- Allez Charlyne, viens avec nous !
Je roule des yeux devant ma meilleure amie avant davaler cul sec mon jus dananas. Elle peut toujours courir, ce soir, je reste à la maison. C'est ma seule et unique nuit de repos avant la semaine prochaine. Je compte bien en profiter. Ses noisettes me supplient, je pince mes lèvres.
- Laisses tomber Vic, tu sais très bien qu'elle n'est pas cap de venir avec nous ! Persifle Jack un peu trop sûr de lui.
Oh, cette fois ci, je ne me laisserai pas berner, surtout quand on sait où mont mené mes paris avec eux. Il n'y a qu'à voir mon métier ! Non, ce soir je garde pleins pouvoirs sur mon esprit et mes faits et gestes, ma boisson sans alcool en atteste.
- Il n'y a pas de cap ou pas cap, répondé-je très calmement. Ça ne veut rien dire ! Cap ou pas cap demballer un mec. Ok. Cap ou pas cap de sauter dans le lac Washington. Ok. Mais cap ou pas cap de venir à une soirée, ça ne rime à rien !
Jack grimace en retroussant son nez crochu tandis que Vic souffle sa défaite dans un coin de notre canapé rouge défraîchi à côté de lui.
- Vous faites peine à voir, me moqué-je en étouffant un rire du coin cuisine.
- C'est la méga soirée du siècle chez Georges, Charlyne !
C'est surtout la méga occasion pour elle, de prouver à Georges, son déjanté d'ex petit ami, qu'elle se porte très bien sans lui. Même après qu'il ait été violent avec elle, elle persiste à le fréquenter, lui trouvant tous les jours une excuse différente. Tantôt, il avait trop bu. Tantôt, il n'était pas bien dans sa tête. Tantôt, il avait eu une enfance difficile. Il n'y a pas de tantôt à trouver. Il l'avait frappé, point à ligne et je dirais même dernière page de cette minable romance.
- Il y a une méga soirée du siècle tous les mois avec toi ! Dis-je finalement préférant éviter une conversation houleuse avec elle.
Jack incline sa tête d'un geste entendu, il n'en pense pas moins que moi.
- Tu es morose ce soir. D'habitude tu ne dis pas non, quand il est question de sortir bringuer.
Je me retourne pour ruminer une insulte à l'abri des regards. Sauf que d'habitude, nous ne sommes pas forcément ce sordide douze novembre qui a vu s'arrêter il y a deux ans ma carrière de danseuse étoile. D'habitude nous sommes n'importe quel jour de l'année, sans signification particulière.
- Je suis seulement un peu fatiguée, mens-je en déposant mon verre dans la pile.
Elle déborde. Vic est peut-être la meilleure des amies, elle reste et restera une piteuse colocataire. Je fais la moue en espérant avoir le courage et surtout avoir fini de tout ranger avant la fin de la nuit. Il n'y a pas que le coin cuisine qui dépérit, j'ai peine à croire qu'elle arrive à foutre un tel bordel dans un si petit appartement. Une seule pièce à vivre, qui fait aussi bien office de salon que de salle à manger, ouvert sur une cuisine, deux chambres, une salle d'eau commune et des toilettes. Le minimum. Pourtant nous gagnons assez d'argent toutes les deux pour pouvoir nous payer notre propre chez nous, ou en tout cas un appartement plus décent. Mais travailler à cinq minutes à pieds d'ici, ça n'a pas de prix. Question collocation, je dois être légèrement sadique, parce qu'aucun argument ne penche en sa faveur. J'ai beau fouiller rien !
- Allez Charlyne Seulement une petite heure Tu bois un coup. Tu danses. Tu rigoles un peu. Et je te ramène, promis ! Renchérit Jack.
Je foudroie la crédence noire des yeux comme s'il s'agissait de mes deux amis. Qu'est ce qu'ils n'arrivaient pas à comprendre dans le mot non ?! Aujourd'hui, je ne veux pas danser. Aujourd'hui, je veux penser à autre chose qu'à la danse. Aujourd'hui, je veux seulement oublier l'avenir brillant auquel j'étais destinée.
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L'INCONNU DE L'ASCENSEUR ET MOI
RomanceDe jour comme de nuit, tous les coups sont permis ! Le jour où Charlyne se retrouve coincée dans l'ascenseur avec un inconnu... elle panique. Il est grand, musclé, ne montre pas son visage, sent beaucoup trop bon... et en plus, il est sarcastique ! ...