Dix ans, Armonie [EN PAUSE)

La lettre

          2019

          Ce matin là, Fernando avait beaucoup de patients. Assise à côté de la porte, une jeune adolescente patientait avec douleur et était prise de secousses dans tout le corps. Elle n'était vraiment pas bien mais sa mère, pour une raison qu'elle ignore, l'a laissée s'y rendre seul. Chaque patient dans la salle avait une tête à faire peur, non pas en référence à la beauté naturel de chacun, mais en cause de la maladie de chacun. Ce cabinet ne nous ouvrait pas les bras avec un grand sourire, il y avait pourtant des couleurs assez gaies sur les murs, mais ce n'était probablement pas suffisant. Quand Fernando est rentré chez lui, assez tard d'ailleurs, il était fatigué. Aussi fatigué que s'il n'avait pas dormit depuis plusieurs jours. Kristen sa femme l'attendait assise sur le fauteuil, dans le salon.

          Mais que fait-elle encore debout ? Se demande-t-il.

          - Où étais-tu ?

          ça y est, ça recommence. Se dit-il.

          - Alors ? Tu comptes me répondre ou juste me nier et aller te coucher ?

          - Il y avait beaucoup de patients aujourd'hui et j'ai même essayé de me dépêcher, mais quand je me dépêche, je n'y vois pas clair et dis n'importe quoi à ces pauvres gens qui soufre. Ok ? Alors c'est terminé. La prochaine fois je prendrais le temps qu'il faudra ! C'est pas toi qui va travailler pour nous ramener l'argent que je perds par ta faute !

          - Par ma faute ? Demande Kristen les points sur les hanches.

          - Oui précisément, TA faute !

          Les disputes ne cessent entre eux depuis un bon bout de temps, ils ont déjà songé à divorcer mais à quoi bon ? C'est de l'argent dépensé juste pour confirmer qu'ils ne sont plus ensemble et Fernando à été clair là-dessus, il ne dépenserait pas un centime pour ces conneries. Il en a déjà assez dépensé pour se marier à elle, alors là stop !

          Kristen ne dit plus rien, comme si tout ce qu'elle voulait dire s'était évaporé et puis se reprend immédiatement.

          - Je t'aime... Ne l'oublie pas Fernando.

          Elle tourne les talons, prête à aller se coucher et il ne la retient pas.

          Kristen sort du lit avant que son mari ne se réveil, elle ne peut pas supporter d'être à côté de lui au réveil, elle trouve ça incorrecte vu le nombre de femmes qu'il doit certainement se faire. Elle descend sans faire de bruit et se fait un café sans lait ni sucre, elle les aime comme ça, même si elle réprime une grimace à chaque fois qu'elle en boit. Parfois c'est juste pour se donner genre auprès des autres mais d'autres fois elle en a vraiment envie. Et ce matin, elle en a juste envie. Elle retourne sur ses pas mais s'arrête devant les escaliers et se dirige vers la porte d'entrée. Des lettres sont étalées au sol et elle s'accroupie pour les ramasser. Une fois debout elle va à la table de la cuisine et regarde de quoi s'agit chacune d'entre elles. Pub, facture, facture, pub, carte postal de sa sœur Rosie, Pub, lettre sans nom ni destinataire, pub, facture et encore pub. Elle choisit de lire la carte postal de sa sœur et de laisser les autres de côté pour le moment.

          Coucou Kristen, on est bien arrivés en Egypte ! Ici le soleil est au rendez-vous, j'espère que tout se passe bien pour toi et Fernando. Ne vous entre-tuez pas, vous serez gentil. Bisous de ta sœur qui t'aime énormément.

          Elle à un sourire naissant sur ses lèvres fines et douces. Elle a toujours adoré sa sœur, c'est la seule personne capable de la comprendre sur tout, la raisonner quand elle fait une bêtise et la rassurer quand elle ne croit plus en elle-même. Elle sait qu'elle sera toujours là pour elle. Déjà petites elles étaient inséparables. Des larmes commencent à lentement rouler sur ses joues. Et elle se ressaisit aussitôt lorsqu'elle entend des pas dans l'escalier. Fernando. Il descend d'humeur blasée. Il ne sait pas comment il doit se comporter ce matin. Peut être sera-t-elle plus calme maintenant, au réveille ? Quand il la rejoint à la cuisine il fonce sur la machine à café pour être capable d'affronter une potentiel menace venant de sa femme. Calme Fernando, il ne va rien se passer, reste cool. Se dit-il. Puis il tourne enfin les yeux vers elle et il est étonné de la voir pleurer ?

          - Kristen ça ne va pas ?

          Du revers de la main, elle chasse les larmes sur son visage.

          - Si, c'est juste Rosie qui m'a envoyée de ses nouvelles. Tout va bien, je t'assure.

          Le voilà soulagé. Ça aurait été un autre problème à régler et parlons franchement, il en avait déjà bien assez avec les disputes et les patients. Ça aurait été de trop. Kristen se lève de la table et s'enfuie de la cuisine pour aller relire encore et encore la lettre de sa sœur, et certainement, encore verser quelques larmes. Quand Fernando se retrouve seul il examine à son tour le courrier, à première vu rien de très intéressant mais puis il tombe sur quelque chose qui attire sa curiosité... La pub pour automobile. Quand il était plus petit, les voitures étaient ce qui le fascinait le plus alors il imita Kristen en prenant le courrier qui l'intéressait et se rendit dans le salon aussi. Le reste du courrier est resté sur la table durant cinq semaines. Cinq semaines ont passées et rien n'a bougé dans cette maison. Kristen à trouvé du travail, Fernando à été acheter une nouvelle voiture mais il travail toujours d'arrache pieds. Il prétend qu'en temps que Kiné, sa femme va pouvoir draguer des hommes derrière son dos et que c'est exactement le travail qu'elle cherchait, mais il ne lui dira pas parce qu'après ils vont encore se disputer et ça c'est la dernière chose qu'il veut entendre, c'est le son de la voix de Kristen quand il monte dans les tons beaucoup plus fort que la normale. Au bout des cinq semaines ils avaient décidés de mettre de l'ordre dans cette maison si grande et désordonnée. La lettre mystérieuse sans nom ni adresse resta entassée avec les autres papiers jusqu'au moment où Kristen prit le tas et le mit avec tous les cartons qui étaient à jeter. La lettre ne fut pas dépliée, juste jetée. Le jeudi qui suivit, le camion de poubelle devait passer mais pour cause de travaux il n'a pas pu passer dans leur rue. Ils ont dû prévoir pour la prochaine fois de mettre leur poubelle devant une autre maison plus loin, là où il n'y avait pas de travaux. La lettre est donc restée une semaine de plus à portée de main mais sans avoir d'attention.