Chapitre 7

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Ma conversation avec la secrétaire passe en boucle dans ma tête. Elle m'a enfin exposé une solution. Du moins si j'accepte...

-Victoire, commence-t-elle, si j'ai bien compris tu entretiens une relation conflictuelle avec tes parents ?

-Si ce n'était que conflictuelle... marmonnais-je.

-Il existe un moyen pour que tu intégres St Anne, reprend la dame.

A cette annonce, mon coeur fait un bon dans ma poitrine, descend jusque mes orteils pour finalement reprendre sa place naturelle. Une solution ? Une vrai ?!

-C'est un peu drastique Victoire, mais si c'est vraiment ton rêve alors je pense que tu devrais le faire.

Je reprends soudain conscience de ce que me dit la secrétaire.

-Faire quoi? La pressé-je 

-T'émanciper.

J'ai l'impression qu'une pierre tombe dans mon estomac.

Après avoir prononcer ce mot, elle se met à m'expliquer ce que ça veut dire pendant presque un quart d'heure. Mais je sais ce que ça veut dire, même si je ne préférerais pas.

Mais je sais ce que ça signifie et ça me terrifie.
Certes, je déteste mes parents de vouloir gâcher tous mes rêves et espoirs, tout mon avenir en fait. Mais est ce une raison pour les renier totalement ? Pour les rayer de ma vie ? Quoiqu'on puisse en penser, nos parents sont sacrés. Bons ou mauvais ce sont tout de même eux qui nous ont donné la vie, qui nous ont élevé. C'est grâce à eux qu'on trouve notre place dans le monde et notre identité. Suis-je prête à quitter tout cela pour faire du violon ? Suis-je prête à ne plus avoir de parents du tout ?
Je ne sais pas, je ne sais plus... je suis tellement partagée. Mon rêve et mon avenir d'un côté. De l'autre une famille froide et peu aimante, la prison. Si je faisais une liste des pour et des contres, je suis sûre que je trouverais plus de "pour" pour aller à St Anne. Mais ça ne change rien, sur une liste il n'y a pas de sentiments alors que mon coeur en est peuplé...

La porte s'ouvre soudainement et laisse apparaître ma mère. Mon cœur à un raté et je regarde l'horloge de la cuisine. Il est déjà 20h ! Je n'ai rien préparé, en plus j'ai séché toute la journée. Si je veux passé une soirée à peu près correct il faut que je trouve une excuse et vite.
Le plaid qui se trouve sur la canapé m'en donne finalement une. Je l'enveloppe autour de moi et essaie de donner un air malade à ma figure.

-Victoire ? Crie ma mère.

-Oui je suis là, dis-je d'une voix volontairement enrouée.

Maman se rapproche de moi.

-Mais qu'est ce que tu fais là ? M'assène-t-elle. Le repas n'est pas encore près et je viens de recevoir un coup de fil de l'école me disant que tu n'es pas allée à l'école de la journée. Que se passe-t-il ?

-Je crois que j'ai la gastro, je n'ai pas arrêté de vomir aujourd'hui et j'ai eu de la fièvre.

- Ça à l'air d'aller beaucoup mieux, répond maman froidement. Tu n'es pas blanche et tes yeux ne brillent pas. Tu n'as certainement plus de fièvre ! Donc qu'est ce qui t'as empêcher de faire le repas ?

Je respire un grand coup pour garder mon calme. Quelle mégère.

-Je me sens encore faible, et si ça ne te gêne pas je vais me coucher.

-Oui tu devrais faire ça, dis maman toujours de manière froide. Et je parlerais à ton père de ton manque de sérieux. Ne pas aller en cours pour une simple gastro ? N'importe quoi.

Je sors péniblement du canapé, enlève la couverture et me dirige vers les escaliers.
Quand je vois comment est maman avec moi, je me dis que le plus simple serait d'accepter la proposition de St Anne. Être libérée de toute ses réflexions désagréables, de son regard éternellement froid, de l'indifférence de papa aussi.

Lorsque je fini de monter les marches qui mènent à ma chambre et que j'ouvre ma porte, je m'aperçois que ma décision est déjà prise depuis longtemps, depuis l'appel en fait.

Je vais partir, je vais réalisé mon rêve et puis c'est tout. Je mettrais mes émotions de côté pendant un certain temps et puis voilà. Je ne vais pas encore laisser mes parents me gâcher la vie. Je mérite de choisir mon avenir, qu'il ne leur en déplaise.

Toutefois avant d'annoncer la nouvelle à tout le monde, je dois vérifier que c'est bien réalisable.
La secrétaire m'a dit qu'il y a un pensionnat à St Anne. Cependant je ne peux pas y rester pendant les vacances, il faudra donc que je me trouve un studio. Je ne pense pas que mes parents ne me laisseront habiter avec eux une fois que je leur aurais annoncé mon envie de les abandonner.

Je met mon disque de musique classique en fond et pose mon ordinateur sur mon bureau. Il faut que je me trouve un boulot pour pouvoir payer mon futur studio et les frais de l'école. Heureusement que j'ai une bourse sinin je n'aurais jamais pût prendre mon indépendance !

Je vais sur mon serveur internet favoris et tape : "jeune fille au pair".
Je fais du baby-sitting depuis bien longtemps. J'ai toujours apprécier le contact des enfants, ils sont tellement innocents et joyeux, ça me change de l'ambiance familiale.

Voilà bien une heure que je cherche, pour l'instant je n'ai retenue qu'une annonce qui me conviendrait:

Cherche jeune fille pour s'occuper de nos trois enfants, Marie, Claire et Axel. Marie est âgée de 5 ans, et Claire et Axel sont des jumeaux de 3 ans.
Il faut aller chercher Marie à la garde de l'école à 18 heures, vérifier qu'elle a fini ses devoirs et qu'elle a bien pris son goûter. Pour Claire et Axel, il faut passer à la crèche entre 18h et 18h30 pour les récupérer. Nous rentrons vers 20h avec mon mari, il faudra donc leur faire à manger et les mettre au lit. Vous devez être là le lundi, mardi, jeudi et vendredi. Le prix est à débattre.

À cet âge les enfants sont adorables, plus besoin de changer leur couche et pas encore assez grands pour être désagréables. En plus les horraires correspondraient parfaitement avec les miennes et le baby-sitting rapporte toujours plus qu'un boulot de serveuse ou autre. Pourtant est ce que ça sera suffisant pour tout payer ?
J'éteins mon ordinateur en prenant bien soin de sauvegarder l'annonce. Il faut que je leur réponde des demain sinon quelqu'un en profitera pour prendre ma place.
Je me dirige vers la salle de bain, me brosse les dents et démêle ma tignasse. Lorsque c'est fait, je me mets en pyjama et vais me coucher.
Cependant, une fois dans mon lit, je me rends compte que je n'ai toujours pas annoncer la nouvelle à ma meilleure amie, alors que j'ai cruellement besoin de ses conseils. Je me retourne donc et  tends la main vers mon téléphone qui trône sur ma table de nuit.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 27, 2016 ⏰

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