Quelqu'un s'est-il déjà demandé comment je pouvais avoir vécu ça ?
Est-ce que quelqu'un a déjà douté de mon innocence ?
Je reconnais que j'avais des antécédents. J'avais tué cette fille, quand je vivais au Canada. Mais j'étais à bout, à ce moment-là, je n'en pouvais plus. Et elle était là, à ma merci, pataugeant, luttant pour respirer avec ses maigres forces...
Puis, longtemps après, il s'est produit à peu près le même scénario, avec cette autre fille. J'ai tué pour la deuxième fois, après vingt ans. Oui, la deuxième. Je le précise, parce que ça me rend furieux qu'on essaye, entre mes deux uniques victimes, de me mettre le meurtre de ce gars sur le dos. Ironiquement, c'est précisément sur mon dos qu'on a retrouvé son cadavre. Je me doute que ça ne joue pas en ma faveur, mais je vous jure que je n'ai rien à voir avec sa mort. Enfin, je vais vous expliquer.
C'était la nuit, alors je pionçais. J'étais séparé des filles, comme d'habitude, parce que sinon, elles me mordent. Ne vous en faites pas, c'est normal, elles sont toujours agressives avec les garçons. En plus, elles étaient avec leurs gamins, donc hyper protectrices en plus du reste. Bref, du coup, il y avait les Autres qui étaient censés vérifier que nous n'étions pas en train de crever d'une façon ou d'une autre, mais comme ils étaient fatigués, ils faisaient leur boulot à moitié et, par conséquent, ils n'ont pas entendu les intrus passer par-dessus la grille. Ils étaient trois : un homme, une femme et un macchabée dans un gros sac. La femme est discrètement allée parler à un des Autres, qui faisaient semblant de travailler, et ils ont dû passer un genre d'accord, parce que le premier a éloigné ses collègues vers les filles, sous prétexte de voir si les bébés respiraient toujours.
Pendant ce temps, l'homme et la femme trainaient le sac vers moi et ils sortaient le corps. Le gars était déjà bien amoché. Je dis « déjà » parce qu'il se peut que je me sois un peu amusé avec son cadavre après le départ des intrus. Mais je le répète, il était déjà mort !
J'ignore toujours pourquoi ils ont tué ce type, et surtout, je me demande comment leur est venu l'idée de le mettre dans mon bassin. Je n'étais pas très connu, à l'époque, j'avais seulement noyé ma première victime.
Quoi qu'il en soit, cet incident n'a pas arrangé ma réputation. Et quand j'ai tué la deuxième fille quelques années plus tard, je suis devenu vraiment célèbre, entre ceux qui m'appelaient « l'orque tueuse » et ceux qui brandissaient des pancartes « libérez Tilly ». Moi, je ne voulais rien de tout ça. Je m'en suis énormément voulu. Mais j'étais aveuglé par la colère et la tristesse d'avoir été arraché à ma famille. Je le suis toujours.
Parfois, je repense à mon ancienne vie, celle qui me semble remonter à une éternité. L'époque à laquelle je glissais à travers les eaux noires et glacées de l'Islande avec ma famille, avant de lui être arraché pour finalement devenir le symbole de la folie chez les orques en captivité.
Au fait, moi, c'est Tilikum.
Note importante : Cette nouvelle m'a été inspirée par le film "Blackfish". L'orque Tilikum existe réellement ainsi que ses victimes. J'ai juste romancé certaines choses et réécrit l'histoire à ma sauce.
VOUS LISEZ
Bleu
RandomRecueil de nouvelles assez sombres mêlant fantastique, mystère, thriller, avec, à chaque fois, un bleu différent en toile de fond.