Chapitre 2

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"Listen to your heart

There's nothing else you can do"

                              — Listen to your heart de DHT

JACK

Le bruit de la sonnette me tire de mon sommeil. Je grogne tel un ours mal léché. Je n'ai pas dormi comme ça depuis des mois. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais ça m'a mis KO. Une cuite peut-être, j'en doute, la bière n'éloigne pas les cauchemars. Je me redresse dans un florilège de juron. Une douleur lancinante m'attaque de toute part. Un énorme bandage plaque mon bras contre mon torse. Les souvenirs reviennent comme un flash-ball. Je soupire. Hier, j'ai fait ce que je me suis interdit : ramener un inconnu chez moi. Ça aurait pu très mal finir. Faut que je fasse plus attention, je peux plus me permettre de jouer avec le feu. Le strident de la sonnette n'a pas cessé. Je vais tuer l'enfoiré qui joue avec mes nerfs.

— Putain cinq minutes j'arrive ! je crie.

Le bruit cesse pour mon plus grand plaisir. Avec difficulté, je m'assois massant mon cou d'une main. Ce canapé est un supplice. Il faut que j'arrête de dormir dessus à la moindre blessure. La plaie tambourine dans mon bras. Le seul remède : une cigarette que je glisse entre mes dents. Sans prendre la peine de mettre un tee-shirt, encore moins de ranger le bordel de mon F1, je vais ouvrir la porte.

— T'en as mis du temps, m'engueules Ryan, pourquoi tu ne réponds pas quand je t'appelle ? Et c'est quoi ça ?

Physiquement, on se ressemble. Svelte, pas trop musclé, les yeux bleus et des cheveux châtain plus foncé chez lui. Seulement, il est plus grand, avec une mâchoire plus carrée et fait son âge contrairement à moi. On dirait que j'ai vingt-cinq ans avec mes cernes, ma barbe et mes yeux qui dissimulent trop d'horreurs. En réalité, je sors à peine de l'adolescence et j'ai l'impression de ne plus en être un depuis longtemps. Je ne suis pas surpris qu'il soit en colère et inquiet. Trop de fois, il m'a vu dans cet état. Trop de fois, il a joué les infirmiers. De nous deux, c'est lui le plus mature, le plus raisonnable et ça ne devrait pas.

— C'est rien, je réponds, je me suis embrouillé avec quelqu'un.

Il soupire et rentre dans l'appartement tandis que j'allume enfin ma clope. C'est mon médicament contre toutes les douleurs physiques, le stress, l'angoisse et mes peurs. Je n'ai pas d'autres choix, l'hôpital me terrifie.

— Assieds-toi, m'ordonne-t-il après s'être assis sur ma table basse, je vais changer ton bandage.

J'obéis tandis que je souffle de la fumée toxique. Il découpe avec précaution les bandes, je ne peux m'empêcher de grimacer.

— T'as fait ça tout seul ? me demande-t-il une fois les points de suture mis à nu.

— Non, on m'a aidé. J'aurais dû t'appeler, mais je ne voulais pas te mêler à mes problèmes.

— Jack, tu sais très bien que je suis prêt à tout pour toi, me répond-il mettant du désinfectant sur un coton.

Je mets fin à la discussion avec une nouvelle bouffée de cigarette et fixe la cuisine. Dans un soupir, il pose la compresse. Mon bras droit se contracte violemment. Bordel, ça fait un mal de chien. Un bandage tout neuf est posé.

— Garde ton bras en écharpe, m'ordonne Ryan, ça t'évitera de faire sauter tes points.

— Ouais, je mens, t'inquiètes.

J'ai besoin de mon bras. Pour conduire, pour me battre, pour la vente de demain soir. Si les points sautent, je retrouverai mon super médecin à domicile.

— Au fait, j'ai trouvé ça devant ta porte. Je croyais que tu ne ramenais personne chez toi.

— Ouais, mais les règles sont faites pour être enfreinte.

LIAR : PREQUELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant