No Escape

Rapport 3

Le présent

PDV-Peter

Ce matin je n'ai pas vu Salem sortir de sa chambre de toute la journée. Je m'inquiète beaucoup. D'habitude, elle sort tous les matins dès six heures, et passe ses journées à marcher dans la rue, en observant les passants. Le plus souvent elle rentre à la maison que lorsqu'il fait totalement nuit. Je sens la peur me ronger les entrailles : pourquoi ne sort-elle toujours pas de sa chambre ?

Ne supportant plus la situation, je décide de frapper à sa chambre.

« -Salem ? Salem ? Ouvre-moi s'il te plaît ! »

Mais personne ne répond... Je sens une sueur froide passer dans mon dos. J'ouvre brusquement la porte de sa chambre. La pièce est totalement sombre.

Après m'être habitué à la faible lueur présente dans la pièce, je perçois au sol un corps paraissant sans vie. La panique monte en moi. Je me dirige vers le corps et je reconnais immédiatement la chevelure de feu de ma jumelle. La main tremblante, je touche sa joue. Elle semble profondément endormie.

« -Salem ? Salem ? Réveil-toi ! Arrête maintenant ton cinéma, cela ne me fait pas rire du tout ! »

Je la secoue dans tous les sens, mais rien n'y fait, elle ne réagit pas. Seule sa respiration lente se fait entendre. Je comprends à ce moment-là qu'il faut appeler au plus vite les urgences. Je prends mon téléphone avec les mains moites et compose le numéro. La situation est plus grave que je ne le pensais... J'ai peur, je n'ai pas envie de perdre quelqu'un d'autre de ma famille. Nous avons tous suffisamment souffert.

PDV-Havy

J'ai l'impression d'être dans un cauchemar, que tout ce qui se passe n'est pas réel : ma meilleure amie, dans le coma, dans un lit d'hôpital. Je suis assise, là, près d'elle, lui tenant une de ses mains, à attendre désespérément qu'elle se réveille. De nombreuses machines sont branchées à son corps pour la maintenir en vie. Dans cet état, elle paraît fragile, faible et ressemble à une poupée chiffon.

J'ai appris ce qui s'est passé par son frère. Il m'a téléphoné lorsque je travaillais dans un café du coin en tant que serveuse. À l'autre bout du fil, il avait la voix faible et sanglotante. Je suis arrivée à l'hôpital en urgence le cœur battant à une folle allure. J'ai retrouvé Peter en larmes, complètement décontenancé... Je lui ai proposé de rester ici et lui ai ordonné d'aller se reposer.

En voyant Salem ainsi, cela me fait terriblement mal au cœur. Elle n'est plus cette jeune fille au caractère jovial. Je m'en veux tellement... J'aurai dû rester près d'elle, mais je l'ai abandonné. Du jour au lendemain, elle a arrêté le lycée et a gardé contact avec aucun de nous tous. Et moi, je n'ai rien fait pour l'aider, je ne suis pas restée auprès d'elle quand ça n'allait pas. Je suis lâche. J'aimerais retourner en arrière, dans le bon vieux temps, lorsque l'on était qu'un simple groupe d'adolescents, solidaire, s'amusant, et , profitant de la vie de tous les jours. Notre naïveté et l'amitié qui nous unissait me manquent. 

Avant, je pensais que notre amitié était indestructible, mais, je me rends compte maintenant que je me suis trompée sur toute la ligne. Nous nous sommes séparés et nous avons tous prît un chemin différent. L'adolescence, c'est une période où chacun d'entre nous change, on se crée de nouvelles amitiés et nous sommes à la recherche de nouveauté. Je me suis laissé tenter à cette nouveauté. Je souhaitais juste m'intégrer aux autres adolescents de mon âge, faire des soirées, rencontrer de nouvelles personnes.. J'ai voulu me créer une certaine « popularité », l'image d'une fille sans prise de tête et qui profite de la vie.

Maintenant, je constate que j'ai fait une erreur. Je me suis laissé influencer par les autres... Je suis en colère contre moi-même, mais aussi contre Sarah et Vick. J'ai essayé de nombreuses fois de contacter Vick et le verdict : aucune réponse à chaque fois. Je m'y attendais. Quant à Sarah, je suis tombée sur son répondeur. Elle doit être encore en soirée où l'alcool coule à flots... Ce qui est étrange, lorsque Salem a quitté le lycée, au même moment Vick a déménagé sans nous prévenir au plus grand regret de nous tous. Depuis, il ne nous a pas donné un seul signe de vie. Il faut que je retrouve cet idiot au plus vie et lui tirer les vers du nez pour savoir ce qui s'est passé. Je prends les choses en mains, je ne veux plus abandonner ma meilleure amie. Je vais mener mon enquête.

Le passé

Après la fin des cours, les jumeaux rentrèrent chez eux. Pendant tout le chemin, le jeune homme n'arrêta pas de poser des questions à sa sœur sur sa relation avec Vick. Salem lui répondit à la va-vite, embarrassée par le comportement de son frère en lui expliquant qu'ils n'étaient juste que de simples amis, rien de plus.

Ils arrivèrent quelques instants après dans leur maison. Salem rentra la première, elle monta rapidement les marches et rentra dans sa chambre tout en claquant violemment sa porte. Elle jeta son sac au sol, enleva ses sandales près de son armoire puis, s'allongea le dos sur son lit. La jeune fille bouillonnait de rage, elle ne supportait plus les moqueries infernales de son frère jumeau et ses questions incessantes.

« -Non, mais il se prend pour qui ?!» grogna-t-elle.

La virevoltante rousse lança brusquement ses coussins contre le mur d'en face et plongea sa tête dans son oreiller. Elle se sentait fortement embarrassée et honteuse. Plein de questions lui venaient à l'esprit au sujet de ses sentiments.

Peu de temps après, alors qu'elle continuait à se prendre la tête, son frère frappa à sa porte timidement et parla d'une voix pleine de culpabilité :

« -S'il te plaît, Salem, ouvre-moi... Je suis désolé, je ne voulais pas t'embarrasser... ne me fais pas la tête, je m'excuse sincèrement ! »

Sa jumelle se redressa et s'assit sur son lit tout en soupirant d'exaspération.

« -S'il te plaît, ouvre-moi ! » reprit le jeune homme.

Salem se leva, traîna des pieds et ouvrit sa porte à toute allure. Elle croisa les bras et fusilla du regard son frère qui lui faisait face dorénavant.

« -Tu me veux quoi ? Vas-y explique-moi tout ! » dit-elle froidement et tapant du pied droit sur le sol.

« -Je me demandais juste quelle était ta relation avec Vick.. C'est juste que je vous trouve bien trop proche à mon goût... » s'expliqua-t-il.

La colère monta de plus en plus en Salem.

« -Mais ça ne va pas ! C'est qu'un simple ami ! Ne t'imagine rien d'autre, car là ça devient du n'importe quoi ! Je n'ai pas besoin de rendre des comptes sur mes faits et gestes ! J'ai le droit d'avoir des secrets ! » explosa-t-elle.

« -Je voulais juste te protéger, tu es ma sœur et je ne veux pas qu'il te fasse du mal... »

La jumelle se calma aussitôt puis scruta chaque expression du visage de Peter.

« -Je ne me mêlerai plus de ce qui ne me regarde pas, je te le promets ! » s'exclama-t-il.

À peine que son jumeau ait eu le temps de finir sa phrase, Salem le prît dans ses bras.

« -C'est bon, tu es pardonné » souffla-t-elle.

Le jeune homme rendit son étreinte, caressa la chevelure flamboyante de sa jumelle et lui dit :

« -Il n'empêche que tu boudes vraiment pour tout et pour rien. On dirait une gamine de cinq ans à réagir comme cela ! Il va falloir que tu apprennes à être moins susceptible ! »

Elle se défit vivement de leur étreinte et rétorqua :

« -MAIS TU VAS ARRÊTER OUI ?! TU VAS LE PAYER ! »

Sa sœur lui courra après pendant que Peter s'enfuit en riant. Il adorait l'embêter, car elle réagissait à chaque fois de façon futile à son plus grand bonheur.

« -Vous allez arrêter oui ?! On n'est pas sans un poulailler ici ! » cria leur mère dans le salon qui regardait son émission télévisée favorite.

Les deux jeunes continuèrent leur mascarade, en ignorant les remarques de leur mère. Celle-ci allait bientôt perdre patience... C'est donc sous cette « joyeuse » dispute que la journée se termina.