u n e minute

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Une minute. Une minute, et tout votre monde peut changer. Soixante secondes, soixante battements de cœur, vingt quatre clignements d'yeux, trente six inspirations, trente cinq expirations. Juste une minute.

Tout peut exploser, dans la joie ou dans la peine. C'est juste le temps qu'il faut pour se rendre compte que le temps s'écoule toujours sur la longue fresque de nos vies. L'Homme aime à penser qu'il maitrise une chose à partir du moment où il connait tous ses secrets. Le temps n'a plus de secret pour nous, et pourtant, nous ne sommes toujours pas capable de le maitriser. Certains rêvent de revenir dans le passé, afin de le modifier. D'autres voudraient voir leur avenir pour se préserver de leur présent. Mais cette minute, je ne l'échangerais pour rien au monde, même si elle est synonyme de souffrance et de peine.

Je me souviens encore parfaitement, bien avant que cette minute ne fasse partie de ma vie, de mes premiers pas à bord de l'USS Enterprise, sous le commandement du Capitaine James T. Kirk. J'étais jeune, et pourtant, mes cheveux avaient déjà cette couleur argentée, unique caractéristique et cadeau de mon père qui n'avait rien d'humain. Je ne l'ai cependant jamais connu, et il m'a toujours été impossible d'éclaircir mes origines. Aujourd'hui même, alors que je vais m'éteindre, je ne connais pas mes racines. Mais cela n'a pas d'importance, c'est une quête que j'ai décidé de mettre de côté dans ma vie, parce qu'elle me paraissait moins importante que les autres. Ma mère m'avait transmis une bonté dont je ne connaissais pas encore les bienfaits, je la sentais en moi, mais je n'arrivais pas à l'atteindre, et rejoindre Starfleet a sans douté été le plus grand défis de ma vie.

J'ai rejoint la flotte la Fédération dans l'unique but de prouver au monde que j'avais cette bonté en moi, qu'elle pouvait sortir. J'étais bien loin de savoir jusqu'où ce voyage me mènerait.

Je n'avais rien de plus ou de moins que les autres, ma banalité n'avait de grandeur qu'en la petitesse de mon originalité, qui se résumait à mes cheveux. J'étais un visage parmi l'équipage, un de plus aux couleurs de l'uniforme rouge. J'avais gagné ma place au sein de l'USS Enterprise en tant qu'Enseigne Officier tactique. Mon rôle était de surveiller l'armement, le bon fonctionnement des boucliers, parfois même de tirer, mais au moment que je vous décris, je n'étais qu'une bleue qu'on repoussait dans un coin, de peur qu'elle n'appuie sur le mauvais bouton. Sûrement était-ce ma banalité qui me trahissait, je n'avais pas été mauvaise aux tests, mais je n'avais pas non plus été brillante, et honnêtement, les armes n'étaient pas ce que je préférerais. Je n'avais simplement pas encore eu l'opportunité de faire mes preuves, et moi-même, je ne savais pas encore qui j'étais réellement. J'avais besoin de creuser.

Lorsqu'on s'engage sur un vaisseau tel que l'USS Enterprise, on sait qu'on en a pour longtemps, qu'un morceau entier de notre vie ne sera consacré qu'à la tâche simple du bon fonctionnement du vaisseau et de l'exploration de l'espace. Cinq années, c'est terriblement long, mais elles ne m'ont jamais paru aussi longue que cette minute bien particulière.

Celle où tout vole en éclat, tout de moins, c'est ce qui m'est arrivé à moi. Et sûrement à tout l'équipage.

Je me souviens parfaitement de la minute de silence qui plana dans tous le vaisseau. Je ne perçus, pendant cette minute, que la respiration de mon voisin, un homme au pull rouge comme moi, chargé de la sécurité. Après avoir découvert une anomalie dans les boucliers du vaisseau, nous étions partis pour le centre de commandement, mais nous n'avions pas eu le temps de le rejoindre. Nous tendions l'oreille, le souffle court, à l'affût du moindre son ou mouvement qui trahirait la présence de nos assaillants.

Parce qu'il ne pouvait s'agir que de cela. Quelques secondes après que les voyants indiquant un dysfonctionnement du générateur, qui permettait aux boucliers de fonctionner, s'allumèrent, le vaisseau fût plongé dans le noir. Les secondes défilaient comme un décompte, parce que je savais bien que rien ne pouvait rester en suspens de cette façon, à un moment donné, quelque chose finirait par se passer, et avec elle viendrait son lot de joie et de peine.

Une minute d'attente, c'est particulièrement long, surtout lorsque nous n'avons aucune idée de quelle sera la suite. Peut-être que si j'avais perdu patience, si je n'étais pas restée sans bouger pendant cette minute, ma vie aurait été différente. Mais c'est de cette façon que j'ai vécu cette minute, le souffle court, les sens en alerte, les pieds plantés lourdement sur le sol du vaisseau, et des milliers de questions me traversant l'esprit.

Sans aucun doute la minute qui changea ma vie entière.

For Anton ♥

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 21, 2016 ⏰

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