VII. Avorton

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Boggan


Je me nomme Boggan, je suis un Avorton. 

C'est extrêmement rare parmi ceux de ma race, mais cela existe. Je suis destiné à rester petit et chétif là où mes frères et sœurs recouvrent les sommets des montagnes de leurs ailes.

J'en ai toujours été jaloux, de leur taille et de leur force. Mais mon arrivée à été curieusement bien reçu parmi notre peuple. Il paraît que les Avortons seront toujours petits, mais particulièrement vif d'esprit. Il est même dit que c'est parce que ma destinée est de me percher sur l'épaule d'un humain pour l'élever parmi les nôtres.

Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Je ne suis pas un animal de compagnie, comme un oiseau! Et tous les draconistes chevauchent les Dragons, pas l'inverse!

Aussi, je me sens souvent ridicule d'être ce que je suis. Alors, je reste au plus profond de mon antre dans la montagne, là où seul la lave illumine la roche montagneuse, et je me tais. Je me contente d'écouter ce que disent mes congénères.

Ce soir, pourtant, j'ai un pressentiment. C'est la première fois que j'ai ce genre de réaction. Aussi, je préfère m'y fier.

J'entends Japnar entrer dans l'Antre. Tout résonne quand il bat des ailes. Je n'ai aucun doute, il me cherche, tout son être vibre en ce sens. Il faut être idiot comme un d'en-bas pour ne pas le sentir.

Cela attise ma curiosité. Je suis aussi sage que ceux de ma génération de ma génération, je participe parfois aux réunions du clan pour donner mon avis. Mais je ne suis qu'un parmi les autres.
Je rejoins donc Japnar Rouge-Crépuscule, frère dragon d'Aëna. Mon petit frère.

A côté sa majestueuse couleur de rubis et ses immenses ailes de cuir, je me sens encore plus minuscule, moi qui aie la couleur du cuivre au poitrail émeraude, mes deux minuscules cornes de diamants pointant ridiculement au dessus de mon crâne là où lui semblait couronné par les Dieux dragons eux-mêmes.

"Grand frère Boggan, je viens respectuement te trouver pour solliciter ton aide.
- Abandonne le "grand", Japnar. Tu es bien plus grand que moi. Je t'écoute.
- Je respecte mon grand frère comme nos coutumes, alors cesse donc de me reprocher ton titre ! S'écria-t-il en tiquant sa tête légèrement de côté, signe d'agacement chez lui.
- Je sais, soupiré-je. Alors, que se passe-t-il ?
- J'ai rencontré l'humain qui veut entrer chez les Draconistes, celui d'en-bas.
- J'en ai entendu parler. Il paraît qu'il est très jeune et pas très solide.
- C'est vrai. Il n'a que seize années d'humains. Il est considéré comme un sage pourtant parmi les siens. Cependant il reste faible de corps, et Aëna, ma soeur humaine, ne le supporte plus.
- Il faut dire qu'elle est très rigide quand elle s'y met, ta soeur liée !
- Je sais que tu ne peux comprendre le lien qui existe entre nous, Grand frère Boggan, mais ne sois pas méprisant quand tu parles d'elle! Grogna-t-il.
- Bon, et cet humain, que veux-tu faire pour lui ?
- Je voudrais que ce soit toi qui le guide, mon frère. Tu sais ce que c'est d'être petit et moins fort que les autres. Il est aussi vif d'esprit que toi. Il est peut-être celui sur qui tu te poseras sur l'épaule, comme il t'a été promis.
- Je n'ai pas l'intention d'être un oiseau perché. On m'a promis un humain à ma naissance pour ne pas me laisser dépérir et je le sais. Mais cela fait plus de 600 ans que je vis, Japnar. Je ne crois plus aux contes d'enfants depuis longtemps.
- Soit. Mais rencontre cet humain. Si jamais il te plaît d'être en sa compagnie, guide-le pour lui donner ce qu'Aëna ne pourra pas faire. Sinon, je te laisserai tranquille dans ton antre et plus jamais je ne te solliciterai."

Je le dévisage, et je vois qu'il est sincère. Cela lui tient à coeur. Non pour l'humain, mais pour sa soeur liée auquel il tient plus que tout, ainsi que pour moi. Je ne l'aurais jamais cru. Il a réellement foi en tout ce qu'il a dit. Il veut que j'aie mon humain. Avec la ferveur de la jeunesse draconique, il espère pour son grand frère la fin de ma solitude.
Il est bien jeune, mon petit frère.
Mais il a le coeur pur. Et cela me touche.

Alors je cède.

"Je rencontrerai ton humain au moment opportun, Japnar. Veille à ce qu'Aëna me le laisse entier d'ici-là, simplement."

Je vis son regard étinceler et je le salue pour rentrer chez moi.

Je me remets en mémoire ce qui se disait sur l'humain, en écoutant les pensées en plus des voix à ce sujet.

Asthar de Minthe, de la cité de Tohrin Mar. Jeune érudit, je suis curieux de te rencontrer.

Draconistes [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant