Nos coeurs alarmés

13 - À nouveau

Paul va arriver dans quelques minutes et Eleanor est assez anxieuse. Elle se demande comment elle doit se comporter et comment il le fera lui, car la situation est assez confuse entre eux.

Il est déjà là, elle lui ouvre. Si elle est très gênée, lui en revanche semble naturel. Il se tient comme d'habitude, comme si rien n'avait changé. Un peu distant tout de même, mais il l'était déjà avant certaines fois. Ils se disent bonjour et s'assoient simplement sur le lit où ils discutent à peu près normalement, racontant leur semaine, parlant de leurs sujets de conversation habituels.

Mais au fil de la conversation, par des sous-entendus, des mots à demi voilés, ils abordent plus particulièrement l'événement qui les touche. Il y a en eux beaucoup d'incompréhension, de colère, l'un envers l'autre. Les paroles qu'ils s'adressent contiennent la violence à la fois de leur rage et de leur amour.

" Ça m'épuise que tu veuilles sans cesse être rassurée" lui dit Paul en la prenant par la taille pour la mettre sur ses genoux.
" Peut-être que si tu te comportais mieux avec moi je n'en aurais pas besoin" rétorque Eleanor en entourant ses épaules de ses bras.

C'est bien cela, réfléchit Eleanor, Paul et moi sommes trop différents émotionnellement. Il prend si légèrement ses sentiments, jamais il n'est embarrassé par eux, ils ne l'obsèdent pas comme moi. Mais même en exceptant cette différence, il doit comprendre que je ne fonctionne pas comme lui et que si on veut rester ensemble, il doit faire des efforts pour me comprendre et m'aider. Moi aussi j'ai des efforts à faire bien sûr, mais je ne veux pas être la seule à souffrir ni à m'acharner pour sauver une relation qui ne compte que pour moi.

Elle se penche pour l'embrasser, sur la joue d'abord, puis elle descend sur l'os de sa mâchoire, et dans son cou. Il passe ses mains sous ses fesses et la rapproche de lui. "Je ne reste pas avec toi si tu ne changes pas de comportement" dit-elle.

Il s'arrête et soupire. " Que veux-tu ?"
" Que tu sois plus gentil, que tu ne me traites pas comme si j'étais juste une pote. Je déteste l'idée que tu sois là en train de m'embrasser, mais qu'une fois parti tu ne penseras plus à moi, que je ne serai rien de plus pour toi. Ici on se touche comme si on était ensemble, mais jamais tu ne diras à tes amis que je suis ta petite amie. Je me sens méprisée, tu comprends ?"

" Non...non...ce n'est pas ça..." Il est un peu surpris. Mais il accepte de faire un effort : "D'accord". Eleanor est contente de sa bonne volonté, mais il se rend trop vite, pense-t-elle, c'est une promesse en l'air. "Je ne te crois pas" murmure-t-elle avant de l'embrasser. Ils s'embrassent longuement. C'est vrai que ça lui avait un peu manqué ça aussi. Je devrais être plus ferme, l'empêcher de me toucher ainsi, il réagirait. Mais je ne peux pas. Bien sûr, je l'aime, j'aime son être, tout ce qu'il est, et pas uniquement son corps, cependant l'embrasser, le caresser provoquent en moi des émotions si fortes. Elle appuie son baiser, elle sent que ses lèvres à lui se font plus prenantes aussi.

Il l'étend sur le lit en même temps qu'il lui enlève son tee-shirt puis il ôte aussi le sien. À demi couché sur elle, il l'embrasse au niveau des clavicules, puis descend vers ses seins.
" On ne peut pas faire ça, je ne veux plus  souffrir" dit-elle. " Mais qu'est-ce qu'il y a ?" "Je ne peux pas t'embrasser et te laisser me toucher si ensuite tu considères qu'il n'y a rien eu et que tu ne me parles pas pendant une semaine. Parce que ça, j'en souffre", explique-t-elle.

Il s'arrête pour réfléchir, avec cette expression qu'il a quand il réfléchit, et qui la fait totalement fondre. Mais pourquoi faut-il qu'elle idolâtre tout chez lui ?
Alors il la regarde avec ce visage qu'il avait eu la première fois qu'il était venu, où elle avait lu l'amour et le bonheur. Il m'aime, se dit-elle, il m'aime vraiment. Et elle l'attire vers elle, le couche sur elle, le prend dans ses bras et ils s'embrassent à nouveau,