Ma seconde chance

Chapitre 1

Je me réveille, j'ouvre les yeux doucement, je sent des douleurs partout sur mon corps...
Ma vision est trouble, je plane, comme si j'étais droguée.
Je m'assoie contre un mur le temps de reprendre mes esprits.
Je ne me souviens de rien.
Je suis dans un sale état, à moitié consciente, assise dans la rue face à un camion.

Des dizaines de personnes passent à côté de moi, ils me lancent des regards de pitié mais aucun ne me vient en aide.
Je ne suis pas une clocharde, je le sais, les vêtements que je porte me le prouvent.

J'ai mal, vraiment mal, je décide de me rendormir pour oublier ces douleurs abondantes.

Je sent qu'on m'écrase le pied.

"Excusez moi mademoiselle"

Cette fois ci je me réveille dans un état plus stable.
Je remonte les manches de mon pull. Tout le long de mes bras des hématomes et des coupures.
Je me lève et observe mon reflet dans la vitre du camion.

Mon visage est fin, j'ai quelques cicatrices, mes yeux sont verts clair et mes cheveux sont noirs.

Je ne sais pas qui je suis, enfin si je sais mon nom: Jade.
Mais je ne sais rien de mon passé, je ne sais pas comment je suis arrivée ici, je ne sais pas non plus où je suis, je ne me rappelle ni de ma famille ni de mon nom de famille.
J'ai vraiment dû prendre un sacré coup pour en perdre la mémoire...

Je suis seule.
Je marche le long de la route.
Tout à coup ça recommence, ma vue se trouble, j'ai du mal à marcher, je suis prise par des vertiges, je tente de m'accrocher à quelque chose mais je ne vois rien.

Je sent une présence face à moi.
Je me concentre pour que ma vue redevienne stable.

"Vous allez bien ?"

Non ! Non je ne vais pas bien !
Je ne trouve pas la force de le dire.
Je crois que c'est une vielle dame qui m'a parlé.
Je pose main sur son épaule. Des larmes coulent de mes yeux.
Je n'arrive pas à m'exprimer.

"Écoutez Mademoiselle je vais vous emmener chez moi, j'habite à deux pas d'ici."

Je la suit, malgré la douleur qui me transperce les jambes à chaque pas.

On arrive chez elle, je m'assoie sur le canapé et elle me sert un verre d'eau.

Je reprends peu à peu mes esprits.

"Vous allez mieux ?"

"Oui madame merci beaucoup"

"C'est rien, explique moi plutôt ce qu'il s'est passé"

Je lui explique que je ne me souviens de rien, que je me suis réveillée dans un lieu inconnu, que je ne connais que mon nom.
Je lui montre également les blessures que j'ai sur les bras.

"Enlève ton pull et ton t-shirt je vais te soigner"

Je m'exécute.
Elle s'en va dans la salle de bain chercher de l'alcool et du coton.

Mon corps est dans un sale état, il n'y a pas que mes bras qui sont amochés, mon dos et mon ventre aussi.
Il y a des marques, comme si j'avais reçu des coups ou peut être des coups de fouet.

La vielle dame me soigne, elle met pansements là où je saigne et me met de la pommade sur mes hématomes.

Elle me dit d'enlever mon pantalon pour qu'elle voit si mes jambes sont aussi abîmées.
Je suis donc en sous-vêtements.
Bizarrement je suis à l'aise, j'ai l'impression que c'est la première fois qu'on s'occupe de moi comme ça. Je me laisse faire.
Le contact de l'alcool sur mes plaies me fait affreusement mal, mais je ne le montre pas.

Je l'écoute me parler de sa vie, elle m'expliquer qu'elle vit avec son petit fils car sa fille est morte dans un accident de voiture avec son mari.
Lorsque elle me dit ça, ses yeux s'humidifient.
J'ai de la peine pour elle.

"N'ai pas de peine pour moi ma belle, ton histoire à l'air bien plus tragique"

C'est étrange on dirait qu'elle lit dans mes pensées.
Je me rhabille lorsqu'un garçon entre dans la pièce.
C'est sûrement son petit fils. Il doit avoir 18 ans, peut être 19.
Il me regarde avec étonnement. Sa grand mère nous présente et lui explique ce que je fais là.
Il s'appelle Hugo. Il à l'air de se méfier de moi.

Il commence à se faire tard, la nuit tombe, la vielle dame me dit de rester chez elle, que je peux vivre ici tant que je le veux.
Elle m'installe un lit dans la chambre de Hugo.
Leur maison est petite, c'est la plus grande chambre.

Hugo me prête un t-shirt et un short pour dormir.

"Heu tu n'aurais pas quelque chose de plus long s'il te plais ?"

Je ne veux pas qu'il voit mes blessures.

"Si si pas de souci, tu es frileuse ?"

"Heu... oui"

Il revient avec un jogging et un haut à manches longues.
Je les prends, le remercie puis je vais prendre ma douche.

En enlevant mes vêtements je sent quelque chose dans mon soutien gorge: une carte d'identité et 7 billets de 200€

Je m'appelle Jade B****** je suis née le 18 août 1998. Je suis donc majeur depuis peu.
Sur ma photo d'identité je suis plus jeune, je devais avoir 14 ou 15 ans. Je n'avais pas l'air heureuse, plutôt terrorisée, triste et faible...

Je décide de ne pas y prêter attention. De toute façon je ne me souviens de rien, peut être que c'est une bonne chose finalement, oublier tout les traumatisme que j'ai du vivre...

J'entre dans la douche, je frissonne au contact de l'eau.
Je me sent bien.

Je sort de la salle de bain, et part rejoindre la vielle dame.
Je lui montre ma carte d'identité et l'argent que j'avais sur moi.

"Demain on cherchera ta famille si tu veux mais pour le moment va te reposer ma belle tu en a bien besoin"

Je rejoins Hugo dans sa chambre puis je me couche.

***
J'ai 4 ans

Je rentre de l'école comme tout les jours.
J'ouvre la porte sans faire de bruit et cours m'enfermer dans ma chambre.
Il arrive, j'entends ses pas, il cogne contre la porte je le supplie de me laisser.
Il entre et me rue de coups.
Il me fait mal.
Trop mal.
Je m'évanouis et me réveille quelques heures plus tard.
Il ne me nourris pas, je ne mange qu'à la cantine de l'école.
J'aimerais tant avoir la vie de mes camarades de classe, j'aimerais tellement que quand je rentre de l'école mes parents m'attendent pour que je leur raconte ma journée, j'aimerais tellement qu'on me raconte des histoires et qu'on joue avec moi.
Au lieu de ça je vis avec ce monstre qui me bat.
***

Je me réveille, il doit être 4h du matin.
Ce cauchemar me semble familier, comme si c'était un souvenir...
Hugo me regarde, il a allumé la lumière.

"Tout vas bien ?"

"Oui ça va, désolé si je t'ai réveillé. J'ai fait un cauchemar."

"Je sais, tu as dû avoir vraiment peur, tu suppliais quelqu'un de te lâcher, tu criais et tu pleurais..."

Il m'a prise dans ses bras et m'a emmené dans son lit.
Je me suis endormie collée contre lui.