Je regardai mon petit-déjeuner cuire lentement dans le grille-pain. Cette fois-ci, je ne me laisserai pas avoir. Le pain ressortait de façon inattendue et me faisait toujours peur pour une raison que j'ignorais. Je devais juste être très sensible à la peur. C'est vrai que j'avais toujours été un peureux, incapable de prendre des décisions par lui-même.
Je zieutai du coin de l'œil les boîtes qui encombraient la maison. C'est vrai... J'allais bientôt partir... Juste cette pensée me fit mal au cœur. Comment survivrais-je sans ma mère et ma petite sœur? Je râlais toujours, mais en vérité, elles comptaient tellement pour moi... La plupart des adolescents avaient hâtes de quitter le domicile familial, mais moi je redoutais ce moment du plus profond de mon être. Pourtant, c'était moi qui avait décidé de partir. C'était moi qui avait trouvé l'appartement parfais. C'était moi qui avait fait mes boîtes et c'était encore moi qui avait annoncé ma décision. Pourquoi? Tout simplement parce que c'était ce que la société attendait de moi.
C'était beaucoup plus facile de rentrer dans le moule plutôt que de tenter de me faire remarquer. Il ne suffit que de voir comment ont été traités les "révolutionnaires" et les "marginaux" pour savoir que c'était la solution la plus logique. Parce que dans la vrai vie, les rêves ne volent pas très haut. On les laisse traîner sur un banc d'une cours d'école et on comprend dès qu'on est petit qu'il n'y a que les oiseaux qui s'envolent.
J'étais plutôt fort de caractère, mais ça ne m'empêchais pas de ressentir des émotions. Alors comme tous les autres, je me suis sentis rabaissé à chaque fois que les professeurs se plaignait de mes notes devant toute la classe. Les ricanements de mes camarades m'ont donné envie de me cacher dans un trou, tandis que les moqueries dans la cours d'école m'ont fait rougir de honte.
Je sursautai en voyant la tranche sortir du grille pain. J'avais encore perdu. Si je n'étais même pas capable de vaincre un électro ménagé, comment pouvais-je espérer relever des défis impossible?
-------------------------------
-Kiran! s'exclama Jo en attrapant ma manche, me provoquant presque de faire tomber toute une pile d'assiettes.
-C'est bel et bien moi... Qu'est-ce ce que tu veux...? soupirai-je en déposant ce que je tenais à sa place, ne voulant pas me risquer à avoir un autre accident.
Jo. C'était l'une de mes collègues dans ce petit restaurant. Je ne dirais pas qu'elle était énervante. Juste... Quelle avait tendance à en faire trop. Généralement, je n'avais pas vraiment de problèmes avec ce genre de personnes, sauf que dans ce cas-ci, j'étais impliqué dans ses aventures et ses délires m'affectaient directement. Que nous soyons volontaires ou non, elle finissait toujours par avoir ce qu'elle voulait.
-Et bien... commença-t-elle en enroulant une de ses mèches de cheveux autour de son doigt. Tu sais, la semaine dernière, je n'avais pas ma voiture pour rentrer chez moi et je n'avais pas d'argent pour payer le transport en commun..?
J'hochai la tête en attendant qu'elle développe.
-Et bien, il y a un des clients régulier qui a proposé de me ramener... J'ai refusé, bien sûr, parce que je n'ai pas envie de me retrouver dans un fossé, morte, demain... Mais il a continué a insisté... Et il revenu aujourd'hui et il n'arrête pas de me fixer, ça me fait peur. Tu pourrais aller lui demander de me laisser tranquille...?
Je soupirai légèrement. La terre ne tournait pas autour d'elle. Je ne pouvais pas être irrespectueux envers un client seulement parce qu'il la fixait. Le restaurant était bondé à cette heure et je pouvais sentir des clients bouillonner de colère à l'idée que leur précieux repas soit en retard. Je n'avais pas de temps pour des suppositions stupides.
VOUS LISEZ
Mange-rêve
FantasyVous êtes-vous déjà demandé pourquoi vos rêves disparaissent une fois le soleil levé? Pourquoi vous n'arrivez pas à vous souvenir du moment le plus croustillant du rêve d'amour que vous avez fait la nuit dernière? De pourquoi vous vous réveillez en...