Enorye la fée

4. Imprévus en pagaille

" Reviens ! Reviens tout de suite ! Non ! Mais c'est pas vraiiii !! Elle va me rendre dingue... "

La seule réponse qu'elle reçut fut le rire malicieux de son amie, laquelle était déjà loin. Fannie ne prit pas le temps de souffler et voleta à sa suite, la cherchant activement des yeux. Après deux nuits et deux jours de marche - ponctués de feu de camps, de grignotage et de contes autour de lucioles lumineuses - Lysia avait terminé son pain aux fruits. L'intégralité de cette friandise avait été dévorée par cette gourmande sur pattes, ce qui avait permis de la temporiser. Mais au moment où la blonde fée se rendit compte qu'il n'y en avait plus, elle avait poussé un cri de joie et s'était propulsée dans les airs avec l'irrépressible envie de voler après des libellules. Les voyageuses avaient rejoint le fleuve du Saphir,  il fallait le traverser puis il resterait quelques jours de vol pour rejoindre Moulin-sur-Herbe.

" Lysia ! Reviens tout de suite ! Nous n'avons pas le temps de jouer et tu le sais ! "

Fannie venait de la repérer, bondissante et rieuse. Lysia s'amusait, faisant la sourde oreille. Lorsque son amie boulangère approcha, elle ne la remarqua pas puisque bien trop absorbée par la contemplation émerveillée du frétillement des ailes d'une libellule femelle.

" Allez chérie, viens, viens par ici... Voilà c'est ça... "

La fée la plus sage des deux laissa échapper un petit soupir rassurée, enfin elle se montrait docile. Son regard était comme obnubilé par l'insecte volant, lequel vivant sa vie dans la plus grande insouciance.

" Oh non... Non ! "

La libellule se redressa, puis s'en alla d'un mouvement agile et furtif. Une fois sortie de sa torpeur elle voulut repartir à la conquête d'une nouvelle chose à découvrir, et réussit à se dégager de la poigne pourtant ferme de son amie.

" Lysia... S'il te plaît... "

Fannie s'installa sur une brindille, gardant en vue la silhouette de Lysia qui se mit à sauter de nénuphar en nénuphar à grands rires. Impossible de la raisonner; elle devait trouver une autre solution pour qu'elles puissent reprendre la route, et surtout éviter d'arriver en retard car les conséquences pourraient être terribles. Elle eut alors une idée : il lui suffisait de trouver quelques fruits et un sortilège de sa composition l'aiderait à créer une pâtisserie de toutes pièces. C'est donc avec une détermination toute trouvée qu'elle quitta son siège de bois pour partir en quête de fruits. Il ne lui fallut pas plus d'une demi heure pour en récolter suffisamment.

Ainsi, une bonne heure plus tard les voici de nouveau sur la route. L'une sifflotait et l'autre dégustait avec des " Mmm " de plaisir gourmand.

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" Je voudrais te parler d'un insecte tout particulier qui m'a un jour grandement émerveillé, il s'agit d'un papillon appelé.... "

Phil et son acolyte attendaient patiemment le moment opportun. Tous deux étaient soigneusement dissimulés par un sortilège de camouflage, entre deux tiges de blés et plus très loin des voyageurs aperçus un peu plus tôt. Il commençait enfin à distinguer leurs voix : la figure féminine racontait avec enthousiasme sa rencontre avec un papillon rare.

* C'est bien un sujet de bonne femme ça... *

Phil le Bougre était un bandit des chemins, tout comme son camarade Stan le Borgne. L'un et l'autre ont un jour tout plaqués de leurs vies en tant que vendeur de fleurs pour basculer du côté obscure de la loi et devenir des méchants. Leur but ? Attaquer des innocents pour leur soutirer argent et bijoux par le désir de s'enrichir. Phil était grand, large, avec un sourire charmeur, des petits yeux de fouine et un nez rond et peu gracieux; Stan quant à lui est petit, avec un oeil en moins et ce sourire sadique qui en disait long sur ses mauvaises intentions.