Chapitre 4 : Habitude [o]

333 45 3
                                    

6h00 du matin, toujours dans notre classe à mourir à petit feu de faim et de soif. Le clown se porte bien lui, il se sent bien. Certains dorment à cette heure-ci, d'autres restent éveillés pour surveiller les faits et gestes de ce clown, j'en fais partie. Dehors, il fait toujours sombre, il pleut encore, nous nous croirions dans un film. Les gouttes qui tombent depuis plus d'une journée, ne cessent. J'enfouis ma tête dans mes bras croisés sur le banc, péniblement, pensant que cela recommencera, encore et encore, jusqu'à exterminer la moindre chair humaine se trouvant dans cette classe.

Un son provenant de l'écran se déclencha, c'est repartit, le massacre recommencera. Les personnes étant endormis se réveillent directement après avoir entendu le premier mot de notre chère voix off.

« - Bonjour jeunes élèves ! Comment allez-vous ? Bien dormi ? Trop de questions dès le matin, que cela est agaçant ! Donc pour bien commencer la journée, vous méritez une surprise ! »

Une trappe s'ouvrit sous la chaise de Romeo, le faisant tomber dans une pièce qu'il nous montra sur l'écran.

« - Bien aujourd'hui c'est Romeo ! Romeo mourra par sa plus grande peur, le feu ! Eh bien mon petit Romeo ? Tu as peur du feu ? Mmmh... Tu sais bien ce qu'il t'arrivera ! Allumons la chandelle ! Célébrons avec joie ce sacrifice ! »

Sans un mot de plus, des flammes s'allumèrent sous les pieds de Romeo, il criait tellement, il souffrait tellement. Nous ne pouvions pas nous échapper, c'est fini, le pourcentage de chance de sortir d'ici vivant était tombé à 2. Le corps de Romeo fondait, il dégoulinait comme du fromage chaud sur la chaise tout comme celle-ci, qui avait pris feu. Chose terminée, la voix off reprit son jeu.

« - Alors, je me demande qu'est-ce que je pourrai bien vous faire ? Oh ! S'exclama-t-il, j'ai une idée ! Qui aime les crêpes ici ? »

Personne ne lui répondit, pas un seul son ne s'est propagé pendant ce court instant.

« - Aller ! Vous devez aimer les crêpes ! C'est délicieux ! La patte bien cuite au gout sucré vous fond dans la bouche ! Tout comme l'ingrédient que vous rajoutez avec. M'enfin soit, arrêtons de parler d'amuse-gueules et occupons nous de cette magnifique compétition contre la mort ! »

Vous y êtes normalement habitués, comme nous tous d'ailleurs, la lumière se résigna à s'éteindre puis reprit de sa splendeur quelques secondes après. Le paysage se trouvant sur l'écran n'est plus la même, il n'affiche plus cette salle blanche teinté parfois de rouge. Cette fois-ci c'est filmé de haut, une caméra était suspendue dans les airs, montrant en détaillant la chute de 15 mètre que James venait de se prendre. Il était sur une chaise, en pleine air, il n'y a pas de logique pour qu'il se retrouve dans les airs, aucune, il n'a même pas respecté Newton, ni même la gravité, mais la chose la plus illogique ici c'est ce qu'il se passe maintenant, pas ça. Bref, il tomba et s'écrasa comme une crêpe au sol. Je n'en mangerai plus jamais de ma vie, plus jamais...

Sur cette scène, personne ne cria ou pleura de culpabilité, nous étions habitués, bien trop, rendant nos pensées aussi négatifs que nos visages les plus inexpressifs. La voix off le remarqua.

« - C'est quoi ça ? Où sont partis les cris de peur et de douleurs ? Vous trouvez ça barbant ? Ou peut-être que les images se trouvant sur l'écran ne sont pas assez colorés ? Je vous aimais bien hier, vous étiez pessimistes et tout se passait bien, aujourd'hui vous êtes tellement désespérés que vous vous en contre-fichez tous. Cela est impardonnable ! De l'irrespect total ! La punition sera bien plus sévère que ce qui vient de suivre, vous allez en baver, du sens propre, au figuré. »

Un frisson me parcourut la colonne vertébrale comme de l'électricité qui revient vers son moteur.

La voix off reprit son souffle et redevint le même qu'avant, l'attardé mental qui rit des peurs des autres.

« - Nous allons jouer à un jeu maintenant, nous allons choisir la prochaine victime avec la célèbre comptine pour enfant ! Vous savez, quand j'étais jeune, j'aimais choisir mes animaux avec cette fameuse comptine que mes parents m'avaient apprit avant leur smorts, ah... Que des souvenirs. »

Pendant qu'il chantait la célèbre comptine "Les Pis-pispotes des carottes", l'écran montrait nos visages, chacun notre tour pour enfin tomber sur quelqu'un.

« - un, deux, trois. »

La malheureuse personne qui allait goûter à la mort était...

« - Kid ! S'exclama-t-il, à ton tour ! »

La lumière exauça le souhait de la voix off et se rallumèrent, le clown avait bougé, il était devant lui... Pas seul, il était accompagné... De nains... Il ne manquait plus que ça, rajouter d'autres personnages de films terrifiants afin que nous faisons une crise avant même d'avoir pu obtenir une mort "convenable".

Kid était choqué, surpris, la bouche grande ouverte et les yeux remplis de terreur face à ceux-ci. Les nains commencèrent à sauter sur lui, lui déchirer la peau avec leurs longues griffes. Je tremblais, c'était la première fois que je vois un meurtre en face de moi, depuis hier il nous les montrait à travers un écran, et c'est maintenant qu'il se décide à changer ses habitudes. C'est la punition, c'est ce qu'il avait dit, cela devait être plus sévère.

« - LÂCHEZ-MOI ! » Cria Kid.

Il se débattait de toute ses forces mais les nains n'étaient pas seuls, ils étaient une dizaine, que faire face à sa plus grande peur ? Il faut tout simplement abandonner, aucune chance de les vaincre... Le cadavre bougeait encore avec des petites impulsions transmises par le cerveau, puis il s'arrêta, sa langue avait fuit de sa bouche en se posant sur sa lèvre inférieure, ses yeux étaient arrachés, ils se faisaient lécher par les nains affamés. Par pitié... faites que quelqu'un nous retrouve...

Massacre à l'écoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant