150 ans plus tard.
« New York, Chicago, toute une série de corps mutilés, vidés de leur sang. Cette fois, je pars loin de toute civilisation, loin de toutes ces villes qui grouillent de vies humaines et surnaturelles. Je ne veux plus tuer pour obtenir ma rédemption. Je ne veux plus chercher. Je dois cesser.»
La route était longue jusqu'à la côte. Evangeline conduisait calmement, mais sûrement, toujours en jetant un coup d'œil rapide vers son passager. Celui-ci fuyait son regard ; il en avait assez de ses remontrances. Elle exagérait toujours sur les choses qui se passaient, mais cette fois, elle avait raison. Il fallait qu'ils reprennent la route, encore. C'était un si lourd fardeau pour eux. Bien que ce soit lui qui le vivait en permanence, il sentait bien que pour sa sœur, c'était tout la même chose : elle partageait son calvaire. La jeune femme partageait sa vie depuis si longtemps, qu'il arrivait encore parfois qu'on les prenne pour mari et femme. La bonne blague !
Le paysage défilait sous ses yeux, mais il ne s'en soucia guère. Il se sentait épuisé après sa dernière nuit, mais ils leur étaient impossibles de s'arrêter pour prendre un peu de repos. D'après son guide, un avis de recherche aurait très bien pu être diffusé à leur encontre, quoique cette excuse ne fût nullement possible : personne ne les connaissait, à part la Communauté Magique.
— Où allons-nous ? questionna-t-il, distraitement.
— À Lewistown. J'ai trouvé un petit manoir avec un sous-sol adapté à ta condition.
— C'est trop gentil de ta part, soupira-t-il.
— Cesse tes sarcasmes, veux-tu ? J'aimerai vraiment que tu arrives à la trouver, qu'on puisse commencer à vivre.
Il soupira lourdement.
Si elle savait comme elle avait raison.
Cela faisait presque cent cinquante ans qu'il lui courait après sans jamais parvenir à lui mettre la main dessus. Était-ce une femme ou un homme qu'il devait chercher ? Il l'ignorait. Seul son odorat pouvait le ou la repérer, mais il avait tellement tué dans l'espoir de, peut-être, dénicher l'inconnu qui lui permettait enfin de le sauver de sa condition. Evangeline le suivait depuis si longtemps. Elle avait le droit de vivre elle aussi, de fonder sa propre famille. Pourtant, elle était enchaînée à son frère, comme un boulet à son prisonnier. Il se devait de mettre la main sur l'élixir qui les délivrerait tous les deux. Cependant, il avait envie aussi d'abandonner sa quête, surtout après le dernier meurtre qu'il avait commis.
Nostalgique, il se remémora sa dernière rencontre.
Il pensait qu'il avait enfin découvert l'objet de sa chasse en la personne d'une femelle à l'odeur sauvage et fleurit. Alors qu'il avait commencé à la traquer, la Bête au fond de lui s'était manifestée et avait pris le relais. À aucun moment, il n'avait pu reprendre le contrôle de son corps. Une fois que son autre entité prenait possession de sa personne, l'homme ne pouvait plus répondre de rien. Son corps entier se métamorphosait, il devenait ainsi la Bête. Elle ne savait pas faire la différence entre adulte et enfant, elle avait tout simplement planté ses dents coupant comme un sabre dans la chair tendre et but son sang comme un dément, mais plus il buvait et plus il en voulait. Résultat : elle l'avait saigné à blanc. Cependant, ce n'était pas ce qui le perturbait le plus.
Une fois la bête rassasiée, celle-ci repartait au fin fond de son âme, attendant avec délice le jour où elle serait de nouveau libérée. À ce moment-là, il reprenait sa place d'homme et constatait les dégâts. Au lieu d'un adulte s'était trouvée une enfant qui n'avait pas passé les douze printemps au moins. En cet instant, la réalité l'avait frappé de plein fouet : il ne voulait plus de cette vie. Les enfants n'avaient jamais fait partis du programme. Il avait longtemps pleuré sur le cadavre de cette petite fille, jusqu'à ce qu'Evangeline vienne le récupérer. Comme d'habitude, elle avait pris les choses en main : elle avait dissimulé le corps sous une bâche de plastique, fait un peu de nettoyage et ils avaient filé à vive allure.
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Les Chroniques de Sylar
Fantasy*La bête sera ta malédiction, ta disgrâce... Tu seras elle, elle sera toi ! Le sang de la Créature de Lumière sera ta libération. Tu te nourriras de son sang, pour te délivrer de cet enchantement.* Sylar, accompagné de sa sœur Evangeline, parcourt l...