Troisième Lettre

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« Ahlam,

Je me sens faiblir, je me sens nul. Parce que quand tu me parles, parfois je n'ai aucune idée de ce que tu me racontes, mais je souris. Je sais que ça te fait plaisir.
Parfois je regardes nos photos, je ne sais plus quand cela s'est passé, mais je sais juste que j'étais heureux.

Je vieillis a tes côtés, et c'est tout ce qui m'importe.

Ahlam, je t'aime. J'ai peur de ne pas te le dire assez, j'ai peur que tu l'oublies. Enfin, j'ai plus l'impression de me le rappeler.

J'ai étudié les stades de la malade d'Alzheimer, je suis dans les premiers stades, parce que après, je vais nier être malade. Je vais devenir mauvais avec toi.
Pardon, pardon mille fois.
J'étais censée aller voir le médecin, j'ai un peu honte, mais j'ai oublié d'y aller alors que tu m'avais prévenue le matin même avant de d'aller nous acheter de quoi manger.
A ton retour, je t'ai dis que oui, j'y étais aller, parce que j'avais peur que tu t'éloignes de moi, que tu te rends compte que mon cas s'aggrave, et qu'il fallait fuir avant de te retrouver coincée avec moi.
Mais rassure toi, je me souviens l'avoir appelé.

Ne m'abandonne pas même quand je n'aurais plus aucuns souvenirs... s'il te plait ma Ahlam.

Seif, qui t'aime, encore, et encore. »

Je replis la lettre en souriant, mon mari est un enfant de 5 ans qui a peur qu'on lui donne pas sa part de gâteau! riais-je au fond de moi.
J'ai lu cette lettre je ne sais combien de fois, mais je m'en lasse pas. Dans cette lettre, je vois toute la vulnérabilité.

Je lis cette lettre a chaque fois que j'ai besoin de me rappeler qu'il m'aime.
Je range la lettre et tourne la tête vers Seif, qui me questionne du regard :

" - Que lisez vous ?

- Des lettres écrites par mon mari

- Avez vous une photo ?

- Oui oui, bien sur."

Je pris une photo que je gardais dans mon sac, on étaient plus jeunes, c'était le jour de notre mariage, Seif me tenait la main en courant, riant aux éclats avec mon bouquet a la main, et je riais aussi, car j'avais peur de tomber avec ma robe. C'était ma photo préférée. Je lui tends, il la prend puis me regarde dans les yeux :

" - J'étais heureux et amoureux  dit-il en souriant.

Quand il a prononcer ses mots en me regardant dans les yeux, j'ai senti les larmes montées. Il savait que c'était lui sur cette photo, mais c'est comme si il ne me reconnaissais pas.

J'ai ranger la photo, j'avais peur, peur de le brusquer et qui ne souhaite plus me voir.

"- Je m'appel comment ?

- Tu es Seif dis-je en souriant et essuyant la petite larme qui allait se mettre a couler

- Ah.. Seif.."

23 ans plutôt, à Paris

« - Ahlam!! Dépêche toi on va être en retard !

- Oui j'arrive, j'arrive.. dis-je un peu agacée en ajustant l'épingle de mon voile

- Je sais que tu n'as pas envie d'y aller mais, il le faut ajoute-t-il me prenant les épaules

- Je suis prête. »

On étaient en route pour l'hôpital, je déteste ça, j'avais des crampes aux mollets très régulièrement, parfois cela m'empêcher même de marcher. Seif avait peur, parfois il me traitée comme une enfant, ce qui m'agacée un peu.

« - Combien buvez vous par jour Madame?

- Environ - je me fis couper brusquement par Seif -

- Elle boit rien! Elle peut rester 3 jours sans boire aussi, j'arrête pas de lui dire!

- Je vois.. Il faut qu'elle songe à boire plus souvent, maintenant que vous êtes responsable de 2 vies souris le médecin

- Non docteur, elle est responsable d'elle même, j'ai juste peur pour elle dit Seif

- Non monsieur, votre femme est enceinte lança le médecin d'un air joyeux. »

Aucune réactions sur nos deux visages pendant peut être une trentaine de secondes. Puis d'un coup, Seif hurle de joie, je ne peux m'empêche de pleurer. C'était si inattendu, certes on parlait du faire d'avoir des enfants vu qu'on est mariés depuis 2 ans, mais rien de concret. Le savoir heureux me rendait heureuse.

Son sourire est ma drogue, je planais quand je le voyais, je comprenais pourquoi les gens se piquaient. C'est le même effet.

Les souvenirs d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant