Une averse nous accueille à la sortie du bar. Nous trottinons jusqu'à notre véhicule. Je commence à me demander si cette ville est vraiment faite pour moi. Du fond de ma campagne, je l'ai peut-être un peu trop idéalisée.
Barry déverrouille les portières et je m'engouffre à l'intérieur comme si ma vie en dépendait. La pluie martèle le pare-brise dans un vacarme infernal.
– Les deux premiers n'ont rien donné, mais il nous en reste quand même d'autres à visiter dans le quartier. C'est toujours comme ça dans les débuts d'une enquête. On piétine pendant des jours, parfois des semaines, jusqu'à ce qu'une révélation nous tombe sous le nez.
– Je veux bien te croire...
– Reste motivé, Leo. Un policier digne de ce nom ne baisse jamais les bras.
La sonnerie de son téléphone interrompt notre conversation. Il l'extirpe de sa veste et le porte à son oreille, un large sourire aux lèvres :
– Kat ! Que me vaut cet appel tardif ?
Je garde mes yeux posés sur lui. J'essaie d'imaginer ce qu'elle pourrait bien lui dire.
Il y a certainement du nouveau concernant le corps de Patrick. Les résultats de l'autopsie sont peut-être tombés en avance.
– Oui, désolé. On est partis glaner quelques informations éventuelles concernant notre victime. Pour l'instant, ça ne donne rien.
Il fait une nouvelle pause.
Je continue à le dévisager.
Son sourire disparaît aussi vite qu'il est apparu. Sa main libre tapote le volant pour camoufler une certaine nervosité. Les mots de Katie font grimper son inquiétude malgré son calme apparent.
– Donne-moi l'adresse.
Le moteur sort de sa torpeur et les ceintures de sécurité se positionnent automatiquement. Barry pianote sur le clavier tactile du GPS qui ne tarde pas à nous indiquer le trajet.
– On sera là dans dix minutes tout au plus...
Il met fin à l'appel. Sans m'accorder un seul regard, il lance la voiture à l'assaut de la route. La circulation est encore dense à cette heure de la nuit. D'une pression du doigt, il actionne un bouton sur le tableau de bord. Une rampe lumineuse se déploie sur le toit et émet une sirène stridente, annonçant notre arrivée aux autres automobilistes. Barry prend des risques dans sa conduite. Je me demande ce que Katie lui a annoncé.
– Il vient d'y avoir un autre meurtre. Tout laisse penser qu'il s'agit du même tueur...
J'ai du mal à contrôler mon angoisse. Je commence à imaginer l'état du cadavre. S'il est comme celui de Patrick, je risque de vivre une longue série de nuits sans sommeil.
Un taxi tarde à nous laisser passer. Mon coéquipier proteste d'un coup de klaxon insistant et le chauffeur finit par se déporter en chevauchant le trottoir.
– Un autre meurtre ?
Je ne fais que répéter ce qu'il vient de dire. L'idée d'être sur les traces d'un tueur en série me glace le sang. J'aurais préféré qu'il s'agisse d'un cas isolé.
– Tout va bien se passer, même si je sais ce que tu peux ressentir. Tu vas me trouver dur dans mes propos, mais plus il fera de victimes, plus il nous laissera d'indices. Et il finira par commettre une erreur qui le perdra. Leurs esprits détraqués prennent toujours le dessus sur leurs cerveaux méthodiques.
Je me perds dans le ballet lancinant des essuie-glaces.
Barry tourne subitement à l'angle d'une rue et je me cramponne à mon siège.
Les roues crissent sous la pression des freins.
Nous sommes arrivés à destination.
L'épais rideau de pluie m'aveugle. Il m'est difficile de discerner correctement les alentours. Barry coupe le contact, le gyrophare s'éteint, et les ceintures nous libèrent.
– N'oublie jamais que tu n'es pas seul. Tu es au sein d'une équipe soudée et performante. On va trouver cet assassin. Il paiera pour ce qu'il a fait. Tu peux me faire confiance.
Il me tapote la cuisse gentiment.
Nos pas nous mènent dans une rue à l'écart de la foule. Des policiers font barrage à l'entrée d'un magasin. Dans quelques mètres, je découvrirai une mise en scène sanglante.
Un souvenir qui restera longtemps gravé dans ma mémoire...
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Prophétie - Leo (Tome 1)
Lãng mạnIl y a des rencontres qui ne s'oublient pas. Certaines marquent votre vie et changent votre existence. Croyez-vous au Destin ? J'ai toujours pensé qu'il n'y avait rien d'écrit. Que je tenais fermement les rênes de ma vie entre les mains. J'avais tor...