L'homme De Ma Vie Est Gay !

REVELATIONS

Je me gare devant chez moi toute stressée. Heureusement que Latyr n'est pas encore là, je ne vois sa moto nulle part. C'est bizarre il est habituellement ponctuel. Je reste assise dans ma voiture à réfléchir jusqu'à ce qu'on toque à ma fenêtre. Je sursaute légèrement et lève les yeux, surprise, quand je vois le visage de Latyr un petit sourire en coin. Je déverrouille ma voiture et descends.
- Tu comptais rester rêvasser encore longtemps dans ta voiture ?
- Heu...je croyais que tu n'étais pas encore là, je n'ai pas vu ta moto.
- Oui j'ai pris ma caisse aujourd'hui.
- Ta caisse ? T'as une voiture ?
- Bof une toute petite hein.
- Elle est où ?
- C'est celle-là.
- Quoi ? Petite ? De taille oui, mais c'est une Porsche carrera. Je n'en avais même jamais encore vu à Dakar.

- Hahaha ! Mais elle est petite comme je disais.
- J'adore les Porsches surtout les carreras et les panameras. Maman me dit que j'ai des goûts de luxe en matière de voiture. Hahaha.
- Hahaha je vois.
- Bon on monte ?
- Ok.
Nous arrivons à l'appart et je vais sortir des kinder délices, des oréos chocolats blancs et deux boîtes de Don Simon : un multifrutas et un autre saveur pomme.
- Alors c'était comment l'anniversaire ?
- Bof comme d'hab toute la jet-set. Les "voyez-moi" et les aguicheuses étaient au rendez-vous. Je ne suis pas resté vingt minutes. Toutes ces...pff ça ne me dit trop rien.
- Hahaha ! Ok je vois le tableau.
- Et la visite à ton père ?
- C'était super. Il m'avait trop manqué mon papounet. Faut que j'y aille plus souvent d'ailleurs.
- Tu l'aimes beaucoup apparemment.
- Oui énormément.
Il sourit et me regarde de cette manière dont lui seul a le secret. Je me sens gênée et boit une gorgée de jus. L'heure fatidique est arrivée il me semble.
- Heu...
- ...
- Tu ne m'aides pas en me scrutant comme ça.
- En te scrutant ?
- Oui tu...tu...
- Respire je ne vais pas te manger.
- Bah heureusement.
- Hahaha ! Tu es vraiment drôle quand tu es stressée toi.
- Je ne suis pas...bref.
- Bon d'accord je suis tout ouïe.
- En fait je sais bien que tu es gay mais tu n'es pas aveugle. Je ne suis pas du genre à avouer ce que je ressens à un garçon mais malheureusement pour moi je...j'ai eu des...sentiments pour toi. Et je...fin ça m'empêche d'être moi-même. En ta présence j'ai toujours peur de déraper et de te faire fuir parce que je...je préfère encore te garder comme ami que de ne pas t'avoir du tout. Seulement je sens que tu en profites pour faire des expériences ou que sais-je. Et même si je t'...t'apprécie beaucoup je ne vais pas te laisser m'utiliser. Tu es gay et je suis hétéro, tu m'as dit que tu n'étais même pas bi alors pourquoi m'as-tu embrassé ?
- Parce que j'en avais envie...
- Quoi ? Mais...
- Laisse-moi terminer. Tu m'as posé une question non ?
- Oui.
- Alors écoute.
- Ok.
- Tu as raison Sophia je ne suis pas aveugle. J'ai bien vu que je ne te laissais pas indifférente mais en même temps tu mets une certaine barrière entre nous donc après je ne suis sûr de rien. Et si je t'ai embrassé c'est parce que j'en avais envie depuis longtemps et aussi parce que je voulais être sûr que je te plaisais.
- Mais ça te sert à quoi puisque tu...
Il met son doigt sur mes lèvres et m'empêche de continuer.
- Je voulais savoir parce que toi aussi tu me plais et j'avais peur de me tromper...
- Mais...
- Olalaaa mais tu vas me laisser finir oui ?
- Désolée.
C'est quoi cette petite voix de souris Sophia? Pff tu me déçois ma grande. Tu t'enflammes déjà juste parce qu'il t'a dit que tu lui plais pff pauvre fille va...
- Donc comme je disais tu me plais je dirai même que je..je...suis...amoureux de toi.
- Hein ?
- Oui je sais ça peut paraître bizarre.
Là mes oreilles bourdonnent. Je suis plus qu'enragée. Il me prend vraiment pour une conne lui.
- Lèves-toi Latyr ?
- Quoi ?
- LÈVE-TOI ET SORS DE CHEZ MOI.
- Mais pourquoi ? Que...que...
- J'AI DIT FICHE LE CAMP DE CHEZ MOI.
Fichues larmes.
Je les essuie d'un geste enragé.
- Mais tu pleures Sophia ? Je...je suis désolé...je croyais que tu m'aimais bien aussi, que c'était réciproque ce que je res...
- Non je ne t'aime pas bien. Je t'aime tout court. Mais toi...TOI TU TE FICHES DE MOI. NON MAIS À QUOI TU JOUES LATYR ? TU VEUX ME BRISER HEIN C'EST ÇA ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Qu'est-ce que je raconte ? QU'EST-CE QUE JE RACONTE? TU ES HOMOSEXUEL, TU N'AIMES PAS LES FEMMES, DEPUIS QUE JE TE CONNAIS TU CHANGES D'HUMEUR COMME DE CULOTTE, TU ES DISTANT, FROID MAIS T'ES HYPER CHOU AVEC MES NEVEUX TOUT EN GARDANT UNE CERTAINE RÉSERVE ME CONCERNANT. ET PUIS UN JOUR TU DEVIENS MON MEILLEUR POTE ET LÀ TU VEUX ME FAIRE CROIRE QUE TU M'AIMES...
- OUI JE T'AIME.
Il a n'a pas crié il a rugit. Sa voix rauque m'a fait sursauter et reculer de deux pas.
Que...qu'est-ce qu'il a dit? Non j'ai mal entendu.
- Désolé j'aurai pas dû crier mais je n'en pouvais plus. Je t'aime Sophia depuis le premier regard. Si j'ai été froid et d'humeur changeante c'est parce que j'avais peur, peur que tu découvres mes sentiments. Dès que je suis entré dans cette salle pour le casting et que j'ai croisé ton regard j'ai voulu m'y noyer, mon cœur a fait un tel bond que ça m'a effrayé. J'ai tout de suite su qu'il fallait que je m'éloigne, j'ai essayé mais tu hantais mes pensées et j'ai toujours eu peur qu'un jour tu découvres la supercherie et que...
- Quelle supercherie ?
- Je...je ne suis pas gay Sophia.
- Quoi ? Mais si tu es gay. Tout le monde le sait, tout le monde le dit.
- Oui parce que j'ai véhiculé ce message.
- Mais comment ça ?
- Bah dans ce milieu les nouvelles vont vite. Il m'a suffi de refuser deux, trois avances des femmes et de prétexter n'aimer que les hommes pour que ça fasse le tour de Dakar.
- Mais et tes amis? Même d'après eux tu es gay.
- Iba savait la vérité mais pas les autres.
- Tu n'es même pas bisexuel ?
- Qu'ALLAH m'en préserve.
- Mais alors durant tout ce temps tu m'as menti. Tu savais que je t'aimais et ça ne t'a pas arrêté? Tu dis m'aimer mais tu n'as pas la moindre considération pour moi.
- Oui mais j'avais peur.
- Peur ? Peur de quoi ? MOI j'avais peur. Peur de te perdre c'est pour cela que j'ai pris sur moi pour te cacher mes sentiments. Mais toi tu es tout simplement égoïste. Tu ne penses qu'à ta petite personne. Je ne sais même pas pourquoi j'ai voulu être ami avec toi. Quand on dit que l'amour rend aveugle. Je voulais voir en toi une bonne personne même malgré le fait qu'en tant que musulman, portant le prénom du prophète en plus, tu sois tombé dans l'homosexualité. Je priais tous les jours tout en sachant qu'aucune de mes prières ne serait exaucée parce que je fréquentais un gay. La religion est claire à ce propos. Et pendant ce temps tu devais bien rire de moi...
- Non je...
- Je ne veux pas t'entendre. Je ne veux plus t'entendre Latyr. Va-t'en.
- Mais...
- T'es sourd ou quoi ? Je te mets à la porte, Tu n'as pas d'orgueil toi ou quoi ?
Touché ! Je le connais tellement bien malheureusement.
Il se lève me regarde longuement avant de prendre ses clés sur la table et de partir sans le moindre mot. Dès qu'il sort je m'effondre. Et dire que malgré tout mon cœur saigne encore pour lui. Après une dizaine de minutes à pleurer recroquevillée sur mon tapis. Je me lève, vais prendre une bonne douche, fais mes ablutions pour aller prier. Seule la prière pourra m'aider. Je demanderai à DIEU de me guérir de ce mal qu'est l'amour.