La blonde.

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La salle commune d'Hangerschefer était calme, comme si tout allait bien, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'était que ce calme serait de courte durée malheureusement. La blonde observait autour d'elle, de qui elle pourrait se servir. Mais le problème restait encore le même, Tchekowski était là, un oeil sur la blonde pendant que son collègue s'occupait des autres fous. Adelheid savait qu'elle ne pourrait passe débarrasser de lui facilement et que son allié ne pouvait pas faire grand chose, et alors qu'elle essayait de réfléchir à une solution, elle fut sortie de ses pensées d'une manière des plus désagréable. Le garçon, ce nouveau. Il venait tout juste de lui hurler dans les oreilles pour obtenir son attention. La blonde tourna alors avec lenteur sa tête vers le jeune homme, et elle ne disait rien, mais son regard en disait bien long, c'était très simple de lire dans ses yeux à quel point sur l'instant elle mourrait d'envie de lui briser d'un bon coup sec le cou. Mais évidemment, elle ne pouvait pas le faire ou du moins pas maintenant.

Le brun voulait discuter avec elle, il voulait savoir son nom et aussi pourquoi elle était si éloignée des autres ici. Ça l'intéressait, Markus a toujours été quelqu'un de curieux, c'était naturel pour lui de se renseigner sur les gens qui l'entouraient. C'était particulièrement pénible, ces gens comme lui qui insistaient, vous savez. Et Adelheid n'était pas du genre à répondre aux attentes, c'était bien pour ça que personne ne lui parlait, ça la rendait encore plus mystérieuse et tout aussi dangereuse.

"-Je voudrais juste savoir ton nom, et aussi pourquoi tout le monde te regarde comme une bête de foire." demandait le jeune homme tout en continuant de fixer cette jeune fille qui ne bougeait pas d'un cil.

Mais soudainement, le visage de l'allemande se figea, encore plus qu'il ne l'était déjà. Bête de foire, c'était ce qu'elle était et elle le savait, c'était même pas la première fois qu'on lui disait cela. La grande majorité des gens ici ne la regardaient jamais, même pas dans les yeux ô grand Dieu jamais, certains baissaient même la tête rien qu'à l'entente de son nom ou même du numéro de sa chambre. C'était particulier pour certains, et fort banal pour d'autres, mais tous étaient d'accord sur ce point, Wittmann était une bête de foire, une personne ignoble et inhumaine à cause de ses actes.

"-Adelheid Wittmann. Numéro 66. Ou Ange de la mort comme certains disent, à toi de voir quel nom te plait le plus, ça m'importe très peu." Répondit la blonde d'un ton neutre, comme si elle répétait ces quelques mots en permanence.

Ce numéro qui lui collait à la peau, c'était celui de sa chambre, celle qu'on disait être maudite car elle n'avait abrité que des personnes très dérangés et bien plus violents que les petits rigolos des deux autres étages. Mais pourquoi laisser sortir la blonde ? Elle était la seule du troisième étage, le couloir des âmes perdues, à pouvoir se balader librement entre les murs de l'asile, sur bonne conduite et suivie par Tchekowski. Mais parfois, et même bien plus souvent qu'on ne le pense, Adelheid n'avait pas la conduite des autres, loin de là, quand elle sortait de sa chambre ce n'était jamais par hasard bien au contraire, la blonde cherchait déjà sur qui elle allait bien pouvoir jeter son dévolu. C'était toujours la même chose avec la blonde, d'abord, elle se baladait dans les couloirs, ça pouvait durer plusieurs jours comme ça, jusqu'à ce qu'elle trouve la bonne personne à vrai dire. Et ça prenait du temps, c'était tout un travail ça aussi, on ne pouvait pas choisir quelqu'un au hasard, elle choisissait comme si elle faisait son marché, il fallait quelqu'un de pas très évolué mentalement, un peu simplet, et puis surtout quelqu'un qui n'hésiterait pas à lui faire confiance dès les premiers mots qu'elle décrocherait. Autant dire que c'était un peu peine perdue, ici, tout le monde savait qu'il valait mieux l'éviter, et non pas s'amuser à être dans ses pattes, tout le monde à l'exception des petits nouveaux. Non seulement ils ne connaissaient pas l'environnement dans lequel ils allaient être cloitrés pendant une bonne partie de leur vie, et en plus ils ne connaissaient personne. Et en général, les fous ne s'aident pas vraiment à Hangerschefer, c'est chacun pour sa peau. Ainsi, la jeune blonde était non seulement toujours au courant de l'arrivée de petites nouveaux, mais aussi savait très bien comment se les approprié très rapidement. Personne n'osait jamais se mettre dans son chemin, la majorité des gens avaient peur d'elle, hormis Tchekowski qui lui n'avait aucun problème à lui parler, lui faire la morale, ou être enfermé dans une pièce avec elle plus d'une heure et en ressortir indemne. C'était le seul, et personne dans l'asile ne comprenait comme c'était possible, qu'est ce qu'il avait de plus que les autres ? Est-ce qu'il s'amusait avec elle ? Est-ce qu'il la mettait en permanence sous tranquillisant pour ne pas se faire écorcher vif ? Lui seul avait le secret, le secret qui menait au calme de la blonde sans que jamais elle ne lui saute à la gorge comme un chien enragé. C'était pourtant simple, c'était même marqué dans son dossier comme étant un trouble, alors qu'en réalité c'était le seul moyen de la calmer, de la garder sur cette terre avec toute sa conscience. Il suffisait de chanter, en allemand certes, mais c'était une chanson assez connue dans le pays, de l'Est à l'Ouest, du Nord au Sud, c'était une chanson fredonnée par tout un peuple et même plus encore, on pouvait l'entendre dans tout l'Est de l'Europe et jusqu'en Russie même et c'était pour ça, que Roman Tchekowski la connaissait. Mais il se gardait bien de le raconter à tout le monde, il voulait garder ça pour lui, il avait l'impression d'avoir une certaine importance en étant le seul à pouvoir être avec l'allemande ainsi, c'est sûr qu'elle n'en était pas pour autant amicale avec lui mais il savait très bien que si il était dans le pétrin un de ces quatre avec un autre patient, elle viendrait l'aider, il n'avait aucun doute sur ça, du moins il l'espérait franchement.

Hangerschefer AsylumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant