourit.

« Vas-y j'ai cru que t'étais sérieuse »

Maëlle va prendre cher.

Toujours torse nu, je lâche mon tee shirt que je m'apprêtais à mettre, m'avance vers Maëlle et l'attrape par les jambes. Un vrai sac à patate.

Je la trouvais vraiment légère, elle me suppliait de la laisser tout en rigolant, et moi je m'approchai de la fenêtre comme si j'allais la lâcher, elle termina finalement sa route, balancé sur mon lit. Je la tenais pour ne pas qu'elle parte, elle était donc allongé et moi je l'écrasais tout en la chatouillant : son point faible je crois. Nous étions très proches, on se regardait en rigolant comme des cons. Soudain, la porte d'entrée s'ouvre, je me recule, c'était Hakim :

« Oh ! Vous foutez quoi ? »

Je me relève, j'avoue que j'étais un peu gêné à ce moment-là bien qu'on ne faisait rien de mal.

« T'étais où toi ? »

« Tranquille j'passais un appel, mais les gars arrivent avec Alice »

Hugo, Arthur et sa copine Alice arrivèrent. Le reste de la soirée se passa plutôt tranquillement, on avait plutôt bien rigolé, entre les conneries d'Hakim et d'Arthur. J'avais aussi remarqué que Maëlle connaissait bien Hugo, et qu'ils avaient l'air d'être assez proche, mais j'me disais là aussi que cela ne me regardait pas. Tout le monde ne repartit par tard comme nous avions tous cours le lendemain, et le soir, j'avais enfin un appel skype de Camille.

« Ahhh mon bichon !!! » criait Camille

« Alors Barcelone ? Paye tes nouvelles hein»

Ah bordel qu'est ce ça me faisait chier de savoir mes meilleurs potes à Barcelone, Antoine draguer les Espagnoles, Camille manger des tapas matin midi soir, bordel j'avais vraiment été trop con. Mais je voulais n'en vouloir qu'à moi-même et puis j'essayais de me dire que je n'étais pas seul ici. Il y avait Hakim. Et Maëlle maintenant.

Les jours passaient et on se rapprochait de plus en plus sans même que je m'en rende vraiment compte. C'était un petit message le matin pour lui dire de bouger son gros cul et de venir me voir à la fac ou alors racheter un stock d'oréo et lui dire de venir en manger avec moi. En l'espace de même pas un mois Maëlle était devenu un vrai bout de mon quotidien sans que je m'en aperçoive. Pour moi, c'était juste la même relation que j'avais avec Camille ; juste pote, sans aucun quiproquo, enfin c'est ce que je croyais.

Père avant l'heure Où les histoires vivent. Découvrez maintenant