Birthday partie 2

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Comment le décrire... Ils avaient refait l'intérieur du lycée de fond en comble. La salle ne ressemblait plus à celle que je connaissais. Pour l'occasion, on avait ouvert le plafond, qui normalement était une coupole faite de verre sale déformé par le temps et une armature en béton noirci qui laissait tomber de la poussière chaque fois qu'un élève éternuait. Là, non, la coupole était parfaite et faite de verres cristallins qui ne présentaient aucun reflet tant ils étaient propres et je suis sûr que l'on pouvait essayer de trouver la moindre trace de doigt ou de saleté, en vain ; Chaque morceau de verre était séparé d'une armature sculptée d'arabesques toutes gravées avec minutie, complètement en or massif. De plus, la coupole était ouverte comme un lotus ou une fleur d'ibicella lutea. L'arc-en-ciel de tout à l'heure était encore plus intense et s'étalait sur le sol créant des reflets colorés un peu partout. Aucun nuage venant plomber le ciel. Et il se déversait dans la salle une lumière vive et dorée qui dégoulinait sur les murs et sur un portrait de moi! Il dominait la salle et ressortait parfaitement avec tout ce blanc nacré et doré pure. Dans les coins de la pièce poussaient quatre piliers nacrés ayant la forme d'arbre, sculptés de millions de petits motifs. Tels des titans, on n'en voyait pas le bout tellement le soleil illuminait l'ensemble. D'ailleurs, aucune ombre n'apparaissait dans la pièce, même aux endroits où il était censé y en avoir. Le sol et les murs eux aussi tout en blanc nacré, étaient scintillants et tant ils étaient nickel qu'ils donnaient l'impression que la salle s'étendait à perte de vue. Et c'était pas fini, au rez-de-chaussée, des énormes vases en or sans impureté contenaient des acacias jaunes bien fleuris. Dans d'autres pots aussi en or massifs, se situant au premier étage, se trouvaient sur l'ensemble des bords du niveau des millepertuis avec des petites feuilles de glaïeul magnifiques. Enfin, au dernier étage, toujours au niveau des bordures, avaient fleuri des physalis et des oeillets striés qui se laissaient pendre dans le vide et ne demandaient qu'une chose, de nous rejoindre. Un drap aux fils d'or était accroché sur l'ensemble des murs du lycée, il faisait penser à un immense serpent ou à un dragon. La créature volait dans toute la pièce grâce au vent. Et lorsque l'on se trouvait au centre du rez-de-chaussée, on pouvait contempler tout ce décor.
Tout était beau, mise à part cette mouche qui faisait tâche. Elle ne me gênait pas puisqu'elle passait sur la tête de tout le monde sauf moi. Mais elle captait l'attention, c'était gênant.
J'avais beau essayer de me dire que tout cela était la réalité, il était impressionnant de voir ce nombre monstrueux de personnes m'acclamer. À tous les niveaux et par centaines, les gens s'amassaient, se bousculaient pour me voir. De vrais sauvages, ça me faisait rire.
Aussi j'avais remarqué que des personnes étaient habillées dans le style du carnaval de Venise mais encore une fois soit tout en blanc moiré soit en doré. J'adorais ce carnaval, c'était un mélange entre fantastique et fantaisie, de mystère et à la fois de beauté. D'ailleurs, plusieurs personnes partaient pour revenir habillées. Abalone, Lanice, Gramma, Is, Omb ou encore Tro partirent pour revenir sans doute habillés puisqu'après je ne les revis plus. Au final, je me retrouvais un peu seul étant le seul à ne pas être déguisé. Je faisais tâche. Mais le décor était impeccable. Et puis il y avait un buffet au fond de la salle. Mon ventre se mit soudain à gargouiller. Des saucisses apéros en grande quantité... Ils savent tous les moindres détails de mes goûts, comment ils font?
