Birthday partie 1

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Aujourd'hui c'est mon anniversaire ! Je n'avais pas dormi de la nuit tellement j'étais excité. Je me retournais sans cesse dans mon lit. Je surveillais l'heure de mon téléphone, puis je me remettais à rêvasser, à me faire des scènes où tout le monde me souhaitait mon anniversaire. Tous ceux qui ne me connaissaient pas, tous ceux qui ne m'appréciaient pas pour qui je suis, tous ceux qui me connaissaient et évidemment tous ceux qui m'aimaient. C'était mon côté mégalo. Bien sûr, il ne fallait pas que je me fasse des idées. Les inconnus n'allaient pas me le souhaiter sinon cela deviendrait louche, ceux qui ne m'aimaient pas m'éviteraient, mais c'était jouissif de s'imaginer les gens en train de m'élever au rang d'idole.

D'ailleurs, je me trouve bizarre, j'aimerais, et en même temps qui n'aimerait pas être considéré comme un dieu, avoir un peuple m'adorant, et moi au milieu d'eux. Pouvoir tout décider, quand je veux, de tout et n'importe quoi. Des légendes autour de moi, où je réaliserais des exploits extraordinaires. Mais si tout cela m'arrivait, je ne supporterais pas l'idée de savoir que tous me mentiraient, et je pense que juste pour ça je ne voudrais pas.

Mais il serait super qu'au moins une fois dans ma vie je sois connu.

Je quittai mon lit qui avait tenté de me faire dormir mais que je n'avais pas écouté. Je me préparais, puis quand j'avais fini, je m'affalais dans le canapé en attendant l'heure à laquelle arrivait mon covoiturage.

Déjà sur Facebook, on commençait à me le souhaiter. Deux personnes avec qui j'avais perdu presque tous liens.

Ça me faisait plaisir quand on pensait à moi. J'avais tellement peu de prestance au quotidien... Une fois ma professeure d'espagnol avait demandé si j'étais absent, j'avais beau dire que j'étais bien là, elle m'avait inscrit comme étant absent. Il avait fallu que ce soit quelqu'un d'autre qui la prévienne de son erreur. Et ce n'était pas le seul exemple, au collège, notre professeure principale avait décidé de nous changer de place. D'abord, elle nous mettait debout, puis elle installait les garçons. Au moment de commencer à placer les filles, la classe se mit à rire, la prof ne comprit pas jusqu'à ce que quelqu'un lui dise que j'étais là. Non je n'étais pas caché, loin de là. Encore une fois j'avais essayé de me manifester mais elle ne m'avait pas entendu. Quand j'expliquais tout cela, on comprenait pourquoi je voudrais être connu.

Ma mère descendit les escaliers et vint me caresser la tête. Elle me glissa à l'oreille :

- Bon anniversaire mon fils.
- Merci M'man, lui répondis-je affectueusement.
- Ça te fait quoi d'avoir seize ans?
- Non mais sérieux c'est quoi cette question?

Elle se leva le sourire aux lèvres et partit mettre ses chaussures. Je fis de même.

Au moment de quitter la maison, ma mère, qui me tournait le dos et qui se trouvait devant le miroir de notre entrée, me rappela de ne pas trop me bercer d'illusions à propos de mon anniversaire. J'acquiesçai et fermai la porte.

- Et il te va bien ton pantalon kaki et ton tee-shirt blanc.
- Merci maman.

Dehors, il y sentait l'odeur fraîche de la pluie. Il faisait encore lourd. On pouvait distinguer dans le ciel trois grosses rayures bien distinguent. À droite, des nuages noirs comme de l'ébène qui recouvraient dangereusement la ville. Au centre, une longue ligne de ciel bleu éclairée par le soleil nous donnait encore un peu de lumière, avant que les nuages ne recouvrent tout. Enfin à gauche, de nouveau des nuages menaçants. Le vent venant de droite accélérait leur propagation. Il soufflait fort et agitait les plantes. L'eau recouvrait le bitume et il nous offrait sa fameuse odeur lorsqu'il est mouillé. D'immenses flaques, qui devenaient des lacs, s'étendaient sur la route. Les voitures passant arrosaient les herbes sur les côtés et inondaient, en soulevant l'eau, quelques fourmilières. Ce n'était pas un si beau temps pour mon anniversaire.

BIRTHDAY, histoire d'une journéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant