Aime-moi, fuis-moi

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Stiles continuait de fixer cette feuille blanche devant lui. Son esprit n'arrivait pas à se focaliser sur ses devoirs. Depuis son rendez-vous avec Jane, cette lettre ne faisait que le hanter. Il se détestait de réagir ainsi et de prendre cette affaire au sérieux. Il ne s'agissait que d'une lettre, et il n'était même pas obligé de l'écrire après tout ! Son regard se posa involontairement sur la photo de sa mère un peu plus loin. A quoi rimait cette lettre ? Mais surtout pourquoi se sentait-il si mal rien que d'y penser ?

« Que veux-tu manger ce soir ? Chinois ? » retentit la voix de son père dans les escaliers. Ce dernier venait de rentrer du poste.

Stiles sortit un temps de ses pensées pour lui répondre que peu lui importait tant qu'il ne tentait pas une soirée pizza pour la 3ème fois cette semaine.

Dire que la dépression était à nouveau entrain de l'étrangler était faux pourtant Stiles ne pouvait nier que quelque chose n'allait pas, que quelque chose l'empêchait d'être vraiment heureux. Avait-il le droit de rire avec Derek ? Pouvait-il seulement le faire ? Pourquoi n'arrivait-il pas à dire je t'aime ?

Il finit par descendre quand son père lui cria que le livreur était là.

Ils mangèrent en silence, son père avait eu une dure journée et ne souhaitait que de profiter de sa soirée. Stiles lui n'arrêtait pas de penser à cette page blanche, qui semblait représenter tout ce qu'il n'arrivait pas à dire à Derek. Il repensa au sourire si discret du jeune homme, à la douceur de ses baisers, et sa colère ne fit que monter en pensant que lui n'était qu'un bon à rien à ne même pas pouvoir lui dire qu'il l'aimait. Il repensa à la photo de sa mère, et finit par exploser, brisant le silence de la maison.

« Pourquoi est-ce que tu ne parles jamais d'elle si tu l'aimais autant ? » finit-il par lui demander d'une voix agressive qui le surprit lui-même. Il avait presque l'impression d'être en manque d'Adderall quand il vit sa main trembler légèrement. Ses mots semblaient dépasser ses pensées, pourtant il lui semblait ne plus pouvoir les contrôler.

John ne chercha pas à comprendre de qui pouvait vouloir parler son fils. Il fut surpris par le ton employé et paru blessé, mais fit face à son fils quand même alors que ce dernier s'en voulait déjà d'avoir réagi ainsi.

« Stiles, écoute tu sais très bien que j'aimais ta mère, plus que tout. Vous étiez les êtres les plus importants pour moi et... »

« Etiez ? Pourquoi étiez ? » enchaîna le jeune homme, qui semblait perdre pied. L'image de Derek se jouxtait à celle de sa mère.

« Tu sais très bien ce que je veux dire... » voulut continuer John. John lui-même n'avait jamais pu réellement parler de ça, affronter cette image et il le regrettait aujourd'hui.

Stiles se leva et préféra quitter la table. Il ne préféra pas regarder son père. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Tout allait si bien avec son père en ce moment, ainsi qu'avec ses amis, ainsi qu'avec Derek. Pourtant ce soir, il avait l'impression que quelqu'un d'autre avait pris possession de son corps, qu'il n'avait été que spectateur de cet échange. Il le regrettait déjà. Il entendit son portable vibrer.

Il jeta un rapide coup d'œil sur le message.

« Ça va ? Qu'est-ce que tu fais ? » demandait simplement le texto de Derek. Il n'eut pas le cœur à répondre, trop perturbé. Trop de pensées se bousculaient. Il se jeta sur son lit.

Il finit par s'endormir, épuisé.

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, il se rappela tout de suite la scène avec son père et se leva immédiatement. Il voulait le trouver avant que celui-ci ne parte au travail. John était entrain de franchir la porte.

« Papa ! » s'écria-t-il en loupant la dernière marche et en se rattrapant comme il pouvait au mur.

Ce dernier se retourna vers lui, avec un regard fatigué. Il semblait que sa nuit avait été plutôt courte, ce qui rajouta au sentiment de malaise de Stiles.

Il voulait lui dire qu'il regrettait, il voulait lui dire que cette lettre le travaillait, il voulait...

« Je suis désolé, je... »

Mais l'échange tourna court.

« Si tu le veux bien je suis déjà en retard pour le boulot, je t'ai laissé de la monnaie sur la table, à ce soir... » préféra couper son père.

Il lui lança un dernier regard avant de claquer laporte. Stiles resta muet, fixant la porte.


Il arriva en retard à l'école, et fut surpris de trouver la camaro garée devant le lycée. Derek était appuyé nonchalamment contre sa voiture, lunettes de soleil vissées sur le nez. Il ne put s'empêcher de le trouver diablement sexy pendant une seconde. Pourtant ce dernier avait l'air nerveux, ce qu'il remarqua tout de suite.

« Der ? »demanda Stiles en se rapprochant, surpris et inquiet.

Ce dernier se retourna vers le jeune homme, sans enlever ses lunettes de soleil. Il s'approcha vivement de lui et se planta presque nez à nez avec le jeune homme.

« Pourquoi tu ne réponds plus au téléphone ? Je t'ai laissé plein de messages ! » grogna le brun.

Stiles mit un temps à comprendre de quoi son petit-ami voulait parler. Puis il se remémora le texto.

Quel idiot. Il avait éteint son téléphone avant de s'endormir et ne l'avait pas rallumé ce matin. Il imagina les messages de Derek, inquiet par son silence, surtout après les évènements qu'ils avaient vécu ensemble.

« Je suis désolé, je... »

Tiens, il semblait qu'il avait tendance à se répéter aujourd'hui.

« Parle-moi, je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas » le supplia presque Derek.

La situation devait vraiment être compliquée pour que Derek le supplie de parler ne put s'empêcher de penser Stiles.

Il n'y avait plus personne sur le parking ce jour-là, mais jamais Stiles ne s'était senti aussi seul. Même avec le jeune homme à ses côtés. Il n'arrivait pas à parler, les mots semblaient bloqués...Le regard de Derek se faisait insistant. Trop. Sa discussion avortée avec son père l'avait déstabilisé. Pour la première fois, il n'arrivait pas à s'exprimer. Il préféra s'enfuir, loin du lycée, loin de Derek, loin de ses peurs.

A jamais à nous - Teen WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant