RECONCILIATIONS

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Après plusieurs jours sans se parler, j'ai décidé d'appeler Mouna. Je l'ai invité chez moi et elle a accepté de passer ce soir après son travail. Je m'affaire donc à la cuisine, j'ai décidé de préparer à manger. Je vais faire de l'attiéké avec "moyo" et sauce tomate pimentée avec aussi de l'alloco frit et du poisson braisé. J'ai préparé du jus de Ditakh et du "champagne" (le bissap blanc avec de l'ananas pressé). J'ai aussi fait des muffins au chocolat. On est vendredi et aujourd'hui je n'avais pas envie d'aller à la boutique, j'ai travaillé à la maison avec mon pc après avoir fait le ménage et astiqué chaque millimètre carré. Là maintenant je m'affaire au fourneaux. En fait quand je suis chez moi en jour de semaine, une fois réveillée j'essaie d'occuper chaque minute de ma journée, je n'aime pas ne rien avoir à faire surtout quand je suis stressée comme actuellement. Déjà il y a le rendez-vous avec Mouna et puis surtout le fameux baiser de Latyr. D'ailleurs il est distant depuis ce jour. Quand je vous dis qu'il est schizophrène.
J'en ai marre de ses sautes d'humeur, il ne m'a appelé qu'une seule fois depuis et il m'envoie des messages impersonnels. Lui aussi il faut que je lui parle, soit il est gay soit il ne l'est pas. Et s'il a envie de tester je ne sais quoi il n'a qu'à le faire ailleurs. Je ne suis pas un gadget pour homosexuel bipolaire.
Mais je m'occupe d'abord de régler ma relation avec Maïmouna avant de m'occuper de son cas à lui.
Il est maintenant 19h et après avoir braisé le poisson je l'ai mis au four comme ça je vais le réchauffer tout à l'heure au moment de servir. J'ai tout fini, la cuisine est nettoyée et il ne reste qu'à chauffer le repas une fois que Mouna sera là. Mis à part l'attiéké que je vais mettre à la vapeur un peu avant l'heure du dîner pour le servir frais.
Une heure plus tard mon amie sonne alors que je termine de mettre la table, elle m'a appelé en quittant son bureau. Je vais lui ouvrir la porte et lui fait la bise. Elle n'a pas l'air fâché, c'est déjà bien. J'ai réagi assez excessivement quand j'ai appris pour Momar et elle, et depuis une semaine je fais la morte et ignore ses messages sept fois sur dix.
- Coucou ma belle tu vas bien ?
- On fait aller et toi ?
- Je suis KO. Tu vois c'est à ces heures que je descends ces temps-ci.
- Tous les jours ?
- Oui. Mon boss voulait même que j'aille au boulot les samedis jusqu'au soir et les dimanches matins j'ai dit niet. Je ne suis pas une machine non plus. Je veux bien y aller les samedis jusqu'à treize heures mais sûrement pas les dimanches.
- Mais qu'est-ce qu'il a ?
- Je ne suis pas sûre mais je pense qu'il doit retourner en Norvège et il doit sûrement vouloir me mettre à sa place. Ce sont des bruits de couloir, rien n'est encore sûr.
- Une promotion ? Mais c'est super.
- Oui espérons.
- Mais en attendant il me fout une de ses pressions.
- Je vois mais c'est normal aussi.
- Si si je sais. Huuuuum ça sent bon ici. C'est quel thiouraye (encens bien parfumé) ça?
- Merci, c'est une amie de maman qui vendait ça et elle nous en a acheté un grand pot chacune à Fifi et moi. Je t'en mettrai dans un petit pot pour ta chambre.
- Ok merciii.
- Bon vient on va dîner, j'ai hyper faim j'ai pas mangé depuis le petit déjeuner.
- Tu ne m'as pas dit que tu ne partais pas bosser tout à l'heure ?
- Si mais j'avais une vidéo-conférence avec un créateur suisse qui voudrait exposer mes bikinis en pagne dans sa boutique de mode là-bas. Puis après j'ai fait le ménage puis la cuisine.
- Heu ce n'est pas notre dîner qui te stressait j'espère?
- Pas seulement. Je sais bien que j'ai été maladroite et blessante au resto et...
- Ecoute je ne suis pas venue pour qu'on se fasse des reproches. Je suis juste venue retrouver mon amie pour un dîner entre copines.
- Je sais bien mais je voulais que tu saches que je ne suis pas contre ta relation avec Momar j'ai juste été surprise et peut-être un peu jalouse. Mais je te rassure je ne suis pas amoureuse de lui, je le vois juste comme un ami, fin s'il le veut encore.
- Hahaha ! Mais je le sais bien tout ça ma puce. Et rassures-toi Momar serait enchanté de devenir ton ami. Il voulait t'appeler d'ailleurs mais vu la situation il a voulu qu'on se réconcilie toutes les deux d'abord. Je lui ai dit qu'on n'était pas en froid mais juste que tu m'évitais ; mais que j'étais sûre que dès qu'on se verrait tout se réglerait.
- Hahaha ! Tu me connais vraiment. Je suis désolée ma chérie mon comportement était très immature.
- Mais non ma belle t'inquiètes c'est compréhensif. Je m'excuse aussi de t'avoir causé de la peine aussi petite soit-elle.
- C'est oublié ma Mouna.
- Sinon c'est quoi l'autre tracas? Heu passes-moi le "moyo" s'il te plaît. C'est trop bon.
- Quel tracas ?
- Tu m'as dit que ce n'était pas seulement notre entrevue qui te stressait. Mais laisses-moi deviner. Ne serait-ce pas ton fameux Latyr ?
- Hahaha ! Tu ne l'aimes toujours pas hein c'est ça ?
- Je ne le déteste pas ; juste que je sens qu'il ne joue pas franc-jeu.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Il te regarde bizarrement et en même temps c'est comme si il avait peur de trop t'approcher. Puis il est devenu ton "meilleur ami" du jour au lendemain...hummm trop louche tout ça.
- Ah je vois tu es jalouse. Mais t'inquiètes ma chérie tu es mon amie d'enfance, nous deux c'est pour la vie. Hahaha !
- Pfft tu te moques. Wa bakhna (ok c'est bon), alors dis-moi ce qu'il a encore fait?
- Tu manges de l'attiéké je ne voudrais pas risquer de te faire avaler de travers (les connaisseurs savent) et que tu t'étouffes avec.
- Hahaha ! C'est ça. Je suis passée à l'alloco. Vas-y parle.
- Hé bien...heu...bon pour faire court il m'a embrassé.
- Paardooon ? Où ça ? Quand ?
- Ici même sur le canapé que tu vois là-bas.
- Hahaha ! Et ensuite ?
- Ensuite rien. Il n'a pas voulu s'expliquer et est presque parti en courant et depuis il est redevenu froid comme avant. Il me tape sur le système je vais régler son cas dès demain. Je ne suis pas son cobaye et il faut qu'il le sache.
- Ah ça ! Mais franchement ça ne me surprend pas vraiment.
- Comment ça ?
- Haha ! Laisse tomber dis-moi plutôt si je peux emporter de ces délicieux muffins avec moi ?
- Mais bien sûr. Je te donnerai aussi de l'attiéké avec les sauces et du poisson pour Pape.
- Quel Pape ?
- Seu magu khana. (Ton grand-frère bien sûr)
- Mooo.
-Y a pas de moo qui tienne ! Il m'en demande depuis, je lui ai mis un thiof (type de poisson) entier à part.
- Tchiiip il va m'emmerder demain matin et me demander de le lui réchauffer à la première heure.
- Si c'était ton mari tu le ferais non ?
- Oui mais ce n'est que mon frère donc...
- Oh laisses-le tranquille. Même s'il te demande de le lui chauffer en pleine nuit fait le sans rechigner.
- Vivement qu'il parte sakh. Tu sais il nous a présenté sa fameuse copine. C'est vraiment sérieux cette fois, il veut l'épouser, il va aller chez elle le mois prochain pour demander sa main.
- Supeeeeer mon frère va se marier, mon frère va se marier.
- Hahaha ! Et il ne restera plus que Am et Cheikhna et je serai enfin tranquille.
- Comme si Momar allait te laisser traîner chez tes parents. Tu sais c'est quelqu'un de très sérieux, et je crois que là il cherche une femme, donc ne soit pas surprise si un de ses quatre il vient demander ta main.
- Wa kii loumuy wakh nii ? (Mais qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ?).
- Hum ? Ok. Qui vivra verra, n'oublies pas que je l'ai connu avant toi.
- Yow wéro deh ! Momar deh si salamou aleykoum le tologoum. (Toi t'es folle. Momar n'en est encore qu'au début).
- Mouna douma si wakh beu marr mane (Je ne vais pas gaspiller ma salive à te répondre).
- Haha wa bakhna ! (ok c'est bon !)
Nous continuons à discuter de tout et de rien, ce n'est qu'à minuit que Mouna s'en va après m'avoir aidé à débarrasser et laver la vaisselle malgré mes dénégations.

L'homme De Ma Vie Est Gay !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant