III - Est-il trop tard pour que je démissionne?

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Je me levais le lendemain assez tôt. J'avoue ne pas trop savoir pourquoi.
Je descendais pour rejoindre ceux qui étaient déjà debout, mais je ne vis qu'Olivier qui se comportait bizarrement, bien que je ne sais pas comment il se comporte normalement, je le connais à peine. Dès qu'il me vit arriver, il se leva et alla discuter avec quelqu'un, oubliant son téléphone sur la table.
Je m'assis et soupira. Qu'il est têtu!
Soudain, je sentis des vibrations, je tournais la tête et vis le portable de mon frère sonner. Il était marqué "Papa". Papa? Pourquoi lui téléphone-t-il?

Je pensais qu'il nous avait quitté... Lorsque j'ai décidé de poursuivre une carrière de psychiatre il a essayé plusieurs fois de me faire change d'avis. Et lorsqu'il se rendit compte qu'il n'arriverait jamais à faire de moi ce qu'il voulait, il quitta la maison. Je n'ai plus jamais eu de ses nouvelles depuis. Je ne savais pas qu'il était revenu après que j'ai quitté la maison pour mes études... Je vais raccrocher, on ne sait pas ce qu'il pourrait arriver, bien que je pense déjà avoir une idée.

- Oui bonjour.
- Olivier?
- Ce n'est pas Olivier.
- Jennifer?
- Non plus.
- Dans ce cas je me suis trompé de numéro, désolé.
- Non, c'est bien celui d'Olivier Giroud.
- Dans ce cas, qui est à l'appareil?
- Leïla.

Sur ce, il raccrochait le plus rapidement possible. Je posais le portable de mon frère sur la table et attendis son retour.
Lorsqu'il arrivait, il s'assit à sa place comme s'il ne me voyais pas. Je décidais de briser le silence, déterminée à avoir une explication.

- Olivier.
- Quoi?

Je sens qu'il est en colère... Est-ce ma faute? Je devrais peut-être ajourner la conversation... C'est peut être mieux. Je ne sais pas. Je vais lui dire.

- Notre père a appelé.
- Ne me dis pas que...
- J'ai raccroché.
- Mais putain! Leïla il ne veut plus entendre parler de toi!
- Et pourquoi donc? Qu'avez-vous de plus que moi?
- Tu connais notre père! Dès que tu fais une chose qu'il n'aime pas, il te détestera toute sa vie.
- Il a le mental d'un enfant de quatre ans quoi.
- Je t'interdis de parler de lui comme ça!
- À quoi bon? Je serais toujours la méchante dans l'histoire. On ne change pas de camp aussi facilement.
- Arrête de jouer la victime!
- Notre père a arrêté de me parler car je n'ai pas fais ce qu'il voulait. Je suis morte pour lui car j'ai décidé ce que je voulais faire de ma vie.
- Si tu avais fais comme il voulait...
- Alors quoi? Il m'aurait aimé comme j'ai rêvé qu'il même? J'aurais eu une famille? À quoi bon? Dis moi Olivier à quoi bon? Vous me détestez alors à quoi bon? Vous m'auriez détesté tôt ou tard alors à quoi bon?
- Écoute Leïla...
- Non Olivier. À tout à l'heure.

Je me retournais pour partir et vis Didier.

- Un problème, Leïla?
- Non. J'ai juste une question.
- Je vous écoute.
- Est-il trop tard pour que je démissionne?
Didier: Oui, que s'est-il passé pour que vous vouliez nous quitter?
- Rien, c'est juste que je me sens inutile, de trop.
- C'est tout le contraire. Vous avez tellement de rendez-vous psychiatriques, que vous avez à peine quelques séances de kiné.
- Quand est-ce que j'aurai mon horaire?
- Je venais justement vous le donner.

Il me le tendit, je vis que beaucoup de joueurs voulaient des séances de psychiatrie. Ce qui me laissait juste quelques séances de kinésithérapie, mais mon programme était assez chargé je dois l'avouer.
Je travaille environ quatorze heures par jour. Mon programme est assez chargé, mais je ne vais pas me plaindre, maintenant que Didier compte sur moi en tant que psychiatre. Et puis c'est bien payé.

{Ellipse de la première journée de travail. Il est 20h30.}

C'est l'heure de manger. Tout le monde parlait d'Antoine. Apparemment, il ne serait pas venu aux entraînements. À vrai dire, il n'est pas venu ni pour la séance psy, ni pour la kiné.
Du coup j'ai décidé de sauter le dîner et de monter le voir.
J'étais devant sa porte, je n'osais pas toquer. J'appréhendais cette visite tout le trajet, et j'ai souvent voulu faire marche arrière mais bon, je suis la psy, je dois le voir.

Toc... toc... toc..

J'entendais sa voix derrière la porte.

- C'est qui?
- Leïla.
- Qu'est-ce que tu veux?
- Prendre de vos nouvelles!
- C'est Didier qui t'envoie?
- Non.

Il ouvrit la porte et je découvris un visage noir, triste; des yeux vides, sans lueur, sans espoir. Il doit vraiment aller mal.
Je restais devant la porte attendant qu'il m'invite à l'intérieur, dans ces cas là, je n'aime pas m'imposer, pour mettre l'autre en confiance.

- Tu comptes rester devant la porte ou tu comptes entrer?

Je pris ça pour une invitation. Je franchis le seuil de la porte. Sa chambre était en vrac. On aurait dit qu'un ouragan était passé par là. Des T-Shirts et des pantalons décoraient les meubles.
Antoine quant à lui était en survêtement.

- Ne reste pas debout, assis-toi!

Je cherchais une chaise non prise par des vêtements, mais c'est peine perdue.

- Je sais je dois faire un peu de rangement, riait-il
- Pas qu'un peu. Je peux aider si vous voulez.
- Tu.
- Pardon?
- Si tu veux.
- Comme tu veux, Antoine.

Et voilà comment je me retrouve à 22h, encore entrain de faire du ménage avec Antoine au lieu de manger. Ce qui au départ devait être une simple soirée, devint une soirée rangement. Une fois que tout était enfin rangé, je décidais de retrouver ma chambre pour me reposer.

- Reste encore un peu, s'il-te-plait, me suppliait le joueur. Ça m'a fait du bien de passer du temps avec toi.

Je le regardais et refusais. Mais il continuait à me supplier jusqu'à que je cède. Il était assis sur son lit et moi sur une chaise on parlait de tout et de rien.

- Je n'ai jamais entendu parler de toi en tant que joueur national, c'est ta première fois?
- Oui, c'est la première fois que je joue pour la France.
- Et sinon tu joues dans quel club?
- Real Sociedad. Mais on m'a invité à aller à l'Atlético Madrid. Et toi, après la coupe du monde, tu vas aller où?
- Je sais pas, j'attends les offres. Si j'en aurai pas une, je ferai la tournée des clubs.
- Tu comptes aller en Espagne?
- Je ne sais pas, sûrement, plus rien ne me retient en France.
- Il y a un problème?
- Non, de toute façon, je devais bien partir un jour. Le changement c'est bien.
- En parlant de changement...

"Is it too late for me to resign?„

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