Je m'apprêtais à rejoindre mon repas, lorsque quelqu'un en tenue monta sur une estrade placée en plein milieu de la salle. Il était petit mais l'habit qu'il portait était digne des plus grands costumes du Carnaval de Venise. Et ça lui allait parfaitement. Pourquoi ne m'en avait-on pas fait un? J'aurais adoré, à part si j'étais seul. En guise d'accessoire, il tenait à la main un trident qui avait au bout la forme d'une croix incrustée du côté des dents pointues de l'arme. Même les accessoires étaient magnifiques ! L'homme sur l'estrade n'était pas le seul à posséder cet objet.
La foule se tus rapidement pour le laisser parler.
- Bon, commença-t-il en se tapant dans les mains et fit une pause pour balayer du regard l'assemblée.
Je reconnaissais sa voix. C'était Gramma.
- Enfin le jours que nous attendions tous! s'exclama-t-il. C'est en ce jour que naquit le héros du jour!
Tout le monde se retourna vers moi et me poussa jusque devant l'estrade.
Afin de célébrer comme il se doit, j'attends un discours de la part de notre bel ami.
Les gens à tous les étages, à l'unisson, répétèrent en choeur et en tapant des mains ce qu'il venait de dire. Ça faisait un peu secte quand même...Et moi je représentais le sacrifice. Ça fait froid dans le dos. Gramma me repéra du regard et me tendit sa main pour me faire monter. Les gens derrière m'encourageaient et me poussaient, de vrais sauvages. Puis, sans même prévenir, le garçon en terminale S sur l'estrade, m'agrippa la main et du bras musclé qu'il avait, me fit décoller du sol pour me faire atterrir sur la tribune. Lorsque les lycéens hurlèrent en tapant des pieds et des mains, tout le bâtiment trembla. Quelques fleurs de physalis tombèrent sur ma tête, c'est pour vous dire l'effet que je produisais...
Gramma partit en douce de l'estrade, ce qui fit taire les autres. Si bien qu'à peine une demi-seconde plus tard, je me retrouvais seul face à tous ces chacals. La salle était immense et le nombre de personnes : astronomique. On ne remarquait pas tout de suite les yeux des lycéens, en revanche leur regard se faisait sentir et devenait gênant tellement il était à l'affût de mes moindres faits et gestes. Et tandis que leur excitation rentrait en irruption intense je ne pouvais leur sortir un discours à deux balles. Pourtant, je ne savais pas comment j'allais m'y prendre pour leur en sortir un alors que ce n'était que la première fois. Je n'avais pas envie de me ridiculiser devant tout le monde. La honte, quoi...
Le terminal qui venait de me laisser seul se trouvais juste devant moi dans la fosse et il me tendait son micro. Je me baissai pour le prendre et vis la seule personne que j'avais reconnu en costume partir se fusionner à la foule. On referma la coupole et l'air devint tout de suite plus chaud.
Un sourire nerveux se cramponnait à mon visage et des gouttes de sueur perlaient sur mon front. J'inspirais profondément puis expirais et je fis cela deux fois. Je me sentis mieux. Ma main se resserra autour du micro et le leva vers ma bouche. La salle était si silencieuse. Pas un bruit ne venait perturber ce moment, même la mouche de tout à l'heure. Elle avait dû s'en aller. Les gens étaient près à boire mes paroles.
- Bonjour à tous... débutai-je tout en balayant du regard l'assemblée silencieuse. Je tiens à prévenir que c'est mon premier discours devant autant de monde... D'ailleurs je ne pensais pas que l'on m'accueillerait comme ça. Quand je me suis réveillé ce matin, ma mère m'avait dit de ne pas me bercer trop d'illusions. C'est ce que je me suis dit tout au long du trajet parce que je ne voulais pas être déçu. Et j'ai bien fait, puisque j'ai été encore plus ébahi par cette surprise, par tous mes amis et par toutes les personnes à qui je n'avais pas vraiment parler, et qui m'ont préparé cette super journée. Et lorsque je l'ai découverte, j'en ai été le premier touché. C'est la journée où l'on a fait le plus attention à moi. et je vous en remercie. C'est vrai. Qui aurait pu croire que l'on me souhaiterait mon anniversaire aussi chaleureusement? Donc j'aimerais encore une fois vous dire merci du fond du coeur.

BIRTHDAY, histoire d'une journéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant