The first

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Au bout de quelques secondes, mon Mac Fleury parsemés d'oréo débarqua enfin sur le comptoir du Mc Donald.

Je réglais mon achat puis allais rapidement m'asseoir à la table la plus proche.
Je n'avais jamais vraiment été folle du Mc Do ' mais lorsque vous venais vivre dans le quartier la plus paumé d'Amérique, il vous faut en assumer les conséquences.

Oubliez les capuccinos crème du Starbucks ou la viande fumée du Burger King. Dans mon cas, ce temps était désormais révolu. Et j'allais devoir m'y habituer.

La lune surgissait peu à peu dans cet océan d'étoile au-dessus de nos têtes.
Après avoir dévoré ma crème glacée et gratter le fond de chocolat, je squattais le Wi-Fi quelques minutes supplémentaires.

Je faisais glisser les actualités Facebook, débouler les Story Snapchat et, finalement, me mis à écrire la suite de mon roman en cours sur Wattpad.

L'histoire d'une jeune fille aux taches de rousseur qui essayait de se reconstruire suite au décès de son petit ami trois ans plus tôt. Cette fille était réellement maudite. Même sa mère, la seule personne programmée pour l'aimer l'avait lâchement abandonné afin de devenir la femme la plus célèbre d'Amérique.
Rien de compliquer à raconter. Après tout, c'était l'histoire de May Bowers, mon histoire.
Je ne devais pas oublier la façon dont j'avais souffert, il fallait que je vive avec. Aucunes autres issues n'étaient possibles.

Mes yeux s'illuminèrent soudain lorsqu'ils croisèrent l'heure tardive sur mon téléphone. Il était pratiquement 21h30, Victoria allait m'assassiner de revenir aussi tard à la maison. Victoria est la femme qui s'est occupée de moi lorsque ma mère m'a abandonné. Elle n'avait pourtant que cinq ans de plus que moi et elle avait déjà un instinct maternel surprenant. Pratiquement animal.

Je me frayais finalement un chemin vers la porte de sortie.

Devant moi, un groupe de jeune paraissait atterré par mon look pas très commun.

À mes jambes grimpaient de longues chaussettes obscures qui s'arrêtaient à mes genoux. Mes fines chaussures compensées faisaient gagner quelques centimètres à ma petite taille.

Heureusement qu'avant de sortir, j'avais pensé à prendre sur mes épaules mon ample gilet noir.
Au bras d'un délicat garçon de petite taille, se tenait une amusante et adorable brunette aux nombreuses mèches mielleuses et  aux mensurations parfaites qui ne pouvait s'empêcher de contempler naïvement mon épaisse crinière d'un noir profond. Le côté droit de mon crâne rasé devait probablement la surprendre. Ou bien mes nombreux piercings rayonnants.

Je fis mine de ne pas assimiler leur frustration.
Je soupirais. J'avais réussi à sortir vivante du Mac do. Pas que ce soit quelque chose d'extraordinaire, mais pendant un instant, j'avais douté d'y parvenir tellement leur regard perçant paraissaient fusiller mon corps.

Sur la route pour rentrer à ma demeure perdue, je réfléchissais dans quelle catégorie mon roman serait classé si un jour il paraissait en librairie. Évidemment, ce ne sera jamais le cas vu déjà le peu de personnes qui apprécient mes chapitres. Mais rien ne m'interdit de rêver un peu.
Étant donné, le platitude normalité de mon œuvre ce ne serait clairement pas classé avec les bouquins de sciences fiction.
Pas ma faute si ma vie est à ce point basique.
Pour ce qui est du romantisme, je n'ai eu qu'un seul petit ami, Haïden. A présent, décédé.
Désolé de pourrir l'ambiance, hein, mais finalement, je crois bien que mon histoire serait classée dans la catégorie "vie de merde". Si ça existe un jour.

Je fus arraché à mes pensées lorsque je passais à côté d'un cimetière. Pas n'importe lequel. J'avais passé beaucoup de temps dans celui-ci trois ans auparavant.
C'était là que résidait désormais Haïden.
Trois ans que je ne lui avais pas rendus visite. Il avait fallu déménager à Boston pour que Victoria poursuive ses études. Elle avait pris soin de moi alors qu'elle venait à peine de sortir du lycée. Elle non plus n'avait plus de famille. Il n'y avait plus qu'elle et moi. Ensemble. Pour toujours.
Il fallait que je prenne du recul sur la situation. Et déménager avait été la meilleure solution pour nous deux.
Je ne me sentais pas prête à revenir déposer des fleurs sur la tombe de Haïden. Je ne me sentais pas prête à revivre tout ça. Une seconde fois.

Thorny Où les histoires vivent. Découvrez maintenant