chapitre 2

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Pdv Grace Dawson

Dès le deuxième jour de mon séjour ici, une séance de psychologie de groupe fut mise en place. Selon le propriétaire de l'établissement, il est important d'organiser de telles réunions pour chaque nouveau patient à l'hôpital, pour mieux se connaître. Dans le genre d'un professeur de primaire qui oblige ses élèves à parler de ses passions devant ses "camarades" de classe. Ici, on parle de nos démons, de quoi pourrions nous parler sinon? Personne ne sait vraiment quoi dire, je suis censée parler, mais j'apprécie plus la vue qui s'offre en face de moi.
Ses yeux menaçants d'un vert émeraude me fascinent, m'attirent au plus profond de son esprit pourtant si impénétrable. Mes yeux passent à sa mâchoire définie, comme ciselée par une lame tranchante, la sculptant en un angle droit presque parfait. Ses cheveux bruns foncés munis de boucles sauvages me donnent envie d'y glisser mes doigts pour saisir la racine de sa chevelure si fortement. Ses grandes mains puissantes me font rêver au jour où il m'aggripera par la taille pour embrasser mon cou, à la naissance de ma clavicule. Oh Axel Anderson, ma présence ici va te faire chavirer, te faire devenir encore plus fou que tu ne l'es déjà. J'en frissonne déjà. Ses poignets sont si purs, vierges de toutes coupures, contrairement aux miens, que j'ai soigneusement coupés à l'aide d'un petit couteau, au début de ma folie. Une voix féminine me tire de ma fixation, me laissant prise avec la tâche ennuyante de décrire l'action qui m'a menée ici.

Alors Grace, peux tu nous expliquer la raison de ta présence parmis nous?, me demande la psychologue, Mme Allen.

-J'ai tué mes parents et quelques filles qui m'intimidaient au collège. C'est tout ce que je souhaite dire.

J'ai abordé un sourire en coin, réservé au Dieu grec en face de moi, qui me souriait aussi, comme amusé par ma brève et froide révélation. Je me meurt de savoir le crime qu'il a commis, de savoir s'il est pire que moi, plus fou que moi-même, possédé par plus de demons que moi, je souhaite savoir ce qu'il ferait de moi, si j'ose le blesser mais surtout ce qu'il ferait de mon corps dénudé de l'habit de l'hôpital. Encore une fois, Mme Allen me sort de mes pensées en annonçant la fin de la séance. En sortant, je remarque le regard d'Axel se déposer sur mes formes, ce qui me plaît grandement, je dois l'avouer. En me dirigeant vers ma cellule, j'oublie presque ma gardienne qui me compresse fortement le bras, me forçant à presser le pas. Je lui sourie faussement alors qu'elle ferme la porte de métal à clé, puis je me retourne vers mon voisin, qui me regarde avec une lueur de malice dans les yeux. Dieu seul sait que ses yeux ont l'effet d'un aiment sur moi, malgré que je ne les ai croisés que quelques fois, je souhaite y plonger durant des heures.

- Pourquoi as tu tué tes parents, Gracie?

- Je te le dirais seulement si tu me dis pourquoi tu es ici.

- J'aime bien préserver une part de mystère à mon égard. Mais puisque ce lieu est si palpitant, je te propose un jeu. Un jeu seulement pour nous deux.

- Je n'aime pas jouer.

- Mais tu voudras jouer avez moi, Gracie. À mon jeu.

- Quel-est t-il?

- À chaque jour, tu me diras un crime que tu penses être le mien, tu auras 5 jours, 5 chances. Je te donnerai des indices, évidemment. Si tu découvres mon crime, je te dirai tout. Dans le cas contraire, je te tuerais. Même dans cet azil, il est encore possible pour moi de tuer, crois moi, mon ange.

- Il me semble que le prix de ma réussite est décevant, pourquoi ne pas pimenter les choses? Si je devine ton méfait, tu devras faire ce que je décide, une seule fois. Mais sinon, je n'ai rien à perdre, je suis folle depuis bien longtemps et malgré mes nombreux essais pour fuir mes demons, rien n'y fait, je préfère mourir que les supporter. J'accepte de jouer si tu m'accordes mon privilège lorsque je gagnerai.

- Lorsque? Tu es bien confiante, ma belle, mais je t'accorde ce que tu désires. Que le jeu commence.

Dès qu'il eu finit de prononcer ces paroles, Axel se retourna vers le mur, mettant ainsi fin à notre conversation. La folie à eu raison de moi et l'envie de jouer pour mourir est apparue lorsque qu'il a parlé de ma conséquence, si je venais à perdre. Perde ou gagner à son jeu, j'en ai rien à foutre. Qu'on me tue d'une balle entre les deux yeux, je serais tout de même plus heureuse que de mourir rongée par les monstres dans ma tête. La seule chose qui me retient encore sur ce monde, c'est l'espoir d'un jour dire adieu aux ombres qui hantent mon esprit, l'espoir de venir à bout d'elles, de les vaincrent et de me libérer de mes chaînes. Les cicatrices sur mes poignets me rappellent que je pourrais mourir avec un simple geste trop profond, mais que j'ai encore quelque chose à accomplir sur Terre. Vaincre les démons dans ma tête, avant de partir de ce bordel. Que les gardes m'électrocutent, qu'ils me battent, qu'ils me menacent, peut être que ça fera taire les voix. Les mêmes voix qui m'ont amenée à tuer mes parents et ces quelques connes.

Les lumières se ferment rapidement, pour la tombée de la nuit et ce jusqu'au petit matin. L'insomnie risque de bientôt faire son entrée, mais je pourrais au moins observer les traits du bouclé, ce sera toujours plus intéressant que de regarder le plafond durant des heures. Peut-être que j'aurais même la chance de lui parler jusqu'à l'aube.

-Dors tu?

-Non, tu veux jouer Gracie?

-Ne jouons pas à notre jeu dès maintenant, je veux pouvoir te poser les bonnes questions et je dois être bien éveillée pour cela.

-Alors demandons des questions sans importance particulière à l'autre, qu'en dis tu?

-Commence.

-Pour combien de temps es-tu ici?

-20 ans. Et toi, Axel?

-Jusqu'à ce que j'crève.

-Tu dois être un putain de fou.

-Es-tu vierge, Gracie?

-Non. Enfin j'en sais trop rien, pour être honnête. Pourquoi tu demandes ça?

-Parce que je vois bien comment tu mords ta lèvre inférieure quand je te regardes, mon ange. C'était un viol, pas vrai?

-Ouais. J'ai pas envie d'en parler, Axel. Et je ne me mord pas la lèvre.

-Oh si, tu le fais. Et si je peux me permettre, c'est putain de sexy.

-Ta gueule.

-Tant de personnes m'ont dit de la fermer dans cet endroit, mais vois-tu, une si jolie fille ne devrait pas dire de telles vulgarités.

-Axel, j'ai tué mes parents. Je crois que dire des gros mots n'a pas beaucoup de valeur à côté de ça.

-Essaie de dormir, je vais faire de même. Bonne nuit, mon ange.

En me réveillant, je ne savais ni comment je m'étais endormie, ni l'heure. Il faisait encore noir dans les cellules et les couloirs étaient vide, mis à part les gardes en avant des portes métalliques. En me retournant, je vois qu'Axel dort paisiblement, couché en boule sur le petit lit. Les gardes dorment, malgré le fait qu'ils ne le devraient pas, étant supposés nous surveiller sans relâche pour éviter une évasion. Au loin, des chuchotements me parviennent. Je suppose que c'est un patient qui délire, mais il semble y avoir deux personnes qui discutent en murmurant. L'une des voix, féminine, raconte qu'un des patients le terrifie, tandis que l'autre, un homme, dit qu'il ferait tout pour le faire payer. Les voix se réduisent au silence après quelques minutes de discussion inutile. Je décide de ne pas porter attention à ce que j'ai entendu, plusieurs prisonniers sont effrayants et il me serait impossible de trouver celui dont les deux inconnus parlaient. Mes yeux se ferment seul après ce qui me semble être une heure ou deux, mais je sais déjà qu'un cauchemar va troubler mon sommeil. C'est toujours comme ça, je me réveille en plein milieu de la nuit et lorsqu'enfin je m'endors à nouveau, je fais un cauchemar. Un cauchemar pire que ma vie, empli de tout ce qui me terrifie; ma folie, des souvenirs médiocres, des ombres et mes demons en première place, prêts à me tuer dans mes rêves, en attendant qu'ils me tuent dans la réalité. J'ai tant souhaité m'en sortir par moi même, de cette folie dévastatrice. J'ai tué mes parents et la seule culpabilité que je ressens est celle de m'avoir fait prendre à mon propre jeu. Parce que comme Harry, j'aimais bien jouer aussi. Jouer avec une lame tranchante sur mon poignet, jouer avec un briquet sur des gens, jouer avec la mort, pendant que mes demons jouent à la marionnette avec mon âme.

The Demons In My HeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant