Lost Life - OS

Lost Life

~~~~~~

« Qui court après la chance, attrape souvent la malchance »

~~~~~~

    Irène était née et avait grandi dans un petit village du sud de la France. Elle vivait dans une famille aimante, attentionnée et protectrice. Avec ses grands yeux bleus, ses longs cheveux dorés et son sourire angélique, elle était appréciée par tous. Lorsque ses parents et son jeune frère moururent dans un accident de calèche alors qu'elle n'avait que dix ans, le monde d'Irène s'écroula. N'ayant aucune famille encore en vie à part quelques grandes tantes acariâtres peu désireuses de la prendre en charge, elle fût placée dans l'orphelinat de la ville et y vécue de longues et tristes années. Elle n'y était pas particulièrement mal traitée mais la vie y était dure. Irène, comme tous les autres enfants de l'orphelinat, devait faire la plupart des tâches ménagères, aider en cuisine et suivre une discipline de fer. Elle ne recevait aucune affection mais elle était logée, habillée et éduquée par des religieuses. Les bonnes sœurs qui tenaient cet orphelinat n'étaient pas des mères de substitutions loin de là, elles faisaient en sorte que ces enfants sans famille puissent tout de même vivre correctement en société et il n'y avait pas la place pour de la tendresse ou de l'amour à l'orphelinat. 

Traumatisée par la perte de sa famille et de l'amour de ses proches en même temps, Irène chercha alors par tous les moyens à obtenir l'affection et l'attention des autres puisque qu'elle avait perdue celles de sa famille bien aimée. Elle répondait à tous les désirs et les caprices de tout le monde et était rapidement devenue la bonniche du village. Elle pensait que cela était normal, qu'ainsi elle était aimée.

L'année de ses quatorze ans, elle commença à vouloir un amour plus profond, plus passionnel, plus sincère, plus beau, plus doux, plus merveilleux, presque divin... un amour amoureux. A partir de ce moment et jusqu'à la fin de sa vie, elle chercha désespérément et avec acharnement le grand amour, le seul, l'unique, celui de toute une vie. Elle crut l'avoir trouvé à l'orphelinat, à dix-sept ans, avant de se rendre compte que celui à qui elle avait donné sa première fois n'était autre qu'un con qui avait relevé le défi d'un de ses amis. On avait joué avec ses sentiments pendant presque trois mois. Elle s'était donné sans retenue à celui qu'elle pensait être l'amour de sa vie. Celui qui lui avait promis de se marier avec elle dès leur sorti de l'orphelinat soit à leur dix-huit ans. Cela ne la fit pas renoncer pour autant. Elle chercha, collectionna les hommes et les aventures jusqu'à ce qu'elle soit expulsée de l'orphelinat jugée trop débauchée pour vivre avec d'autres enfants. 

Elle utilisa alors un peu de sa dot et de l'héritage de ses parents pour louer une chambre chez une vieille femme solitaire de son village. Elle continua pourtant à chercher l'amour pendant plusieurs années sans jamais trouver la perle rare, celle qui lui renverserait le cœur et l'âme, celle avec qui toutes les héroïnes de romans à l'eau de rose terminaient à la fin de l'histoire. Elle alla même chercher chez les hommes mariés, les vieillards, les fous et les plus jeunes qu'elle... Personne n'échappait à son désir d'amour. Parfois on lui donnait un petit quelque chose près avoir goûté à ses délices. Irène avait refusé au début mais n'aillant qu'un simple travail de blanchisseuse mal payé, de maigres économies fondant comme neige au soleil et considérant le refus comme de la méchanceté elle n'avait pas le cœur de dire non. Elle fut surnommé « la putain de la ville » mais aussi « la traînée » ou encore « la catin » par tous ceux qu'elle côtoyait depuis sa tendre enfance. Ces gens-là même qui ne se gênaient pas de faire appel à ses services quels qu'ils soient.

Ne trouvant pas ce qu'elle cherchait dans son village de campagne, elle se mit en direction de Paris où elle espérait faire enfin des rencontres et avoir une vie meilleure. Irène s'installa dans une ancienne chambre de bonne insalubre au beau milieu d'un quartier malfamé et trouva rapidement un emploi en tant que serveuse dans un bar très fréquenté par la racaille de Paris. Mafieux, prostituées, va-nu-pieds, poètes déchus et criminels de bas-fonds, s'y côtoyaient toutes les nuits.