ALIENS

- Chapitre 3 -

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. C'est normal, je pense. Bientôt, le grand-père de mon meilleur ami Axe viendra dans ma cellule pour que je me téléporte avec lui dans une forêt inconnue. Pas très rassurant, non ? Eh bien c'est ma seule chance de m'enfuir de cet horrible hôpital psychiatrique.

Oui, Axe est mon meilleur ami. Après tout, il n'a pas beaucoup de concurrence...

Il est maintenant 7h14 du matin. J'ai faim, alors je n'ai pas d'autre choix que de manger le muffin sec que j'ai ignoré hier. Il est aux bleuets, je crois. Super. Je déteste les muffins aux bleuets.

Je le prend dans ma main frêle et blanche, puis je mords dedans. Je n'aurais pas dû.
Je sens les murs blancs tanguer.
Je crois d'abord que c'est le muffin qui est périmé, puis je comprends.

C'est sûrement mon examen du mois. Les docteurs m'endorment pour m'amener dans une salle, elle aussi blanche, pour me faire passer une série de tests. Et cela à chaque mois.

Je regarde autour de moi, essayant de repousser les ténèbres qui veulent m'aspirer. Je sais que ce n'est qu'une question de temps.

Je me jette sur mon matelas.
Puis, c'est le noir total.

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Je n'ai aucune idée du temps qui s'est écoulé avant que j'ouvre les yeux. Je suis bien dans la salle d'examen.
Mais ce ne sont pas des docteurs qui m'observent.

Des créatures avec une peau pleine d'écailles roses me regardent avec leurs yeux noirs aux pupilles mauves. J'ai l'impression que leurs regards me transpercent.
Les créatures n'ont pas de cheveux, mais leurs écailles roses sont plus nombreuses sur la tête.

Je pousse un cri strident et je me débat. Ils m'ont attachée.

- Céleste Ulhy.

Les créatures ont toutes parlé en même temps, avec une voix aux accents robotiques qui font dresser les cheveux sur la tête.

- Dis-nous où est le garçon, et nous te laisserons partir.

Je ne sais pas si c'est le fait qu'elles m'aient donné un nom de famille différent, qu'elles soient couvertes d'écailles ou qu'elles aient un accent robotique, mais j'ai la certitude que ces créatures ne viennent pas de l'Univers. Ni de Pixyx.

- Je...je ne sais pas de qui vous parlez, dis-je d'une voix tremblante.

Une des créatures, la plus petite, regarde la plus grande et déclare:

- Et si nous lisions en elle ? S'il vous plaît, maître. Ce serait plus simple.

Le "maître" me lance un regard dédaigneux avant d'aquiescer.
La petite créature écailleuse s'approche de moi, me prend par les épaules avec ses mains griffues et plante son regard dans le mien.

Je sens un courant désagréable me parcourir le corps, et une présence inconnue dans mes pensées. La chose fouille mes pensées. Elle n'y trouve rien, bien-sûr.

- Elle ne sait rien, dit la créature. Le garçon ne lui a pas dit où il allait.

Je sais de qui ils parlent. Je ne connais qu'une seule personne susceptible d'être celle qu'ils cherchent. Axe.

- Que voulez-vous ? ai-je le courage de bredouiller.

La plus grande créature s'avance lentement vers moi avant de lancer:

- Tu vois, ma petite, nous cherchons ton ami, le jeune Axel Yze. Tu le connais comme étant simplement Axe, je pense. Il détient un pouvoir de grande importance pour notre peuple. Nous le voulons.

Axel. Je croyais qu'Axe était son prénom complet. Et je dois en savoir plus sur les intentions de ces monstres.

- Qui êtes vous ? je crache.

- Nous sommes des zéniens. Nous venons de Zénia, un univers voisin à Univers et à Pixyx. Tu vois, chez nous, l'apparence est différente.

Celui qui s'était exprimé avait l'air plus âgé que les autres, et plus mesquin aussi. Il a parlé d'Univers comme d'un nom. J'en déduis que c'est le nom qu'on donne à l'univers où je suis présentement. Original.

Je sais maintenant qu'il existe au moins trois univers. Zénia, Pixyx et Univers. Je me demande s'il en existe d'autres. Pour le moment, autre chose me chiffonne.

Comment vais-je faire pour sortir d'ici maintenant ?
En manque d'idées et désesperée, je me donne un élan vers l'arrière pour me cogner le crâne contre la barre en métal qui sert de soutien à ma tête. Avec un grondement de douleur, tout s'embrouille et devient noir.

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À mon réveil, il se produit quelque chose de très bizarre.
Je ne sais pas comment cela se peut, mais Axe se matérialise juste en arrière des zéniens. Il me fait signe de ne pas parler.

Je le vois empoigner une sorte de couteau doré à la lame si mince qu'elle a l'air translucide. Axe frappe les zéniens avec le couteau d'or, et ceux-ci disparaissent laissant derrière eux une petite pile de sable de la même couleur que leurs écailles.

Je ne comprends plus rien. Tout se passe trop vite. Axe me prend la main pour m'inciter à courir, mais je glisse sur le sable et je me cogne la tête sur le sol. Je vais avoir un sacré mal de tête.

En essayant de me relever, tout s'embrouille de nouveau.

La dernière chose que je vois, c'est la tête d'Axe, avec ses cheveux bleus poudre qui sont si familiers et rassurants à présent.