8.

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Une semaine est passée. J'ai continué mes cours bien sagement à côté de maman, comme un fils model. Ironie. J'attends la note de ma dissertation sur Shakespeare, ce serait con, de passer pour un idiot auprès de Louis, qui, d'après sa parole, adore cet auteur. Il me reste dix textes sur quinze pour l'examen. Ça va, non ? Pas tellement. C'est même très angoissant, maintenant que j'y pense.
Ma génitrice se rapproche avec une enveloppe blanche que je ne prends absolument pas le temps pour l'ouvrir soigneusement au couteau. J'arrache les bords avec mes dents sous les yeux globuleux de ma mère. Pourquoi elle fait cette tête ? Harry se rebelle ? Non. Quoi que... Un petit peu. Il faut dire que ma rancoeur reste enfuie au plus profond de moi même sans qu'elle n'explose comme un volcan en éruption.
La chaleur monte d'un cran. Une immense vague de stresse prend part de mon corps tout entier. Encore une fois, je me réveil trop tard. Oups. Est-ce  si catastrophique ?

07/20.

Merde. Fait chier.

Harry Edward Millard Styles en rattrapage. À rendre pour 26 Mai.

_ Alors, j'attends, s'impatiente ma mère à mes côtés.
_ 17/20.
_ Et bien, bravo. Elle me répond détendue, tout d'un coup.
_ Avec dix points en moins.

Mais sa détente ne tarde pas à se transformer en colère, ce que je peux comprendre. Elle m'avait prévenue et s'était efforcé de me faire comprendre que mon avenir était important et qu'il fallait se faire violence et donner tout ses moyens pour ne pas décevoir la famille et qu'elle prendrait un prof à domicile. Je ne suis pas contre cette idée là. C'est vrai, pourquoi pas ? Cela serait certainement moins ennuyant que de travailler à côté de sa mère qui bois son café et lit son livre sans oublier de jeter un regard sur moi et de me demander sans cesse si tout va bien et si j'ai besoin d'aide. J'ai l'impression d'avoir douze ans et d'être encore au collège et qu'on me materne encore pour voir si je n'ai pas oublié une faute d'orthographe.
Elle secoue la copie en l'air en agitant ses bras. Elle aimerait dire que son fils est un incapable et qu'il est prés à échouer son année scolaire, si on peut appeler ça comme ça. Elle se contente de partir se plaindre à mon père. Je n'ai plus qu'à recommencer à étudier pour réussir ce fichu rattrapage.
    Après une heure de réflexion, je tente de calmer les battements de mon coeur. J'aspire et expire autant de fois possibles mais cela ne fait aucun effet. J'arrête ma séance de zaynitude ( rigolez svp 😂) pour faire les cents pas dans ma chambre, les bras croisés, remontés sur ma poitrine.

🛩 Harry ?

Onzième fois. Onzième mots. Onzième avions de papiers de Louis dans la semaine. J'ai refusé d'y répondre. Pourquoi ? Pour ne pas réduire le temps et les trente neuf avions qu'il me reste. Ils sont précieux et si je parvenais à craquer et répondre à Louis, je serais déjà condamné à affronter mes parents, à l'heure d'aujourd'hui.

🛩 Harry, putain, si tu ne réponds pas par peur de bousiller une lettre pour rien, tu te trompe. J'ai entendu tes parents parler de toi dans le jardin. Tous va bien ? Réponds moi, cela ne comptera pas.

Bingo. Louis s'inquiète ?

🛩 J'ai juste raté ma dissertation, c'est pas dramatique, ma mère fait du cinéma. Je me rattraperai.

🛩 Ta disserte sur Shakespeare ? T'as eu combien ? Ce n'est pas si dramatique, si ? Enfin bon, qui peu louper ça, franchement ? Bon fais moi signe si tu as besoin d'un coup de main. Plutôt un coup de lettre ;)

🛩 07/20... Oh, arrête de faire ton intelligent ! Si ça se trouve tu n'y connais rien ! Je vais me débrouiller seul, merci.

🛩 Très bien...

🛩 Bonne journée.

🛩 Harry, je veux seulement t'aider. Je sais ce que tu vis, fait juste un semblant d'effort pour me montrer que je ne perds pas mon temps à parler comme un con avec des avions ridicules.

Exactement. Con qui joue avec des avions en papiers. Je suis fatigué. Exténué, même. Dès onze heure du matin. Certainement que je digère cette satanée note parmis tant d'autres.

Je comate devant la télé pendant que ma soeur grogne et supplie mes parents de lui laisser la maison pour sa fête mais c'est peine perdue. Elle remonte sans broncher dans sa chambre. Dégourdie comme elle est, elle trouvera plus d'un tour dans sa poche. Dix huit ans, ça se fête mais mes parents ont décidé qu'elle aurait d'autres occasions de le fêter, comme à l'université. Finis de faire ma larve avachie sur le canapé et attends le retour de Louis pour m'excuser d'avoir été hautin et que j'aurais besoin de son coup de lettre.

_ Merde ! Oli ?!
_ Hum ?
_ Arrête de faire ta mauvaise fois pour une simple fête, j'ai plus de feuilles blanches !
_ La ferme, Harry, tu n'as pas d'amis, tu ne sais pas ce que ça fait qu'on me refuse ça. Je l'attends depuis tellement longtemps.

Je me sens blessé. Outré. Peiné et tous les adjectifs qui suivent. Une larme chaude coule. Olivia tourne sa tête vers la fenêtre sans dire un mot.

_ T'es bien la fille de papa et maman, dis-je avec ma voix rauque tandis que je claque la porte.

Je suis coincé sans feuille pour répondre à Louis et je suis coincé dans ma chambre à ne rien faire. Alors, j'attends que le temps passe.

Paper Plane | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant