Jamais deux sans trois ... (Suite de 1,2,3 ...)

Partie II

Bill ne cessait de pleurer depuis plusieurs heures. L'annonce lui avait fait un choc. Perdu dans les bras de Tom, allongé sur le lit de ce dernier, il versait toutes les larmes de son maigre corps.

Juste après la découverte du message, Georg leur avait tout avoué. Oui, il avait eu une liaison avec une certaine Sophia. Mais cela n'était arrivé qu'une fois. Pas certain de le croire, Bill l'avait mis en accusation pendant des heures. Pour Bill, il était évident que cette relation avec cette femme n'était pas un hasard aux vues de son envie de départ précipité. Au final, Georg n'avait pas cherché à se défendre plus que ça, laissant Bill déverser sa rage tandis que Tom fulminait dans son coin, fumant cigarettes sur cigarettes, assis sur le rebord de la fenêtre, se tenant éloigner tant physiquement que verbalement. Il avait écouté, avec une certaine distance, la houleuse conversation. Certainement essayait-il de ne pas s'énerver lui aussi, ne sachant pas s'il pourrait s'en tenir à des mots. Voilà deux jours qu'il se disputait avec Georg, il ne savait pas jusqu'où ses nerfs pouvaient le mener. Bien trop de tension, de tristesse et de colère en seulement vingt-quatre heures.

Bill reniflait, parsemant de petites taches foncées le tee-shirt de Tom. Celui-ci fumait encore, fixant sans le voir le mur en face de son lit. Plus par reflexe que réel conscience, il portait à intervalles réguliers le tube de tabac à ses lèvres, puis au cendrier, pour y déverser son chagrin sous forme de désillusions blessées en miettes de tabac consummées. De l'autre main, il caressait machinalement les cheveux de celui qui lui était si cher et qui lui semblait si dévasté en cet instant. Lui ne réalisait pas encore tout à fait. Alors en attendant que l'ahurissement cède le pas à la souffrance, il tentait de réconforter son amant comme il le pouvait, même si l'efficacité ne semblait pas le pénétrer en cet instant. Difficile de consoler quelqu'un lorsque l'on ne comprend pas encore réellement ce qu'il se passe.

Un nouveau reniflement suivit d'un sanglot fit revenir Tom à la conscience.

-Bill, s'il te plait, calme toi, chuchota-t-il tout en embrassant le haut de son crâne.

Pour toute réponse, le jeune homme sanglota plus fort encore et s'agrippa au t-shirt de son aîné, enfouissant sa tête contre le torse sur lequel reposait sa tête douloureuse. Sa main cramponnée au tissu sur le coeur de Tom, il semblait se raccrocher au peu qui lui restait en cet instant.

-Bill, s'il te plait, regarde moi, demanda avec tendresse Tom.

Ses yeux demeuraient secs et sans expression. Lui-même s'étonnait de son propre calme face à la situation.

Alors le plus jeune consentit à relever la tête. Et la vision de son compagnon complètement bouleversé fit enfin réagir Tom. Ses yeux s'embuèrent. Et il comprit. Il restait fier et détaché de la siuation uniquement pour l'être qui se trouvait entre ses bras et dont les larmes roulant sur ses joues lui donnaient envie de tout casser. A l'instant présent, il se sentait plus triste pour Bill que pour lui-même. Non pas qu'il n'aimait pas Georg, bien au contraire, mais il ne pouvait pas se permettre de sombrer lui aussi. Ou alors Bill perdrait ses deux amants en une seule nuit. Et il refusait qu'une telle chose ne se produise. Les yeux de Bill cherchaient désespérément un espoir où s'acccrocher et il ne quittait pas le regard de Tom qui tentait de lui envoyer tout son amour et son soutien. Les sanglots de Bill se calmèrent peu à peu, dans un silence dont la durée ne se mesurait pas, et Tom sembla l'hypnotiser de ses prunelles chocolat.

-Voilà, maintenant que tu es calmé, on va parler, d'accord ? reprit Tom le plus calmement du monde, comme s'il parlait à un enfant.

Et c'était finalement ce qu'était Bill en cet instant. Un enfant perdu et apeuré.