Le noir engloutissait mon être frêle.
Aucune vie ne flânait dans ces rues pourtant estivales et glaciales. Un paradoxe qui créée une certaine magie dans cette atmosphère douteuse, qui enveloppe non seulement mon corps mais aussi mon âme.
Mes pieds tremblaient, mes dents claquaient, mes cheveux suivaient la cadence de la petite brise froide.
J'ai sonné une énième fois, pour qu'il m'ouvre. J'ai frappé, j'ai même envoyé des cailloux à sa fenêtre à volets. Aucune réponse.
Je me maudis à cet instant d'avoir passé le vol et le trajet à écouter de la musique sur mon téléphone au lieu d'économiser la batterie afin de l'appeler. Mais surtout de n'avoir pas assez de mémoire pour prendre mes clés.
Ah...
Je suis coincée maintenant. Dehors.
Mon frère est là, la lumière est allumée, il doit écouter sa musique à fond, mettant son cher casque.
D'ailleurs, je regrette de le lui avoir offert. Il fallait mieux peut-être lui donner un livre ou un objet enrichissant...
L'attente dehors me rongeait les muscles. Je m'assis donc près de la porte en bois travaillé.
Je commençais à chantonner doucement l'air de «Only Tears» d'Infinite, en me frottant les mains cherchant désespérément la chaleur. Une buée presque transparente émanait de ma bouche.— Jolie voix. Fit une voix rauque.
Je sursautai de surprise, mais gardai tout de même un silence de cadavre.
— Timide ? La voix était plus rassurante.Je me levai d'un bond, et fis mine d'ouvrir la porte. Le prix de la mauvaise actrice de l'année revient à...Moi.
— Je suis le meilleur ami de ton abruti de frère.
Il le traitait dabruti, et se prétendait être son meilleur ami ! Excellent.
— Abruti ? Répète un peu pour voir ?
—Abruti. A B R U T I.
Il avait épelé chaque lettre avec profondeur et fermeté.
— Mon frère n'est pas un abruti !
— Ses notes parlent pour lui.
— Ça ne veut rien dire, tu peux être le premier de ta classe, non, de ton institut même ! Si t'es con en ce qui concerne le contact humain, les relations humaines, t'es directement un idiot. Or mon frère est chaleureux et toujours accueillant.
Il avait ouvert grand les yeux. Je pouvais les apercevoir grâce à la lumière faible de la lune et celle qui se faufilait à travers la glace de la fenêtre, de la chambre d'en haut.
Ses yeux. On dirait ceux d'un chiot. Cependant ils transperçaient avec certitude. Il portait un masque qui cachait toute la partie au dessous de ses yeux, cependant ses oreilles étaient faciles à remarquer. Je ne pouvais pas deviner ses traits sous de si peu sources de chaleur. Mais c'était un bel étranger. Un jeune homme avec un charme particulier. Et une taille colossale comparée à la mienne.
Je devais relever le menton pour lui adresser la parole.
Après un bref moment, il prit un long souffle avant de me sourire tendrement.
— Ton frère est une personne admirable. Je plaisantais simplement. Tout ce que tu viens de dire est juste et disons que je SUIS l'abruti ici. Sinon, tu fais quoi dehors à cette heure ? C'est dangereux. Entre chez toi. Dit-il avec un petit mouvement de tête en direction de la porte de ma maison.
— Je..Je n'ai pas les clés.
Il me regarda un moment l'air incrédule.
— C'était de la comédie alors ?
Il laissa échapper un rire chaleureux et sincère. Avant de prendre son portable et appeler mon frère.
Il dût l'appeler plus de cinq fois avant de recevoir une réponse.
«— Allô ! Chanyeol ! Quoi de neuf ?
— Ouvre la porte ! Ta sœur gèle ici ! Et moi aussi d'ailleurs.
— Ma sœur...? Tu hallucines. Elle est à l'autre bout de la terre !
— Elle est à côté de moi, là en chair et en os. »
Mon frère se tut un moment avant de s'exclamer.
«— Ah ouais ! J'ai oubliée qu'elle me rendait visite aujourd'hui...Elle va m'enterrer vivant.
— Je l'encouragerai ! Haha !
— Traitre !
— Tu vas ouvrir ou merde ?
— Jure pas à côté de ma sœur. Si innocente... Si pure.. Non en fait c'est une blague elle est pire que toi.»
La porte s'ouvrit devant un visage rayonnant.
— Frangiiiiine !
Il me sauta dessus et me serra tellement fort que je crus m'évanouir.
— Baekhyun..Je meurs. Lâche-moi !
— Je te manque pas ?
— Non, je viens reprendre le casque et partir.
Il fit une mine faussement blessée. Avant de m'ébouriffer les cheveux avec un sourire enfantin.
— Oh eh ! Lâche ! J'ai passé une demie heure à les fixer !
— Désolé mais ils étaient déjà catastrophiques..
Chanyeol ouvrait enfin sa bouche, pour dire ceci...
— Personne n'a demandé ton avis !
— Je dis ce que je veux quand je veux, d'accord ? Baekhyun je crève la dalle. J'ai froid. Laisse-nous entrer bon sang...
Baekhyun se décala, me laissant et son meilleur ami entrer, il referma ensuite la porte à double tour, et s'enfonça dans le salon.
Il nous trouva déjà assis.
Il se mît entre nous et lança :
— Chanyeol, j'ai trouvé la mélodie parfaite pour ta composition ! Et je cherche un instrumental pour des paroles que je viens décrire.
— Fais écouter ! Et je te chercherai ça.
Je montai me changer laissant les amis discuter leur passion.
Je mis un pull XL et un collant noir. J'attachai mes cheveux en un chignon laissant quelques mèches rebelles se libérer.
Je rangeai mes affaires soigneusement dans le placard, posai mes nombreux livres et cahiers sur le bureau. Et descendis voir ce que je pourrais préparer pour trois ventres sûrement vides.
Soudain, je me rappelai du dînée, ou plutôt DES dinées "surprises" désastreux que je voulais faire à mes amis et petits-amis.
Une idée germa soudainement dans ma tête :
Ramyeon ? Ramyeon.
Je partis voir si il y en avait en réserve et descendit l'escalier à toute vitesse. Mes yeux bridés étincelaient. Il y en avait tout un stock.
Je savais que mon frère était flemmard, mais pas au point de se contenter de cela...Il vivait seul, et indépendant. Il portait ses vingts-quatre ans, parfaitement. Pas physiquement bien sûr. Je fis bouillir les nouilles avant d'ajouter la sauces et les épices nécessaires, et partis tout fière de n'avoir pas incendié la cuisine.
Des ramyeons maladroits. Mais l'odeur était délicieuse.
— Les garçons vous avez faim n'est-ce pas ?
Ils crièrent comme des attardés, avec conviction.
— Bizarre. Je n'ai senti aucune odeur de brûlé ni rien.
— Haha, très drôle. Baekhyun, je te jure, tu me cherches.
— Tu es une femme de 20 ans, et tu ne peux toujours pas préparer un plat correct ! Mon Dieu ! Je crains pour toi.
— BAEKHYUN !
— Tu pouvais pas faire quelque chose de plus travaillé ? Ramyeon ? T'es sérieuse ?
J'allait riposter quand Chanyeol s'imposa.
— Écoute, ce que tu fais est de la dérision. Elle a pensé à nous, et à donc préparé pour trois. Elle a sûrement dû se donner du mal pour nous préparer cela, bien que ça soit un repas faible et rapide à faire, mais comme tu l'as dit, elle est encore maladroite avec la cuisine. Et Ramyeon ne meurt jamais. Ça reste toujours bon et appétissant mais surtout coupe faim. Donc merci.
Je ne savais pas quoi répondre, à part mon plus beau sourire. Bien que ça soit exagéré à mort...
Il avait retiré son masque. Je pouvais voir maintenant son visage, il était encourageant et réconfortant. C'était le portrait craché de sa personnalité. Mais pas de sa voix.
Nous nous regardâmes un instant avant d'être coupés par un Baekhyun sauvage. Je retire ce que j'ai dit. Il ne porte absolument pas ses 24 ans. C'est un enfant. Un vrai enfant.
— Eh ! Je plaisantais pas la peine de dramatiser Chanyeol...ton speech n'était pas essentiel. J'ai compris, continuez votre tension d'attirance ailleurs, là seule la bouffe compte ! Et il se jeta sur un bol.
Je sentais mes joues chauffer. Chanyeol lui restait indifférent. Il prit un bol à son tour et s'installa confortablement avant de tapoter la place à côté de lui, m'invitant à les rejoindre.
Nous continuions notre soirées à rire, raconter des anecdotes. J'appris que Chanyeol était un musicien professionnel, et que la voix de mon frère était plus qu'angélique. Quand à eux, ils apprirent que je compte rester un bon bout de temps chez Baekhyun, parce que mes parents ont divorcés, ce sont ceux de ce derniers aussi, mais il resta impassible. Inaffecté. Pour seul réponse un «Je voyais ce divorce venir.» puis il revint à son histoire d'Hamburger stupide. Je pouvais quand même ressentir une lueur de tristesse l'envahir.