***Chapitre 2***

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J'avais deux ans quand mon géniteur refit surface, la bouche en coeur pour venir nous récupérer, manque de bol ou coup de chance, cela dépend de quel côté l'on se place!!! Ma mère s'était mariée entre deux avec un gars de la montagne là encore seul garçon d'une fratrie de quatre et l'aîné de surcroit. Dès qu'il l'avait vu, il était tombé éperdumment amoureux d'elle, elle venait en vacances dans le coin chez des cousins durant la saison estivale, c'était une belle fille brune aux yeux d'un bleu pâle, toujours bien mise et maquillée comme les jeunes filles que l'on peut voir dans les magasines.

Quand il la revit quelques années plus tard, elle était accompagnée d'une poupée bouclée avec de grands yeux en amandes sombres, dorée comme du pain d'épice, il tomba encore une fois amoureux, mais cette fois de la fillette, la pris par la main pour aller voir les vaches et depuis ce jour béni pour eux, il ne la lâcha plus, leurs doigts se séparaient un temps, mais jamais assez loin pour que le lien qui les unissait ne se rompe. Il était devenu officiellement "papa" et elle "fille officielle d'un papa".

Ils bâtirent un petit empire qui leur suffisait bien, vaillant comme personne, ils avaient uni leur courage et leur volonté pour offrir à leur progéniture une vie sans richesse mais heureuse. Flavien vint bientôt agrandir le cercle familial et je pris un galon ce jour là, une chose longue et maigre, dans une petite couverture blanche dormait. On me le présenta comme mon petit frère, je n'ai aucun souvenir de cet instant précis ou nos regards se sont croisés, mais je sais qu'il a été le premier amour de ma vie d'enfant, ce petit truc minus qui buvait ses biberons aussi vite que Lucky Lucke dégaine son révolver.

Il n'aimait pas aller aux toilettes et j'était devenue la surveillante de ses culottes en coton...

Je tentais de le garder dans le droit chemein en donnant l'exemple, mais il fallait bien que moi aussi j'apprenne ce qui nous valait à tous deux de faire des erreurs.

Le cocon était solide et la vie s'écoulait paisible, mais tout bouge, tout change, tout évolue.

Et un jour de mon neuvième anniversaire, ou plutôt une nuit j'ai été réveillée par un terrible cauchemar le premier d'une longue série qui ne s'arrêterait jamais. Je me trouvais dans un cimetière, il y avait une tombe, l'ambiance m'oppressait, cela n'augurait rien de bon et je me suis réveillée en sursaut, angoissée, ma mère m'a emmené à la cuisine, ma grand-mère nous a rejoint et a dansé et chanté pour moi, je me rappelle que j'étaits assise sur une chaise dans cette cuisine avec son papier peint avec de grosses fleurs jaune et orange, elle s'est mise devant moi et a fais le pitre, j'ai rigolé et je suis remontée me coucher, c'est la toute dernière fois ou ma mamie était avec moi, le lendemain matin en passant devant sa chambre à coucher je l'ai revue en piteux état, elle n'allait pas bien du tout, les adultes nous disent que tout va bien, que ce n'est rien etc.... Je me suis rendue au salon ou je savais que nous avions de l'eau de Lourdes, je voulais lui en faire boire, après tout cette eau avait des vertues miraculeuses.

Devant la porte il y avait un camion des pompiers, je devais aller à l'école, je me souviendrais toujours de ce que mon instituteur m'a dis:

- Ce n'est rien tu vas la revoir ta mamie.

Ce jour là j'ai eu la première certitude de ma courte existence, "je n'allais jamais la revoir".

Elle décéda à l'hôpital quelques jours plus tard victime d'une hémorragie cérébrale.

Ce fut le jour de ma chute du Paradis, j'ai décidé ce jour là que je ne croirais plus, que je n'irais plus à l'église et que si un jour de devais prendre une autre religion je deviendrais bouddhiste.

On s'installa dans une maison plus petite mon grand-père ne voulant plus vivre là, la vie repris ses droits et notre famille était toujours debout.

Mais là encore rien ne dure vraiement. Il faut bien payer le pris du déni, j'ai réglé ma première échéance cette même année ou l'année d'après, ma mémoire me fait parfois défaut.

Ma meilleure amie d'enfance "Pampers", elle avait quelques problèmes d'énurésie ce qui lui valut ce surnom affectueux m'annonça tout de go alors que nous étions tranquillement assises à côté d'un pylone électrique du côté de l'école:

- Tu sais que ton père n'est pas ton père ?

Tranquillement d'une voix douce, sans vouloir me faire du mal, en amie.

- N'importe quoi.

J'ai pris ça sur le ton de la plaisanterie, normal c'est ma meilleure copine

- C'est vrai, c'est ma mère qui l'a dis.

Bref! Merci quand même pour l'info, va falloir que je vérifie en rentrant à la maison, rien d'angoissant.

Midi.

Papa n'est pas encore rentré de la vigne, nous on commence à manger, face à moi, papé et maman à côté de moi Flavien. C'est le moment d'aller à la pêche aux infos.

- Maman tu sais pas ce qu'elle m'a dis "Pampers" ? Que papa c'était pas mon papa.

Silence.

Silence.

Silence...

- N'importe quoi, allez mange.

Avec du recul je pense que le repas a du être silencieux.

Au moment de sortir de table maman comme si de rien n'était m'a dis qu'elle devait me parler.

- Tu sais ce qu'elle t'a dis "Pampers" ? Et bien c'est vrai.

Je n'ai pas pleuré, ni crié, en fait je crois que j'ai un trou noir qui a englouti mon cerveau à cet instant précis, ma mère était assise sur son lit, j'étais debout devant elle et je ne me rappelle de rien... R.I.E.N.

Je ne sais pas si j'ai promis de ne rien dire, si j'ai juré le secret comme dans les films, peut-être que j'aurais voulu que cette journée n'existe pas, avancer, ou revenir en arrière, et si je n'étais pas allée jouer est-ce que ça aurait changé quelque chose ?

Est-ce que je me suis mise à la détester ? Non

Je ne sais plus !!!

Quand mon cerveau a repris sa place initiale, je lui ai fais promettre de ne jamais en parler à mon frère.

- Pourquoi ?

- J'ai peur qu'il ne m'aime plus.

Tout était dit, l'essentiel pour moi était dans ces quelques mots, je me devais maintenant de protéger toute ma famille contre un raz de marée qui pourrait nous engloutir, je n'avais pas peur, je savais ce que je devais faire... Me taire et faire en sorte que rien ne change ! La vie allait encore reprendre ses droits, et je serais plus forte qu'elle, je ne me laisserais pas abattre par elle et ses tours pendables.

C'est ce jour là que j'ai décidé que ce serais moi le chef et personne d'autre. Mon caractère allait être mon allié, je n'étais plus seule, j'étais deux dans un même corps, un sage et obéissant et l'autre prêt a en découdre avec l'ennemi et tous les obstacles qui se mettraient sur ma route.

Le mensonge a traversé devant moi, je l'ai trouvé utile, je lui ai demandé d'être mon ami, il m'a expliqué que chez lui il y avait deux voies, l'omission ou la volontaire. J'ai adopté "omission" dans un premier temps, je verrais "volontaire" plus tard.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 15, 2016 ⏰

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Le jour ou le diable est tombé amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant