Huitième Lettre

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« Les roses sont mortes,

Les violettes pleurent,

Je suis à l'hôpital,

Ils disent que je meurs. »

Mon coeur se déchire quand je lis ça. Je n'avais pas le droit de lire ces lettres avant son admission à temps complet à l'hôpital. C'était moi qui était chargée de les cacher, il ne voulait pas les perdre.

Ce sont ses souvenirs, mes souvenirs, nos souvenirs.
Ce sont, les souvenirs d'une vie.

Le 20 juin 2016, Seif a quitté la vie d'ici-bas pour commencer celle dans l'au-delà.

Seif s'est endormi après m'avoir retrouvé, mais ne s'est jamais réveillé.

Seif a souffert de troubles du comportements, pertes de mémoires, pertes de fonctions cognitives et physiques.

Seif nous a quitté avant d'atteindre le dernier stade de la maladie, l'ultime souffrance, celle de ne plus pouvoir parler, écrire, manger, voire même penser.

J'ai tenue ma promesse, je suis restée près de lui, je n'ai cessée de l'aimer, un peu plus chaque jour, même si il ne le voyait pas, je sens qu'au fond de moi, il était heureux.

J'ai rassemblée ses vêtements, nos photos, ses lettres et j'ai quittée la chambre d'hôpital.

Je suis rassurée d'un côté de savoir que Seif n'a pas eu une mort douloureuse, et que je suis son dernier souvenir, que la dernière voix qu'il a entendu fut la mienne, qu'il a eu des nouvelles de ses enfants.

Il était fier de moi.

Je l'aime encore.

J'ai dédiée corps et âme à celui de j'aime, j'ai, pendant 5 ans, accompagnée celui que j'aime dans la maladie.

Je le connaissais par coeur, j'ai découvert toute ses facettes.

Maintenant, c'est à lui de m'attendre. Il doit attendre que je le rejoigne.
On vivra une vie meilleure, j'en suis certaine.

Cela peut paraître égoïste mais, j'ai vraiment hâte de mourrir.
Cela peut paraître méchant, mais je suis heureuse qu'il soit parti.
Un poids en moins sur mes épaules, c'était si lourd que j'avais l'impression de m'étouffer.
J'ai mis ma vie en suspend pour celui que j'aime. Et si cela était à refaire, je le referait, sans hésiter.

Depuis, je dors mieux, respire mieux, réponds au téléphone sereinement.
Car je sais qu'il est entre de bonnes mains, et que maintenant je n'ai plus rien à craindre.
Je n'ai plus cette peur d'apprendre sa mort, de savoir qu'il souffre.

Mais à la fois, un vide se crée en moi. Au niveau de mon coeur, il y a un énorme trou.
Un trou noir, profond.
Un manque horrible, pesant, lourd.
Je n'ai plus peur pour lui, mais peur pour moi.
Je n'arrive plus à vivre normalement, ces 5 dernières années ne tournait qu'autour de lui, c'était mon seul repère.

Revenir chez moi, chez nous, était trop douloureux. Je le voyais partout, il était partout.
On ne réalise pas à quel point on aime quelqu'un, on se sait qu'on l'aime beaucoup, mais quand cette personne n'est plus là, c'est tout autre chose.

J'avance dans le couloir en regardant nos photos, ces petits cafés que l'on prenait, notre mariage, nos vacances, la naissance des enfants, notre quotidien. Je parcourais notre vie.
En réalité j'ai commencée à vivre qu'en étant avec lui. Que vais je faire sans lui?

5 ans plutôt, hôpital.
" - J'ai le regret de vous annoncer monsieur que les IRM ont montrés des anomalies, avez vous récemment remarquer des étourderies au près de votre mari ?

Seif restait silencieux.

- A vrai dire, non. Il fait du sport, mange équilibré, ne fume pas et ne bois pas.

Seif était toujours silencieux.

- Je ne suis pas sûr mais il est possible qu'il s'agisse d'un cas d'Alzheimer précoce, c'est rare mais tout -
- J'ai oubliée où j'avais garé la voiture ce matin, alors qu'elle est tout le temps à la même place. J'ai cherché 20 minutes coupe Seif d'un air neutre.

J' attrape sa main pour le rassurer. Il est en étant de choc.

- Je voudrais faire des examens plus poussés. Je dois quand même vous dire qu'il n'y a pas encore de traitement, ce qui vous attends sera long et douloureux. Vous pouvez bénéficer d'une aide psychologie monsieur.
- Je n'en ai pas besoin. Ahlam est tout ce dont j'ai besoin.
- Je suis là. Toujours.

Le médecin se lève prenant un air triste.
Je regarde Seif et lui dit :
- Al hamdulliLAH 3ala kouli 7al.
Il sourit. Je l'aime.
- Al HamdulliLAH.

Voilà c'est la fin de "Souvenirs d'une vie", j'espère vous avez aimer partager une partie du quotidien de Ahlam. La maladie d'Alzheimer touche 1 homme sur 8 et 1 femme sur 5. Au jour d'aujourd'hui il n'existe toujours pas de traitements.
Si vous le souhaitez, je peux faire 3 suites supplémentaires avec le point de vue de chaque enfant, n'hésitez pas à m'envoyer un message ou le laisser en commentaires.
Je vous remercie de m'avoir lue jusqu'au bout.

N'hésitez pas à aller voir mon autre histoire "Au Clair de Lune" qui est déjà en ligne !

Les souvenirs d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant