11 : "Enceinte"

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Vendredi 2 Juin

Parfait. C'est niais mais c'est ainsi que se passèrent les six prochains mois. Alors que j'avais passé Noël seul, Maëlle était rentré plus tôt que prévu afin de me faire la surprise et de fêter nouvel an avec tous nos amis. Ces derniers n'étaient pas étonnés de nous voir officiellement ensemble et nous avions démarré cette nouvelle année sans imaginer une seule seconde ce que celle-ci nous réservait.

Ce début d'année s'était déroulé sans embûche. Maëlle et moi étions toujours aussi bien ensemble, on se disputait parfois, comme beaucoup d'autres mais je crois que nous étions réellement amoureux. La seule ombre au tableau pour moi était que Maëlle ai été accepté dans une grande école en Suisse pour devenir hôtesse de l'air, son rêve de toujours. J'étais content pour elle mais je savais que cela viendrait nuire à notre relation, peut-être même à la détruire, mais elle comme moi n'en parlions presque jamais : on était jeune, alors on se contentait de se dire « on verra ».

Puis un jour tout bascula. Ce jour.

Nous étions en juin, nous venions à peine de terminer nos derniers partiels, il était clair que Maëlle allait obtenir sa licence d'économie haut la main, quand à ma licence de droit...je sentais déjà l'échec arriver. J'avais réussi à me traîner jusqu'en troisième année de licence, mais là, j'explosais dans cette filière qui ne me correspondait plus.

C'était d'ailleurs l'un de nos sujets de discordes avec Maëlle. Elle était intelligente, talentueuse et ambitieuse. Je n'étais pas comme elle, je voyais davantage la vie au jour le jour et je n'aimais pas me projeter. Elle avait de véritables projets, je n'en avais pas un seul. Elle me disait de la rejoindre en Suisse mais je n'en aurais pas eu les moyens. Après l'été, Maëlle allait partir continuer ses études là-bas. Elle avait raison, elle le méritait, elle devait le faire. Mais pour être honnête je sentais aussi la fin arriver, je ne croyais pas à la relation à distance et je savais qu'au-delà des sentiments qu'on éprouvait l'un pour l'autre, nos différences allaient inévitablement finir par nous rattraper.

Ces temps-ci Maëlle était vraiment fatiguée. La veille, nous étions sorti en ville avec des amis pour fêter la fin des exams et elle avait dormit chez moi.

« J'ai la tête qui tourne et j'ai trop mal dans le bas du ventre, je suis vraiment à plat » disait-elle encore allongé dans mon lit alors que j'me versais une tasse de café.

« Fallait pas boire hier miss coincé » malgré les mois qui avaient passés, je continuais de la surnommer ainsi.

« J'ai bu deux verres Sam, ça n'a rien à voir »

« Tu veux un aspirine ? T'es crevé toi en ce moment »

Elle acquiesça. Maëlle se leva, vêtu de son short de pyjama et d'un léger débardeur alors que j'me faisais un café quelques mètres plus loin. J'eus à peine le temps de poser mes yeux sur elle, qu'elle flancha, net, et tomba à terre, se claquant violemment la tête contre le sol. Mon cœur fit un bon. Putain. Qu'est-ce qu'elle avait ?

« Maëlle ?? » criais-je en m'approchant d'elle, « Maëlle, réponds moi putain ». J'étais incapable de déterminer combien de temps sa perte de connaissance avait duré, ce n'était pas un simple petit malaise, elle avait réellement perdue connaissance durant plusieurs minutes. Elle était là, au sol, j'essayais de lui parler, de la faire réagir. Mais rien. Ces longues secondes de calme avaient trop duré, j'attrapai mon téléphone quelques mètres plus loin et pris la décision d'appeler les pompiers.

Un total de bien trois ou quatre minutes s'étaient alors écoulés lorsque Maëlle repris légèrement connaissance. Elle ouvre alors doucement les yeux, la tête pâle et le corps tout en sueur ; puis me murmure un « ça va » toujours niché au sol, à deux pas du lit où elle est tombée.

Père avant l'heure Où les histoires vivent. Découvrez maintenant