Chapitre 17

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Perturbant. Oui, c'était le mot. Exactement ce que Dean avait ressenti en feuilletant les livres signés par Carver Edlund. C'était peut-être même un tout petit peu flippant. Après tout, il n'avait pas vraiment l'habitude de voir sa vie défiler devant ses yeux. Littéralement.

Assis à la table de la misérable cuisine de Chuck, Katherine et Bobby à ses côtés, il ne pouvait quitter des yeux cette série de bouquins qui narrait les moindres faits et gestes qu'il avait pu faire ces dernières années. Il n'aurait même pas été étonné, vue la précision avec lequel l'écrivain décrivait sa vie, que figure sur papier des statistiques quant à ses allées et venues au petit coin.

Chuck était manifestement lié, d'une façon ou d'une autre, à Sam et lui. D'après ses explications, il rêvait des frères Winchester depuis quelques années et mettait des mots sur toutes les images qui défilaient derrière ses paupières durant ses songes. Et, inexplicablement, tout ce qu'il pouvait bien écrire arrivait inévitablement aux deux frères. En effet, leur hôte avait pu leur montrer, comme preuve face au scepticisme de Dean et Bobby, l'ébauche d'un nouveau roman qu'il avait commencé quelques jours plus tôt. Ébauche traitant sur son étrange rencontre avec certains des personnages qu'il pensait avoir créé, tel que le plus que célèbre Dean Winchester. Quand on disait perturbant...

-J'ai mon devin personnel, maintenant, avait plaisanté le jeune homme. On devrait aller à la loterie ensemble un de ces quatre, Chuck !

Chuck paraissait encore plus sonné que le reste de la bande. Lui qui semblait déjà nerveux avant même de savoir l'identité de ses illustres invités était désormais sur le bord de la crise de nerfs.

-Mais là n'est pas la question, se reprit Dean. J'ai besoin d'aide pour retrouver Sam. Tes prémonitions ne t'ont pas indiqué où ces stupides anges le retiennent ?

-J'ai vu...certaines choses, mais aucunes d'entre elles ne peuvent mener à ton frère, à ce que j'en sais.

-Certaines choses comme quoi ? Est-ce qu'il va bien ?

Chuck parut hésiter, ce qui rajouta à la crainte du chasseur une couche dont il n'avait vraiment pas besoin. Il se leva en frappant brusquement ses poings sur la table, faisant sursauter tous les convives, et menaça du doigt un Chuck qui se faisait dorénavant tout petit.

-Je veux que tu me dises comment va mon petit frère, espèce de fils de...

-Calme-toi, Dean ! s'exclama Bobby en le soustrayant d'un regard noir à reprendre sa place sur sa chaise, lui qui avait plus d'une fois eu affaire aux pulsions dangereuses des Winchester.

Le chasseur se rassit sans rechigner, trop occupé qu'il était à attendre avec impatience les explications de Chuck.

-Les...les anges ont prévu quelque chose pour lui, bégaya ce dernier. Ils veulent qu'il déclenche l'Apocalypse.

-Les anges ? Mais comment ? Pourquoi ?

Chuck baissa les yeux sur ses mains, qu'il triturait sans ménagement.

-Je n'en sais rien.

Il mentait, c'était clair. Après avoir passé toute sa vie à mentir, cet art n'avait plus aucun secret pour Dean. Contrairement à Chuck, qui bluffait encore moins bien que Sam. Mais le chasseur laissa tomber l'idée d'envoyer valser leur hôte à travers la pièce. Il n'était pas sûr de vouloir savoir ce qu'on réservait à son petit Sammy.

-Mais comment il va ? Tu le sais, ça ?

Encore un moment d'intense hésitation de la part de l'écrivain.

-...La dernière fois que je l'ai vu, il se laissait mourir de faim.

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Lorsque Sam ouvrit les yeux, il se crut d'abord au Paradis. Il avait réussi, ça y était. Les anges ne pourraient plus rien avoir de lui. Mais sa jouissance fut d'une courte durée, car lorsque sa vue s'améliora, il retrouva la même pièce richement décorée que celle dans laquelle il avait eu l'intention de mettre fin à ses jours. Tout était identique à l'exception de l'homme assit devant lui, qui l'observait avec cette attention propre aux enfants.

-Je ne suis pas mort. Pourquoi je ne suis pas mort ?

-Parce que je t'ai abreuvé et nourri.

L'inconnu avait dit tout cela avec une telle simplicité que la rage qui avait envahi le chasseur en premier lieu disparut presque instantanément. Qui était donc cet homme, avec son long Trench coat et ses manières de gamin ? Ses yeux ressemblaient à ceux d'un chien délaissé, sans pour autant qu'ils ne soient purement...humains.

-Qui êtes-vous ?

-Castiel, répondit instantanément l'étranger.

Sam sauta sur son siège. Il se serait même remis sur ses pieds pour étreindre le nouvel arrivant si sa tête ne l'élançait pas autant et s'il n'avait pas l'impression que la pièce s'amusait à tourner dans tous les sens. Il y avait peut-être une chance. Une chance de reprendre espoir.

-Castiel ? Le Castiel de Dean ?

Ce ne fut qu'après avoir prononcé ces mots que le jeune homme constata qu'il y avait bien un double sens à sa question. Castiel ne parut néanmoins pas s'en rendre compte.

-L'ange Castiel ?

L'homme au Trench coat se leva, commençant à faire les cent pas devant Sam, qui se sentit soudain tourner davantage. Pourquoi ce Castiel ne pouvait-il pas rester assis sans bouger ? Peut-être cela aurait pu lui faire passer son intense envie de vomir.

-Plus maintenant, lança son compagnon de cellule en continuant inlassablement sa marche infernale. Je ne suis plus un ange. On m'a enlevé ma grâce.

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Ave ! Je suis revenue hier de mon voyage (qui était tout bonnement parfait pour ceux que ça intéresse) et, même si je n'ai malheureusement pas pu avoir accès à mes textes, j'ai tout de même pu m'avancer à l'écrit.

Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Donnez-moi vos impressions, ça m'intéresse !

Joe.



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