Camélia

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L'après midi s'écoule et lui déambule.

Il avance, peiné.

Sa main a tremblé près du papier. L'encre a failli se répendre. Le pinceau a manqué de déraper.

Il s'est perdu.

Et son esprit se perd encore tandis qu'il marche.

Les bruits sont amplifiés. Ils envahissent sa tête, étouffent ses pensées, l'affaiblissent dès l'âme.

La paix s'est évaporée et la noirceur s'est engouffrée dans la brèche. Dans la blessure.

Il n'y a plus le vide apaisé, juste le néant qui se faufile.

Dès qu'il entre dans cette pièce, le vent tombe.

Les corolles dodelinent puis s'immobilisent sur leurs tiges et leurs branches.

Le soleil fait ressortir les couleurs qui envahissent sa vision.

Rouge si rouge.
Fort, intense, conquérant.

Il porte la main à ses yeux. Pourquoi d'ailleurs ? Pour protéger quoi ?

Sa vue, son cœur ?

Quel triste réflexe.

On dit que les yeux sont la porte de l'âme et lui il espère que ces portes se referment.
Que son âme devienne inatteignable.

Si la cécité les lui voler, serait il soulagé ? Serait-il libéré ?

Voir est parfois si difficile à vivre.

Voir peut détruire un homme.

C'est un cadeau ambiguë qui offre la connaissance et détruit l'innocence.

Il aurait voulu ne jamais voir.

Un ombre passe dans le ciel, un nuage solitaire qui masque les rayons.

Un faux répit.

Le rouge s'assombrit, les fleurs couvertes d'ombre s'agitent et le bruit du vent levé est étouffé par le tintement des fers qui se croisent.

Jimin abaisse sa main.

Les cris féroces, les bottes qui frottent le sable, les lames qui s'affrontent.

Des bruits familiers, presque réconfortants.

Il entend et écoute. Il se concentre et oublie ses divagations.

Le monde redevient ce qu'il est.

Le jeune homme suit la mélodie de l'entraînement, il se laisse attirer par elle. Il suit comme on suit la voix d'une sœur qui nous appelle.

Puis il s'asseoit, les paupières fermées et il écoute chanter.

Chanter le fer. Chanter la terre. Chanter les âmes.

Ces sons qu'il a entendu toute sa vie, qui sont devenus sa raison de vivre.

Il ne regarde pas. Il se laisse bercer par la lutte entre le soldat et le disciple.

🍁*🍁*🍁

La nuit couvre le monde et la maison brille dans l'air épais et noir.

Les invités ont défilé devant le portail les uns après les autres, tous engoncés dans des tenues d'apparat  pour l'occasion.

Il ne manque qu'une personne.

Lui.

Et il aimerait que la fête démarre sans sa présence.

Rouge Camélia [ Yoonmin ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant