Le vent avait tourné, les feuilles étaient tombées, le soleil avait réchauffé et la nuit avait glacé. Et elle m'avait aussi fait flipper. En particulier, lorsqu'un inconnu sexy essaie de vous arracher le poignet en pleine rue.
Bref, une semaine s'était écoulée. Et moi, je restais May, cette fille à la chevelure sinistre, au côté du crâne rasé et au visage parsemés de minuscules taches de rousseur.
Mais peut-être que les choses allaient enfin bouleverser mon quotidien, en ce jour de rentrée. En tout cas, c'est ce que j'espérais plus que tout au monde. Tourner enfin la page et en écrire une autre.Je dégringolais les escaliers de mes gigantesques pantoufles touffus tel un animal préhistorique.
Mes pattes pénétraient dans la cuisine et mes griffes dévoraient le réfrigérateur. Il devait être six heures du matin et Victoria n'était toujours pas debout.
Soit elle était encore en train de peaufiner ses croquis pour son premier jour dans cette prestigieuse école de mode dont elle avait toujours rêvé.
Soit elle avait complètement brûlé cette étape et s'était encore coucher à 4 heures du matin pour visionner tous les épisodes de Pretty Little Liars qu'elle avait manqué durant les vacances.
Encore à moitié endormie, je sortis le pot de Nutella du placard et me mis à faire griller quelques tranches de pain de mie au four.
Me gaver de chocolat n'était certainement pas la meilleure chose à faire dès le premier jour de cours, mais la morfale potelée mono boule qui possédait mon âme était beaucoup trop forte pour essayer de l'en dissuader.Un tsunami à la peau blanchâtre et aux cheveux roux ondulés déboula vers moi.
- May ! Ça fait combien de temps que t'es levé ? T'aurais pu me réveiller ! Je vais être à la bourre.
- Tu t'es encore tapé la dernière saison de Pretty little liars, je me trompe ?
Elle pouffait de rire tout en s'appropriant mes tartines grillées. Elle dévorait du regard le pot de Nutella qui se tenait dans ma main.
- N'y penses même pas ! - s'exclama-t-elle de son rire machiavélique. T'as déjà descendu tout le beurre de cacahuète la semaine dernière.
- Après mes tartines, tu ne prendras pas le pot de nut' en otage - la mis-je en garde.
- Comme tu voudras ! Mais n'oublie pas : Cinq minutes de plaisir pour cinq ans sur les fesses.
- T'inquiètes pas, mon plaisir durera beaucoup plus longtemps.
- Bon allez, je file May ! Oublie pas d'éteindre le four. Et souhaite moi bonne chance pour mon premier jour !
- Ouais ouais. Et soit sage, hein !
- C'est ce genre de phrase qui excite la vilaine fille en moi - renchérit-elle en me détachant un éternel clin d'œil.
C'est bien la seule mère qui oserait dire une chose pareille à sa fille. Même si, théoriquement, je ne le suis pas vraiment, je l'aime autant qu'un enfant aime sa mère, qu'un gourmand dévore sa pâtisserie ou qu'un chat rêve de ses croquettes.
Mon intervention à mon propre moi-même me fit penser que je n'avais toujours pas croisé les indomptables moustaches de Jelly.
Son grassouillet minois était tout ce qui me restait de Haïden. Lorsque sa famille et lui s'était éteint dans l'incendie dont leur maison avait été victime, Jelly venait à peine de germer des entrailles de sa mère. Seul, miraculé, face au monde.
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Thorny
Teen FictionNom, May Bowers. Ville, Buenos Aires après trois ans d'absence. Père, pas au courant de son existence. Mère, la abandonner pour devenir la femme la plus célèbre d'Amérique. Petit ami, décédé. Cherche, désespérément à retrouver une vie normale. Bref...