Sauvés de la Perdition

Chapitre 2

-Le Canada ? T'es sérieux ? Et hier tu voulais aller dans les Caraïbes !

-Je voulais sortir du pays. C'est déjà ça.

-Tu voulais aller quelque part où il fait soleil et je ne crois pas que le Canada fasse partie du Top 100 des contrées les plus ensoleillées.

Les deux chasseurs venaient tout juste de passer les frontières et, sous sa fausse identité, Sam avait miraculeusement réussi à persuader le douanier de na pas fouiller la voiture. Dean doutait quelque peu que s'était en le remarquant que l'agent les avait suspecté, mais il n'y pouvait rien. Quoi qu'il fasse, il attirait toujours l'attention des gens susceptibles de le faire enfermer.

-Et pourquoi sommes-nous ici, de toute façon ? demanda Sam en levant les yeux au ciel. La piste qu'on avait déjà ne te suffisait pas ?

-Il doit bien y avoir une raison pour que Cas veuille qu'on vienne ici. Tu n'es même pas un peu curieux de savoir de quoi il s'agit ?

-Il ne t'a pas dit ce que nous devrions faire pour lui ? Est-ce qu'il t'a au moins donné une destination fixe ?

Dean soupira. Sam ne pouvait-il pas accepter la situation sans poser de questions ? Son cadet l'insupportait, parfois, avec ses raisonnements plein de bon sens et ses façons de tourner tous les agissements de son frère au ridicule. Oui, il roulait dans un pays qui lui était inconnu sous le commandement d'un ange ne lui ayant laissé aucune piste ou même un but précis. Et alors ? Il n'y avait pas de quoi en faire un plat !

-Non, il n'a rien dit là-dessus. Il n'a pas dit grand chose, en fait. Seulement un truc dans le genre "un anneau pour les gouverner tous" !

-Je suis sérieux, Dean. Comment peux-tu savoir où aller s'il ne te l'a pas dit ?

Excellente question. Dean n'avait bien entendu aucune idée de ce qu'il faisait. Mais c'était dans cette direction qu'ils devaient aller, il le savait. Il le sentait.

-Je le sais, c'est tout.

Avant que Sam ne puisse revenir à la charge, Dean activa la radio et, sous les aires de Metallica, commença à chanter à tue-tête.

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"Veillez sur elle, Dean. Ne les laissez pas s'en prendre à elle."

Les derniers mots de Castiel jouaient en boucle dans la tête de Dean, sans qu'il ne puisse les oublier.

Il stationna l'impala sur le bord de la route, le chemin principal d'un tout petit village dans le nord du pays. Il n'aurait pas pu se situer sur une carte, mais il savait seulement qu'il était mort de fatigue à force de rouler et que la température avait nettement diminuée depuis son départ des États-Unis, le matin même.

Pourtant, sans pour autant savoir où il était, il savait que c'était là, devant cette maison de campagne, trônant telle une reine sur la bordure de la route, qu'il devait s'arrêter.

La chaumière ne comptait pas de voisins rapprochés et une immense forêt occupait une bonne partie du terrain. L'endroit semblait lugubre sous le ciel gris de cette fin d'après-midi. Seule l'habitation, bâtie en pierre, semblait quelque peu éclairer ce paysage sinistre.

Les Winchester, parés de leurs éternels smokings de mauvaise qualité, s'avancèrent côte à côte en direction de la porte d'entrée, où Dean n'hésita pas à sonner. Quoi que Castiel veuille de lui, il avait bien l'intention de régler ce travail au plus vite. La sensation qu'il éprouvait depuis sa dernière rencontre avec l'ange le déstabilisait au plus haut point. Non pas qu'il détestait le sentiment de chaleur qui l'envahissait plus il approchait de son but, au contraire. Et c'était bien le problème : il appréciait ce qu'il éprouvait.