☬ Trêve de plaisanterie.

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Le premier cours du lendemain avait été pesant.. Monsieur Kenningal est un professeur vraiment compétent et cool mais Ethan ne se sentait pas à laise avec tous ces regars affûteurs que la classe entière lui jetait. Même la princesse du campus, Molly Harper lui lançait des coups d'oeil à la dérobée. Ce n'est pas comme s'il allait bondir sur elle et lui faire avaler de force de l'acide hydrolique. Elle rangeait nerveusement les tubes à essai dans les supports en bois. Ils n'avaient pas échangé depuis le début du cours. Qaund, il lui proposait un résultat, tout ce qu'il parvenait à obtenir d'elle était des hochements de tête et des acquiescements.  Elle répondait oui à tout, de peur de réellement lui parler. C'était étrange de le revoir. Le gars qui a tué une fille. 

Monsieur Kenningal dicta les devoirs pour le prochain cours : réviser  les réactions acido-basique.  La classe se vidait peu à peu. Molly rangea ses bouquins sur la paillasse et elle se racla la gorge, c'était peut-être le moment d'engager la conversation quand le professeur de chimie vint dissoudre le moment de gêne. Ethan s'apprêtait justement à partir, il l'arrêta d'un mouvement de la main :

- Ethan, attends, s'il te plaît. J'ai quelque chose à vous dire tous les deux.

Molly leva un regard  confu sur son professeur. De quoi voulait-il parler ? Ils avaient bien effectué le travail demandé pourtant ! 

- Je... Je sais que j'ai pas été...commença-t-elle en lançant un regard furtif à Ethan. J'ai pas énormément aidé mais...

- Non, Molly, l'interrompit-il. Je voudrais que vous vous chargiez d'Ethan. Les choses ont bougés pendant trois ans et je ne voudrais pas qu'il soit un peu égaré.

Molly ne savait quoi dire. Elle ? Elle ne lui avait pas parlé pendant tout le cours de chimie et là, il voulait qu'elle surveille les moindre faits et gestes d'un type qui lui était parfaitement inconnu. Enfin... Elle le connaissait. De vue. Mais de toute évidence, l'enthousiasme n'était pas plus partagé par Ethan :

- Je connais Deerfield sur le bout des doigts, monsieur. Je n'ai pas besoin de baby-sitter.

- Il a raison, intervent Molly en serrant la lance de son sac à main. C'est un grand garçon. Il peut très bien s'occuper de lui seul. 

Monsieur Kenningal plissa des sourcils. Un tantinet déçu de la réaction de ses élèves.

- Ma décision est prise. Et la directrice est d'accord. J'ai jeté un oeil à vos emplois du temps, vous fréquentez presque les mêmes cours.

Molly se racla la gorge. Merci de l'avertissement, vraiment.

- On a pas le choix si j'ai bien compris, rétorqua Ethan.

Kenningal dirigea un regard fixe sur lui, les mains sur les hanches.

- Exact, monsieur Van Der Bilt. Cela fait partie du processus. On appelle ça "intégration".

Molly ressentait déjà une certaine antipathie à son égard. Elle espérait juste que ce n'était pas un contrat à vie. Elle ne voudrait pas vivre avec la mauvaise impression d'avoir tourné au vinaigre la vie du célèbre Ethan Van Der Bilt. 

- Alors je suppose qu'on va faire comme ça, finit-il en partant. Désolé mais je dois aller m'excuser pour mon cours d'algèbre. 

Monsieur Kenningal reprit place derrière son bureau, serein. Il poussa un soupir et sourit en désignant la porte à Molly : 

- Vous allez être en retard aussi, Mlle Harper.

Molly se dirigea vers le bureau, interloquée. 

Je t'interdis de m'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant