IrréversibleJusqu'à mourir (Sous contrat d'édition)

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Deux mois plus tard...

J'ai dû tout abandonner, mes amis, qui sont aussi ma famille, ma ville, mon appartement, mon stage de cuisine avec un grand chef, tout. J'ai dû tout laisser derrière moi.

Mais c'était pour mieux me reconstruire, pour mieux me mettre à l'écart...pour mieux me venger.

Quand je suis partie j'ai fait des recherches pour retrouver celui que je voulais, les résultats étant fructueux j'en ai profité pour m'installer dans sa ville, j'ai trouvé un petit appart correct dans le centre, proche de son lieu de travail, je me suis dégotée un job au bar du coin et j'ai intégré un programme psychologique pour les victimes de viol, parce que même si tout paraît en place dans ma tête je sais que ces réunions me font du bien.

Je suis quelqu'un de très simple en réalité, je me sers beaucoup de mes atouts physiques aujourd'hui parce que ça n'a pas toujours été le cas, mais à part ça j'estime être une fille relativement gentille, aimante avec les autres, je me donne entièrement lorsque je suis avec quelqu'un, je cuisine, je souris tout le temps, enfin avant qu'on vienne gâcher ma vie, et j'aime les femmes.

Je suis en train de me préparer pour aller bosser quand mon portable sonne.

-Salut Matt comment ça va ?

Je décroche gaiement. Je fais toujours bonne figure devant mes amis, je ne veux pas qu'ils sachent ce qu'il se trame dans ma tête, je veux qu'ils gardent l'image de celle que j'étais avant.

-Vina...il s'est passé quelque chose avec Callie hier...

Je perds aussitôt mon sourire, mon cœur bat plus vite et un long frisson dévale le long de mon dos.

-...rien de grave elle est surtout choquée mais je voulais te prévenir.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ma voix s'est affolée et mes mains ses sont mises à trembler.

-Je ne sais que ce qu'Alex a bien voulu me dire, il m'a parlé d'un mot que Callie aurait trouvé devant sa porte et qu'elle se serait évanouie sous le choc de ce qu'elle a lu, mais je ne sais pas qui l'a écrit, ni ce qu'il y avait de marqué dessus.

Sans plus d'explication je sens que je le sais, oui je le sais, c'est même pour cette raison que je suis là.

-Vina ? Tu es toujours là ?

La voix de Matt me sort de mes pensées, qui commençaient à dangereusement dériver.

-Oui...oui je...je suis là. Je suis là Matt ! Comment elle va ?

-Elle est choquée mais elle va bien, Alex l'a forcée à aller à l'hôpital parce qu'elle ne voulait pas y aller mais elle va bien. Je voulais juste que tu le sache.

Il a un léger rire et reprend.

-Tu aurais dû voir ça ! Ces deux-là quand ils ne veulent rien lâcher c'est quelque chose !

Je souris. J'aimais Callie c'est certain, mais j'aime encore plus la savoir heureuse aujourd'hui, surtout qu'Alex est un mec bien, et il est super canon !

Enfin pour un mec !

-Oui je vois ça d'ici ! Je vais devoir te laisser Matt avant d'être en retard au travail mais...merci d'avoir appelé, je l'appellerai ce soir pour prendre de ses nouvelles, je vous embrasse tous.

-Ca marche ma belle, prends soin de toi.

-Bye.

Je raccroche, mes mains tremblent toujours et j'ai froid. Mes yeux sont dans le vague.

Mon attention se reporte machinalement sur la pendule du salon.

-Merde !

J'attrape rapidement mon sac qui traine parterre à l'entrée et je sors.

Il est 23h30, je finis mon service tard ce soir, il y a eu plus de monde que prévu, et la politique du patron « on ne refuse pas les clients » fait qu'on ferme seulement maintenant alors qu'on devrait être partis depuis plus d'une heure. Je vais devoir reporter mon appel à Callie demain.

Je sors dans le froid de la rue, ma bombe lacrymo dans une main, mon téléphone dans l'autre où le numéro des urgences est préenregistré. C'est la seule façon pour moi de me sentir un minimum en sécurité, j'ai même une petite matraque dans le fond de mon sac.

J'entends un cri étouffé sur ma droite et je vois deux ombres se dessiner contre le mur extérieur du bar, on dirait une femme, à la vue de sa silhouette toute en courbes, face à un homme, qui a une carrure beaucoup plus massive, j'ai l'impression qu'il a une main portée à son cou et l'autre qui lui serre férocement la mâchoire, alors que ses mains à elle sont accrochées aux poignets du type pour essayer de se dégager de son étreinte.

Je m'avance prudemment, de là où je suis ils ne peuvent pas me voir, l'auvent de la devanture du bar me laisse dans l'ombre.

-Eh !

Je crie assez fort pour que mes collègues qui sont encore à l'intérieur puissent m'entendre.

Le type tourne sa tête dans ma direction.

Putain non !

Il ne peut pas me voir mais moi je le vois parfaitement. Je reconnais les traits de son visage, je reconnais son regard rempli de haine et de colère, je reconnais ce rictus sadique qui se dessine sur ses lèvres. Mon sang se glace, j'ai le souffle coupé, je suis scotchée sur place et mes mains tremblent.

Il faut que je me reprenne, je savais que je le reverrais, c'est même pour ça que je suis là et ça fait même deux mois que j'attends qu'il croise ma route.

Je savais que j'allais devoir faire face à un moment ou un autre, mais je n'étais pas encore prête, pas ce soir.

Il reporte son attention sur la fille, lui décroche une énorme gifle et s'en va, sans regarder derrière lui. J'attends de voir une voiture, que je suppose être la sienne, quitter le parking du bar et je me précipite vers la fille.