Fût un temps où, Adelheid Wittmann, n'était pas la personne crainte qu'elle est aujourd'hui dans cet asile. En ces temps, elle était une simple fille, dans un village perdu. Et un village qui subissait depuis un moment une vague de disparitions, ça inquiétait sérieusement surtout qu'on ne retrouvait pas forcément les corps, ni même de trace des disparut. Au cours de l'année 1953, quatre personnes avaient disparues, et on n'en avait retrouvée qu'une, visiblement écorchée vive. Tout le monde dans le village allemand avait peur, aussi bien pour leur famille que leur propre vie. Tout le monde sauf Adelheid qui trouvait ça plutôt fascinant, voire même intéressant. Ça n'avait pas alerté plus que ça ses parents, et pourtant, c'était à cet instant qu'il auraient dût se douter que leur fille n'était pas comme les autres. Mais qui remarquerait que ses enfants vont mal et se tournent vers le diable, alors qu'ils ne les ont même pas vu grandir tant ils étaient prit par leurs travaux, leurs activités, leurs vies tout simplement. Pas grand monde certainement, et puis finalement les gens d'ici et de là ne la trouvaient pas si étrange que ça, après tout, quand on voyait le reste de sa famille, c'était surtout de la pitié qu'on lui accordait.
Alors, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, personne ne lui disait rien, toute l'attention était rivée vers sa soeur, Heidi. Le portrait craché de sa mère avec la même couleur de cheveux que son père, qu'est-ce qu'elle était jolie, oh oui qu'elle l'était. Mais elle était surtout le centre de l'attention pour son intelligence, et sa bonté, mais elle était quoi Adelheid elle ? Rien, une moins que rien qu'on rabaissait plus bas que terre que l'occasion était là, et tout le monde s'y donnait à coeur joie dans la famille, les voisins et les amis. À côté d'elle, Adelheid n'était qu'une sorte de vilain petit canard, mais contrairement à la fabuleuse histoire où le vilain caneton devenait un majestueux cygne sous les yeux ébahis de tous, Adelheid devenait la terreur, celle que très bientôt, les gens regarderaient se faire arrêter, les mains en sang à scander qu'elle n'avait rien fait alors que tout était preuve du contraire, tout était contre elle.
"-Vous êtes bien certain de ce que vous avancez là, monsieur Tchekowski ?"
Et voilà que Roman sortait de ses brèves pensées, dans lesquelles il se remémorait la première fois qu'il avait eut le privilège de lire les pages bien chargées du dossier de l'Ange de la Mort. Et puis, il regardait alors la vieille femme habillée de noir comme si elle allait à un enterrement, et acquiesça.
"-Oui, je pense que la patiente Wittmann puisse de nouveau avoir accès aux jardins en ma compagnie bien entendu je me porte garant d'elle si jamais quelque chose arrive, je sais que je suis le seul à pouvoir l'accompagner dans n'importe quel lieu."
Et il avait bien raison, seulement pour la partie où il affirmait être le seul à pouvoir l'accompagner. Parce que le reste, c'était que du mensonge pur, c'était la blonde elle même qui lui avait demandé de se débrouiller pour qu'elle puisse de nouveau aller dehors, même une dizaine de minutes, elle ne supportait plus vraiment d'être enfermée en permanence, ça la torturait bien plus qu'autre chose. Et évidemment, bonne poire qu'il était, le Russe n'avait pas dit non. C'était pour ça, qu'il était assit face à la directrice de l'asile, qui tirait une tête assez perplexe il fallait le dire, mais il essayait tant bien que mal d'être convaincant, il savait que ça ferait grandement plaisir à Adelheid. Mais il était aussi surtout conscient de ce qui allait se passer, et qu'encore une fois il allait devoir gérer ça au mieux, et pour lui, c'était pas aussi facile que ça en avait l'air d'avoir tout ça sur la conscience, c'était le genre de chose qui rongeait un peu plus chaque jour, sans qu'on puisse vraiment y faire quelque chose, mais il avait accepté. Il avait soutenu Adelheid dans cette vie, il savait que ça pouvait lui faire du bien de continuer ses petites activités sombres, mais tout en restant assez encadrée. Il ne pouvait pas non plus la laisser sans surveillance, alors il devait assister à pas mal d'horreur, parfois c'était trop pour lui, il fermait ses yeux et se contentait d'écouter les pas de la blonde et puis son souffle qui s'accentuait à chaque fois que quelque chose lui plaisait de plus en plus.
