Maybe not so Dead !

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Il aura fallu des années à l’humanité avant de venir à bout de plusieurs maladies. La tuberculose, la scarlatine, le sida, l’hépatite… Mais ce n’est qu’au courant des années 2000 que les chercheurs ont commencé à se pencher sur le cas du cancer. Une simple malformation, une mauvaise retranscription du code génétique : voilà ce qu’est un cancer. Les chercheurs du monde entier se sont longtemps penchés sur la possibilité de créer un vaccin contre ce fléau.

Et voilà qu’en février 2015, un groupe de scientifiques et de médecins du Highland General Hospital d’Oakland sont prêts à tester leur solution anti-cancer sur des êtres humains.

C’est le 13 janvier que les premiers tests commencèrent.

Tout comme la catastrophe qui s’en suivit quelques jours plus tard…

« La motivation est, pour l’esprit, semblable à de la nourriture. Une seule assiette ne suffit pas. »

Peter J. Davies

« Nous savons que vous êtes nerveux, mais essayez de vous détendre. Vous avez tous passés les tests de sélection haut-la-main et si notre étude clinique fonctionne, comme cela devrait être le cas, vos cancers finiront par rapidement disparaître. Donc voici comment fonctionnera votre séjour ici : tout d’abord, vous serez logés et nourris ici, au Highland General Hospital. Ainsi, en cas de pépin, vous serez rapidement pris en charge par nos médecins. Vous pourrez téléphoner à votre famille, mais vous ne pourrez pas les visiter ou les recevoir tant que vous serez dans cette étude clinique. Nous ne voulons pas vous exposer plus que nécessaire aux diverses maladies qui peuvent courir un peu partout. Les conditions de vie pour ce vaccin doivent rester idéales en tout temps.

Nous procéderons aujourd’hui à la première injection de notre solution. Il s’agit d’un petit virus très simple. Dans quelques jours, si vous n’avez aucune réaction allergique, nous procéderons à une seconde injection. Plus puissante, celle-là. Et ainsi de suite. Normalement, au fur et à mesure que nous vous injecterons ce produit, vos tumeurs devraient se résorber petit à petit. Notre virus ira attaquer les cellules malades de votre corps pour complètement les détruire. Et aucun risque de récidive dans quelques années. Le virus restera toujours présent dans votre organisme afin de vous défendre. Il détectera également toute nouvelle modification de votre ADN et se chargera de détruire ces cellules potentiellement dangereuses. »

« Mon esprit s’achoppe à ce mot : conséquence. »

André Gide

Le discours qu’on nous débitait il y a quelques jours commence à ne plus sembler vrai, à mes yeux. Liam Travis est mort aujourd’hui. C’est ce que le docteur Alexander Greene vient de nous dire. J’ai froid dans le dos rien qu'à y penser. On vient de recevoir notre troisième dose de vaccin. J’ai eu des nausées toute la matinée, mais Liam… Liam lui, ça n’a jamais arrêté. Ça a toujours empiré. Il a même fini par vomir du sang. Maintenant, j’ai peur chaque fois que le haut-le-cœur me reprend. Et si à mon tour, je me mettais à faire comme lui? Les médecins nous ont dit que c’était peu probable, que Liam était probablement allergique à une substance du vaccin et sa mort n’aurait jamais pu être évitée. J’ai franchement peur. Et pourquoi ils n’auvaient pas pu éviter cela? On nous avait fait passer des tests d’allergies, pourtant! Et puis Liam… bon sang! Il avait 25 ans! Okay, 25 ans et un foutu cancer au cerveau qui l’aurait probablement tué dans quelques mois, mais… oh c’est bête! Il aurait pu vivre encore quelques mois sans cette maudite étude!

Eh merde! Hier, c’était quoi? Le 28 janvier? Y a Liam qui est mort. Et aujourd'hui, c’est Elizabeth et Jake qui y sont passés! J’arrive pas à y croire. Ils sont trois à avoir eu les mêmes symptômes! Ils étaient devant moi quand ils se sont mis à trembler et à vomir du sang partout. Franchement, deux autres qui auraient été allergiques à cette nouvelle injection? Brrr! Moi j’y crois de moins en moins.

« Face à la nourriture, le corps ne sait rester neutre ; il est prêt à toutes les folies, à toutes les fantasmagories, et la mort ne lui fait plus peur. »

Noëlle Chatelêt

« Gnaffrrrr! »

« Gnaaaaarrrrrrrrrg! »

« AHHHHHHHHHHHHHHHHH! AU SECOUUUUURS! »

Un hurlement à me glacer le sang. Mais qu’est-ce qui se passe? Ça ressemble à la voix d’un des médecins de l’étude. Je me précipite en direction du local qui nous sert de morgue. L’endroit où Liam, Elizabeth et Jake ont été entreposés le temps que leurs proches viennent les chercher.

J’ouvre la porte à la volée. Ce que je vois me retourne l’estomac. Jake se tient debout, juste devant moi, un large morceau de chair sanguinolente dans la bouche. Je suis là, devant cet horrible spectacle, incapable de bouger. Jake est mort… mort… Pourtant, il se tient debout, là, droit devant moi.

Il se retourne vers moi. Le sang frais coule sur son menton tandis que le pauvre médecin perd lentement le sien, une flaque rougeâtre se formant aux pieds du monstre. Une lueur passe dans les yeux de Jake. Je comprends à cet instant que si je ne bouge pas, ce sera ma chair qui se retrouvera dans cette bouche. Sans réfléchir, j’empoigne le premier objet qui me tombe sous la main : un petit scalpel traînant sur le bureau à ma droite.

Jake… la chose… le monstre fonce sur moi. Il grogne, il tend ses mains pleines de sang vers moi, il me montre ses dents sales… J’ai mal au cœur. Mais je ne veux pas finir à moitié dévoré! J’ai du mal à comprendre ce qui a pu guider ma main. L’instinct de survie? Je ne sais pas. Je plante juste mon arme dans la tête de la bête, sans réfléchir. La lame s’enfonce facilement dans la chair du mort. Elle percute le crâne et s’y enfonce légèrement avant de rester plantée là. Je tombe à la renverse, le monstre sur moi. Il tente de me mordre, mais je le repousse de toutes mes forces. Je me débats comme je ne l’avais encore jamais fait auparavant. Mon cœur bat à une vitesse folle. J’ai peur. Je balance mon pied dans la tronche du monstre. Et… je frappe. Je frappe. J’entends les os du crâne fendre et éclater sous la pression de mes poings. J’ai mal, mais je ne m’en soucie pas. J’agis. Je survis. Lorsque la chose arrête enfin de bouger, mes doigts sont en sang. Mes jointures sont probablement éclatées. Je m’en fiche. Je ne sens rien. L’adrénaline dans mes veines est trop forte.

« Eh, doc! Ça va? »

« Ils sont partis! Ils… ils sont comme revenus à la vie! Liam n’était pas là ce matin quand je suis arrivé… Elizabeth non plus et Jake… je… je l’examinais quand… quand il m’a pris à la gorge et… Il… il était mort! Les autres se promènent… il faut… il faut… évacu… »

Un dernier souffle… une dernière lueur de vie… Plus rien. Je m’effondre près du cadavre du médecin. Je ne réalise pas encore ce qui vient de se produire. Que dois-je faire maintenant? Moi aussi, je vais finir comme Jake? Mon regard se porte sur la main du médecin. Un spasme la parcours. Un mort, ça a des spasmes? Le toubib ouvre soudainement les yeux.

« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH! »

Je viens de mourir.

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