Prologue

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« Dans la vie, il n'y a pas de problèmes et d'obstacles, il n'y a que des défis et des épreuves »

Michel Bouthot

Il y a des moments dans notre vie qui nous marquent plus que d'autres. Des moments qui font de nous qui nous sommes. Parmi eux il y a ceux qui sont merveilleux, magiques, incroyables. Mais aussi ceux qui nous détruisent, et, au final, nous rendent plus fort. Moi, je suis encore dans la partie destruction. Il s'est passé quelque chose dans ma vie qui a tout bouleversé. Je contrôlais tout, j'avais des amis que j'adorais, une famille que j'aimais, un petit ami super, mais tout m'a filé entre les doigts. Je n'ai plus personne à qui me confier, ce qui s'est passé doit rester secret. J'y joue mon avenir. Je ne sais pas comment avancer. Mes parents croient à un mensonge que j'ai inventé de toute pièce pour échapper à la vérité. Mais plus le temps passe et plus ils s'inquiètent pour moi.

C'est à cause de mon passé que je suis, en ce moment même, dans cette voiture. A l'arrière, derrière mon père qui fait le chauffeur et ma mère qui garde le silence. Moi, je regarde le paysage de la 4 voies qui défile rapidement, mon casque à fond sur mes oreilles et la capuche de mon swit trop grand, que je porte malgré le fait que l'on soit au début du mois d'août, me cache jusqu'aux yeux. Aucune mèche de mes cheveux blonds, attachés par un élastique en queue de cheval basse, ne dépassent.

Je relève les yeux doucement et observe mon reflet dans la vitre de la voiture. Un reflet qui n'a plus aucune importance mais qui me choque tout de même. Mes yeux bleus sont soulignés par d'énormes cernes et mes lèvres, autrefois pulpeuse, s'étaient asséchées, jusqu'à former des croutes, dû au fait qu'elles aient craqués. Je ne m'étais pas rendue compte que je me laissais tant aller. Mais comme je l'ai déjà dit, après ce qui s'est passé, cela n'a plus d'importance. Plus rien n'a d'importance. Ma vie comme ce que j'y fais. Je m'en fiche. Je n'ai plus d'espoir. Et même si j'en avais, je pourrais espérer quoi ? Que ma vie change totalement ? Que mon destin puisse dévier sa trajectoire ? Non c'est impossible. Car il s'est passé ce qu'il s'est passé et je ne m'en remettrais jamais.

Où allions nous avec cette voiture ? En quoi cette destination pouvait-elle m'aider ? Si seulement j'avais besoin d'aide, c'est évident que ma vie est destinée à rester comme ça et à ne pas changer. En tout cas, je ne connaissais en rien l'endroit où mes parents m'emmenaient, et je restais là, sans réfléchir à rien, mon casque sur mes oreilles et mes yeux fixés sur la ligne blanche de la route. Cette ligne blanche qui continue, seule, et ne bouge pas. Je pense que mes parents avaient peur, qu'une fois au courant de la destination prévue, je ne veuille plus monter dans la voiture. Ils en avaient peut-être marre de moi ? Ils auraient raison. Je ne suis pas de compagnie très agréable, sachant que je reste enfermée H24 dans ma chambre à dessiner des images tristes, sombre et un peu glauque parfois, et à écouter ma musique à fond. Même quand j'allais au lycée. Coupée du monde. Coupée des gens. Coupée de la vie. Coupée de tout. Coupée de rien.

Peut-être que je les désespérais tellement qu'ils voulaient m'envoyer dans un hôpital psychiatrique. Je ne me considérais pas comme folle. Seulement comme anéantie. Une fille sans avenir à espérer. Je ne savais plus que penser de la vie. J'avais une vie parfaite, mais maintenant, ce que je considérais comme un cadeau, me détruit l'existence. Cette chose horrible, communément appelé l'amour. Je sentis la voiture s'arrêter, j'enlevais mon casque et descendis de la voiture.

Je restais scotché face à ce bâtiment. Ils avaient osés m'emmener ici. Un cabinet de psy. Comme si une folle timbré, qui a pour vocation d'écouter les problèmes des autres pour leurs donner des conseils invraisemblables, pouvait m'aider. Mais bon, déjà mes parents ne m'abandonnent pas dans un monument pour les fous, je peux faire un effort pour eux. Nous avançâmes donc vers le cabinet. Ma mère sonna puis poussa la porte. Je suivis mes parents dans le bâtiment, aucune expression sur le visage. Je commençais à réfléchir pour faire avaler mon mensonge au psy. Même si je ne comprendrais jamais les gens qui font ce métier, c'était irrémédiablement des professionnelles, j'allais devoir la jouer fine. En même temps, j'avais tellement mentis ces derniers temps, qu'un bobard de plus ou de moins ne changerais pas grand-chose sur mon entrée ou non dans les enfers. Je suis entrainée maintenant.

Irrésistibement SecrèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant