Part I

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Dans les rues sombres d'un Chicago qui se préparait lentement à laisser place à ses occupants nocturnes, qui soit enchaînait leur deuxième boulot pour subvenir aux besoins d'une famille dans la détresse soit se préparait pour faire la fête toute la nuit, ingurgitant toutes sortes de liquides enivrant, juste pour se sentir vivre, juste pour prouver qu'eux aussi, pouvaient le faire. Lui, il se contentait de rentrer chez lui, mains dans les poches, bonnet vissé sur la tête, le regard baissé sur le trottoir. Ses pensées partaient dans tous les sens, comme à chaque fois qu'il revenait de son cours de danse. Quoique ce n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un cours de danse, puisqu'il s'agissait plus d'un affrontement entres potes, dans le parc de la ville, de la danse de rue, du hip-hop. C'était à peu près tout ce qui rythmait sa vie. L'école, c'était important ouais, mais c'était pas pour Ian. Non, lui il voulait vivre de sa passion, comme beaucoup, et évidemment, les parents ne suivaient pas. « Tu feras médecine, sans discuter ! C'est le moins que tu puisses faire après tout ce qu'on a toujours fait pour toi, tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ! » Ouais mais il s'en foutait de l'argent lui, il s'en foutait d'avoir un ordinateur à 2000$ ou un téléphone qui coûtait la moitié du prix. Il demandait pas autant. Il savait que l'argent ça ne tombait pas du ciel, et que ses parents avaient travailler dur pour obtenir tout ce qu'ils avaient aujourd'hui. Tout cela l'exaspérait, et comment s'épanouir quand personne n'arrivait à comprendre ? Le sourire scotché sur son visage s'estompa à la seconde où il passa les barrières de son immense maison. Il se mordit la lèvre puis remonta la longue allée qui menait jusqu'à une fontaine, puis à quelques mètres de là se trouvait la porte d'entrée. Une pression énorme s'installa sur ses épaules une fois qu'il l'eut franchi. Il salua l'une des employées de ses parents qui avait la charge de la maison et de sa propreté. Il lui fit un petit signe de la main tout en se dirigeant vers la salle à manger, il rentrait un peu en retard pour le souper, mais bon, c'était pas grave. Avant qu'il n'entre dans la pièce, la domestique lui fit signe d'enlever son bonnet. Il fit la moue et hésita avant de finalement l'enlever, laissant place à une touffe de cheveux noir, bouclées. Il passa sa main dedans histoire de les arranger un peu, avant de faire un pas en enfer.

- Ce serait trop te demander d'être à l'heure ? Son père ne releva même pas le regard de sa soupe, tout en s'adressant à son fils qui venait s'installer à table pendant qu'on lui apportait son assiette.

- Désolé. Ian haussa les épaules en remerciant le chef cuisinier, prêt à pouvoir manger. Il attrapa sa cuillère et la plongea dans son assiette avant qu'il ne voie Willa, la gouvernante, lui intimer discrètement de prendre la serviette et de la mettre sur ses jambes. Il la scruta quelques secondes sans comprendre, puis reposa sa cuillère en attrapant le tissu et ainsi le déplier sur lui. Il lui fit un clin d'œil pour la remercier avant de reprendre là où il en était.

- Ta mère et moi t'avons obtenu une recommandation de l'un des doyens de Stanford. Tu iras te présenter la semaine prochaine. Tâche de faire bonne impression. Le ton qu'employait son paternel était sec, froid, distant. Il n'avait toujours pas lever les yeux de son assiette, signe que la présence de son fils l'indifférait totalement. Il fronça les sourcils, relevant la tête, entrouvrit la bouche, complètement offusqué par ce qu'il venait d'entendre.

- Vous avez fait quoi ? Il demanda qu'on lui répète, ça semblait irréel. Il jeta un coup d'œil vers sa mère, en se demandant pourquoi elle l'aurait trahi de la sorte. Elle leva alors ses mains en signe de défense, signe que c'était son père qui avait tout organisé. Ils avaient pourtant eu maintes et maintes conversations afin qu'ils puissent comprendre que Ian ne voulait pas faire médecine.

- Tu as très bien entendu. Pas la peine de vouloir négocier, tu n'as pas le choix, Ian.

L'intéressé serra à la fois sa mâchoire et sa cuillère dans sa main. Soudainement, il n'avait plus faim. Comment son père pouvait l'envoyer à l'autre bout du pays sans même lui demander son avis ? Ça lui alla trop loin. Il reposa violemment son couvert sur la table puis recula bruyamment sa chaise. Sa mère sursauta d'ailleurs et posa sa main sur le bras de son fils pour essayer de le calmer, mais rien n'y fait. Le geste ne fit que l'énerver davantage.

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