Roman prit donc congé et sortait retrouver les couloirs sinistres de l'asile, il devait retrouver Adelheid maintenant, et lui annoncer cette bonne nouvelle. Le problème, c'était qu'elle pouvait désormais être n'importe où, soit dans sa chambre, soit en train de reluquer des patients tout en sachant très bien ce qu'elle allait faire d'eux. Roman devait réfléchir, et bien vite, pour ne pas risquer que tout ce qu'ils cachaient soit compromit à cause de son inadvertance envers elle. Et puis finalement, il savait où elle était, elle était toujours là. Dans la salle commune, dans le fauteuil le plus éloigné des autres, c'était là sa place quand elle était seule. Sans personne pour lui dire quoi faire ni la surveiller. Alors, ni une ni deux, il pressa le pas pour aller vérifier si ses pensées étaient vraies, et en entrant dans la pièce, il soupira. C'était pas un soupir de déception bien au contraire, il était plutôt content et rassuré de la voir là juste devant lui.
Adelheid fronça les sourcils en voyant Tchekowski, il avait l'air essoufflé comme si il avait courut pour venir jusque là. Ce qui en soi, lui paraissait carrément ridicule, puisque les patients ne pouvaient pas s'échapper de là comme ça. Et puis, elle ne chercha pas de toute manière à comprendre, ça ne l'intéressait pas plus que ça, il fallait dire qu'Adelheid préférait de loin être seule que de devoir faire la discussion avec des gens alors que ça ne l'intéressait strictement pas, dans de nombreux points. Mais quand elle vit que le Russe s'approchait alors vers elle, elle comprit que il avait accourut pour lui dire quelque chose. Il remit sa blouse blanche correctement, même si il savait très bien que la blonde détestait catégoriquement cette blouse, et puis il lui fit face et s'abaissa à son niveau pour chuchoter, d'un accent russe très prononcé. C'était leur manière de communiquer à eux pour être certains que personnes ne puisse les comprendre.
"-Tu vas pouvoir accéder de nouveau aux jardins, mais pas sans ma présence, ne l'oublie pas."
Adelheid ne répliqua pas, et se contenta de simplement hocher la tête. Elle parlait très peu et seulement quand c'était nécessaire avec Roman, elle avait conscience de ce qu'il risquait à être si proche d'elle, et aussi à l'aider comme il le fait. Alors, elle se leva, et glissa très subtilement un bout de papier dans la main de Tchekowski. Et ça, il savait très bien ce que ça voulait dire. La blonde voulait s'amuser, elle voulait ce qu'elle avait attendue depuis presque une semaine. Elle sortit alors de la pièce, et disparaissait dans le couloir, alors que Roman dépliait le petit papier et y découvrait un numéro. Le numéro de la chambre d'un patient, du premier étage, qui ne faisait pas bien de mal, il souffrait juste de quelques pulsions un peu trop directes certainement au goût d'Adelheid. L'infirmier rangea le papier dans sa poche et se dirigeait à son tour dans les couloirs, pour aller chercher celui qui rendrait un dernier souffle dans la nuit. Dans le fond, il savait très bien qu'il ne devrait pas faire ça, c'était mal, et ça le mènerait tout droit à l'Enfer, mais au moins, il se sentait important pour quelqu'un, même si Adelheid n'était franchement pas le genre de personne avec qui on pouvait espérer une compagnie plaisante.
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Hangerschefer Asylum
RandomAllemagne, 1956. La plupart des gens sont effrayés par des tas de choses, notamment la mort, surtout quelques années après une grande guerre qui a divisé le pays. Mais que faire des gens qui n'avaient pas de limites, et qui n'aient peur de rien ? Mê...