Chapitre un

617 60 41
                                    

Je sortis de mon appartement et fermai la porte à clef. J'entendais un remue-ménage pas possible en bas, je me demandai bien ce qui pouvait se passer dans cet immeuble pourtant si calme. Je descendis les escaliers et failli buter contre un homme qui portait des cartons assez maladroitement.

-Bonjour, mademoiselle ! Excusez-moi, je ne vous avez pas vu.

-Bonjour. De quoi s'agit-il ?

-Je suis le déménageur, vous avez un nouveau voisin de palier.

Super, une personne de plus qui allait m'embêter dans mes longues heures de tranquillité. Je lui souhaitai une bonne journée, il fit de même, puis rejoignis le parking. De loin, j'aperçus mon nouveau voisin de dos. Il était grand, les cheveux bien entretenus et une carrure plutôt plaisante. J'haussai les épaules, désintéressée, puis montai dans ma voiture. Direction le boulot.

Je saluai brièvement mes collègues qui s'affairaient déjà à servir les premiers clients. Je regagnai le vestiaire et revêtis la tenue réglementaire : un tablier de couleur marron chocolat, avec un torchon couleur crème sur l'épaule. Parée pour une nouvelle journée dans le petit café du centre de la ville, je rejoignis le bar pour commencer à préparer les boissons chaudes demandées par les clients. Le matin, mon poste était le bar mais je pouvais servir moi-même. L'après-midi, j'étais en salle et je nettoyais jusqu'à la fermeture.

-Angèle, est-ce que tu peux aider en cuisine pour les pâtisseries, s'il te plait ?

Ca, c'était dans la catégorie imprévue. Je rentrai en cuisine et aidai à la confection de tartes aux pommes, gâteaux au chocolat, brioches, etc. J'aimais beaucoup cuisiner, et quand j'aidais en cuisine ça m'aidait aussi à ne pas confronter le regard des autres en salle. Parce que comme je suis assez mince, on pourrait commencer à me critiquer, et j'ai assez vécu ça pour le vivre une nouvelle fois. De plus, j'ai mon caractère bien à moi et quand je m'énerve, soit je me retiens et je dis rien, soit je pleure carrément. Je ne veux pas paraître faible et passer pour le bébé pleurnichard.

Alors que je déposai précautionneusement une feuille de menthe au-dessus d'un nappage de chocolat recouvrant un muffin au café (oui, ça met l'eau à la bouche), on m'appela pour aller commander en salle. Je saluai mes amis les cuisiniers puis rejoignis mon poste. J'attrapai un carnet et me dirigeai vers la table à laquelle j'allai prendre la commande, mon plus beau sourire aux lèvres.

-Bonjour ! Qu'est-ce que vous allez prendre ?

-Deux cafés et trois thés.

-... bien. Ce sera tout ?

-Ouais.

-Merci. Je vais vous débarrasser de vos cartes, excusez-moi.

J'attrapai les cartes alors qu'ils ne m'adressèrent aucun regard. Vu leur tenue, c'était des chefs d'entreprise qui se prenaient pour les plus malins et qui embêtaient le monde avant d'aller souler leurs employés. Ou se faire... en-dessous du bureau. Voilà, vous m'avez compris.

J'allai donc préparer les boissons si chaaaleureusement demandé puis les déposai sur un plateau avant d'aller les servir.

-Voici, messieurs.

Aucun merci.

-Bonne dégustation.

-Vous pouvez nous laisser, maintenant.

J'étais outrée. C'était dans le métier d'avoir des cas spéciaux mais là, j'étais outrée. Choquée. Choquée, déçue. L'espèce humaine a des chances de devenir conne pour certains.

-Je vous prie de m'accorder un minimum de respect. C'est dans les règles de la politesse de dire "s'il vous plait", "merci", et ça ne vous coûte rien.

Smile, don't cryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant