Chapitre 2: Cauchemars du passé

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Estelle se remit du rose sur les lèvres. Elle observa la jeune fille qui lui faisait face. Ses traits n'étaient pas tout à fait ceux d'une femme, ils semblaient à peine sortis de l'adolescence, ses mâchoires étaient légèrement saillantes mais il y avait encore des joues rebondies, trace de l'enfance.

Les lèvres de la personne qui lui faisait face étaient gercées et ses yeux étaient dans un pitoyable état : bouffis, avec des cercles aux contours des yeux comme si elle n'avaient pas dormi.

Aucunes traces de joie, aucunes étincelles dans ceux-ci, juste le néant.
Voilà ce que reflétait le miroir fissuré de l'hôtel miteux où elle séjournait.
Un portrait révélateur d'elle : une fille brisée, essayant de s'extirper de sa vie d'antan, de son passé, sans succès.

La jeune fille à la peau pâle rapprocha son visage du miroir.
Estelle pouvait encore voir le souvenir de ses cauchemars imprimés  sur sa rétine...

- Papa, Papa ! criait la petite enfant d'origine asiatique à travers les longs couloirs d'une maison rustique, typique de la région, tout en bois.

J'ai reçu un autocollant de la part de l'institutrice ! Elle a dit que j'ai très bien lu le texte sur le petit Chaperon Rouge ! ajouta-elle le sourire aux lèvres, les yeux brillants d'étoiles.

-Ne m'appelle pas comme ça ! Maintes fois je t'ai dit de m'appeler << Mon père>> mais ça ne te rentre pas dans la tête !
Va au diable ! Tu es une abomination ! Tu es possédée par Satan ! , lui cria-t-il.

La petite fille observait apeurée, son père adoptif de type européen la regarder, les yeux roulants à l'arrière de ses orbites, pleins de fureur. Elle avait peur, celle-ci ne comprenait pas cette réaction injustifiée.

Désormais, reprit son père, il t'est interdit de passer ne serait-ce qu'un pied dans cette école du diable ! Tu resteras à la maison.

J'avais pensé que tu serais une jeune fille sage et obéissante mais maintenant plus les jours passent, et plus je vois se développer un esprit malin en toi ! Lui hurla-t-il.

J'ai vu cette lueur dans ton regard, cette flamme. Plus tu allais à cette école et plus tu avais cette sorte de lumière dans tes yeux, murmura-t-il, se frappant à maintes reprises la tête du plat de la main.

Son père, qui était le prêtre du village, se rapprocha d'elle, s'abaissa à son niveau, puis lui souffla au visage : - L'éducation est la pire chose qu'on n'ait pu inventer en ce monde, les esprits mauvais comme toi se sert de celle-ci pour faire le mal...

La fille d'environ seize ans (elle ne savait pas exactement son âge) revoyait, rejouait dans sa tête, les évènements, les réminiscences de son passé de petit fille : son père agenouillé devant la grande croix de leur chapelle familiale encadrée de lierres, priant, en adoration devant le Christ, pleurant, exalté, les larmes aux yeux et répétant dans une litanie sans fin : << Je suis ton serviteur >>.

Elle revoyait les moments devant la grande tablée de la salle à manger, les prières avant les repas, et surtout son père qui l'avait adopté toute petite, tellement petite qu'elle n'avait plus aucun souvenirs sans son père, sortir un grand couteau de boucher.
Elle réentendit ses hurlements de douleurs, et ressentit l'horreur quand son père, lent comme un automate, le regard distant, exalté, rapprocha son bras ensanglanté près de la coupe de vin et y remplit celle-ci de son sang, tout en rajoutant du vin rouge.
Elle le revoyait y tremper ses lèvres, fermer les yeux, puis y tremper son pain.

Ses yeux d'enfant se reposèrent sur son bras où ruisselait encore de minuscules larmes de sang...

Cette image la fit ressortir violemment de ses pensées.
Haletante, elle passa sa paume sur son front brûlant, des sueurs froides lui coulaient le long des tempes.
Elle jeta un dernier regard à son reflet: un visage fantomatique tentait un mince sourire. Elle se sentait prête à partir, à sortir de cette chambre périmée du siècle dernier.

Estelle claqua la porte en sortant. Elle marcha jusqu'à l'ascenseur qui ferma ses portes sur sa figure encore tremblante. Le trajet fut bref. Arrivée à l'espace d'accueil de l'hôtel, elle demanda à emprunter un ordinateur. On le lui accorda d'un signe de tête et on lui passa le code de déverrouillage.

L'ordinateur était vieux mais semblait néanmoins fonctionnel.
Sur la page d'accueil BBC, elle chercha du coin de l'oeil quelque chose. Un article attira son regard : l'affaire en cours du BAU, département du FBI...

**La suite la semaine prochaine ! J'espère que vous avez aimé !!!
Je peux déjà vous dire que la semaine prochaine ça sera la rencontre entre les membres de l'équipe du BAU et Estelle !!! L'accepteront-ils ?Mystère à suivre ....**

Esprits Criminels : EscapedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant