Claire, elle était belle. Elle avait de longs cheveux sombres et puis, elle souriait tout le temps, Claire. Sourire, ça rends beau tout le monde, mais surtout Claire.
Claire, elle était pas seulement belle. Claire elle savait vivre : elle a jamais gaspillé une seule seconde d'existence. Elle savait que c'était précieux, une vie. Alors, elle souriait, même quand ça allait pas. Parce qu'elle savait que bientôt ça irait mieux.
Et puis, tout le monde l'aimait Claire : elle faisait pas que sourire Claire, elle chantait aussi. Des comptines dans des supermarchés, de vieilles mélodies dans des parcs. Elle riait, Claire, pour un rien. Elle saluait tous les passants, elle souhaitait à tout le monde amour et joie.
Parfois, les gens la regardaient de travers. Bah, oui il faut les comprendre, les pauvres : ils ne sont pas habitués à la vie à l'état pur. Alors on trouve Claire bizarre, mais quand son regard nous tombe dessus, on peut pas s'empêcher de lui sourire. Elle savait réchauffer les coeurs glacés par les rayons surgelés des grandres surfaces.
Claire était pas prise au sérieux : évidemment, rire c'est pas sérieux. Sourire non plus. C'est pour ça que les adultes ont un visage strict et fermé : il sont sérieux. Mais ne vous inquiètez pas, Claire n'aimait pas le sérieux, c'est moche un visage fermé.
Claire était pas stupide, elle savait que ça allait pas. Elle savait que le monde était rendu malade par une humanité salie. Mais Claire avait entendu parler, dans les livres, que l'humain était beau. Alors, Claire avait observer les humains : c'est vrai qu'ils sont beaux quand ils s'y mettent. Et ça avait rendu Claire heureuse. Elle en a sourit toute sa vie.
Il n'y avait pas que l'humain qui pouvait être beau ! Claire se fascinait de tout : "wouah, regarde cette branche : on dirait une baguette magique". Alors, elle jetait des sorts aux oiseaux, pour qu'ils volent plus haut. Et aux fleurs aussi, il leur faut plus de couleurs. L'une deviendra rouge, l'autre violette. La dernière sera bleue. Qu'est-ce qu'elles sont belles, fleurs.
Ca avait l'air facile, quand on voyait Claire, d'être heureux. "C'est un état d'esprit", disait-elle. Tout le monde peut être heureux. Mais le hic, c'est Claire : maintenant, il n'y a plus de Claire, et Claire ne fait plus sourire personne. Elle a fini son travail, peut-être s'est-elle lassée ? Les gens n'ont plus besoin de Claire pour sourire, elle leur a tout appris. Elle devait être fatuiguée, et c'est compréhensible.
Seulement, les gens aimaient Claire, quand ils la connaissaient. Alors ils sont tristes, qu'elle soit partie, transformée en souvenirs.
