Chapitre 1

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Mon portable vibre dans ma poche. Si c'est encore elle, je jure que je fais un carnage. Pas loupé ! Cette nana est pire qu'une sangsue. Je ne sais pas ce qu'elle a pu s'imaginer : il n'a jamais été question de relation entre nous.

Petite brune :

Bébé, pourquoi tu ne me réponds pas ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je t'aime ! J'ai besoin de toi !

Evana glousse dans mon dos.

— Dis donc, Oz, elle est désespérée. T'as encore planté ta flèche de Cupidon ?

Je me retourne sur ses yeux bleus lagon où danse une lueur amusée. Elle croque dans une pomme et ses fesses fermes et rebondies se trémoussent jusqu'à la cuisine, en simple tee-shirt et vieille culotte de coton. La reine de l'anti glamour !

Je penche un instant la tête de côté, balade mon regard de ses longues jambes blanches à son sourire sardonique, à peine dissimulé par sa cascade de cheveux noirs. Ouais, elle aurait peut-être pu faire l'affaire si on n'était pas amis de longue date, et maintenant colocs. Je joue avec mon piercing que je glisse entre mes lèvres, puis me secoue mentalement. Je ne vais certainement pas m'aventurer sur ce terrain.

Elle pose une main sur sa poitrine, prenant un air faussement tragique.

— Oz... tu es toute ma vie... ne me laisse pas...

Je lève les yeux au ciel. Il faut qu'elle en rajoute une couche dès le matin. Et en plus elle blablate la bouche pleine. Je serre les dents et me plante devant elle.

— T'as fini tes conneries ? Tu ferais mieux d'aller te laver, ça sent la vierge effarouchée.

D'un geste brusque, je lui fourre son trognon dans la bouche et l'abandonne en me marrant.

— Oz, bordel, viens ici !

Tiens, un doigt d'honneur, ça te fera les pieds. Il faut toujours qu'elle la ramène. Elle ne peut pas s'occuper de son cul, sérieux ? Allez, une douche et je file bosser.

Les cheveux encore humides, j'attrape mon trousseau de clés que je glisse dans ma poche et observe ma coloc enfiler ses ballerines. Elle croise mon regard, ça y est, elle a sorti les mitraillettes. Je suis déjà mort douze fois.

Plan d'attaque de ma boudeuse : d'un bras, je la chope par la taille, la soulève, elle bat des jambes, couine et je la balance sur le canapé. Je me jette sur elle, d'une main l'agrippe par les poignets et de l'autre m'amuse à planter mon index un peu partout.

Elle s'agite frénétiquement en râlant.

— Oz ! Arrête !

Mauvaise réponse. J'insiste et elle finit par éclater de rire. Je rigole, la relâche en regardant ses joues toutes rouges tandis qu'elle tente de retrouver son souffle. Sans cesser de sourire, elle me pousse.

— T'es vraiment trop con !

Je lui lance un clin d'œil.

— Je te dépose, chaton ?

Elle fixe l'horloge au mur de la cuisine, puis écarquille les yeux.

— Ouais, je veux bien, je suis à la bourre !

— Alors, en piste !

Je lui pince les fesses, elle sursaute en se les frottant avant de franchir le seuil de l'appartement. J'affiche un large sourire. Bientôt six ans que ça dure, et je ne me lasse pas de voir qu'elle réagit toujours de la même façon, comme si nous nous connaissions depuis hier.

IntouchableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant