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Tu es revenu. Inévitablement. Tu ne pouvais pas ne pas revenir. Après tout, nous sommes reliés par les réunions de l'enclave. Peut-être que l'éventualité de te revoir me nouait tellement que j'ai préféré croire que la douleur que je t'avais causée te pousserait à rester loin de moi. J'aurais dû savoir que ce n'est pas ce genre de choses qui peut t'arrêter. Tu sais ce que c'est que la souffrance. Tu as donc beaucoup plus de ''facilité'' à vivre avec.
Oui. Je savais que je te reverrais. Tu es le seul chasseur d'ombre vers qui les vampires et les loups garous ont confiance. Mais je ne pensais que ce serait aussi vite. Je pensais qu'il te faudrait plus de temps pour calmer la colère, pour panser la blessure. Le temps qu'il m'aurait fallu, à moi, pour me préparer à ton retour. Pour essayer de faire taire cette douleur lancinante qui ne cesse jamais, même dans mon sommeil. Le temps qu'il m'aurait fallu pour réussir à surmonter la perte, le vide.
Je me souviens encore de ton regard lorsque nous sommes arrivés dans la salle des accords, la première fois après notre... séparation. Ton regard fier, provocateur croisant le mien. Ta voix insolente, les mots que tu as utilisés... Toi qui était si tendre et bafouillant, tu me prenais de haut. Et pourtant, je pouvais voir dans ton attitude que tu ne m'avais pas excusé. Et moi, comme un ahuri, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir cette joie ridicule, lorsque je t'ai entendu. Tout comme je n'ai pas pu empêcher cette vague de souffrance et de douleur m'envahir, détruisant tous les efforts que j'avais fait pour t'oublier. J'ai bien cru que j'allais me trahir. Que je ne parviendrais pas à gérer ce trop-plein de sensations qui m'envahissait tout à coup. Tu étais la si près de moi et je devais rester impassible, et me taire.
Heureusement pendant mes longues années d'existence, j'ai réussi à garder le contrôle. J'ai porté ce masque d'indifférence que tu dois connaître si bien. Celui que j'avais quand nous nous sommes croisés au pandémonium quand tu as croisé on regard au carré VIP. Je ne sais pas comment j'ai réussi cette performance. Ce jour-là, ton départ a été encore plus difficile à supporter que le précédent. J'avais envie de mourir en voyant ta silhouette disparaitre dans le couloir. Je suppose que ton éloignement et tes missions m'ont permis de me leurrer. Je pouvais imaginer que tu aurais besoin d'un sorcier et que vous seriez venu me demander de l'aide. Mais là, il n'y a plus de place pour les mensonges. Je ne peux plus continuer à me construire des rêves qui me préserverait un peu. Tu es de retour, et jamais plus tu ne viendras sonner au loft. Jamais plus tu ne prononceras mon prénom de cette voix si douce que je ne te connaissais pas. Jamais plus je ne pourrais sentir ton corps tout contre le mien.
Je me sens mal et ma tête tourne. Je claque des doigts et fait apparaitre un verre d'eau. J'essaye de me calmer mais je suis incapable. Mon cœur bat trop vite, beaucoup trop vite surtout pour un sorcier. Je t'ai perdu alors que tu étais la promesse d'une nouvelle vie. En plus par tes sourires au conseil, j'ai l'impression que tu me nargues. Ce sourire que je ne t'ai vu arborer qu'en ma présence. Se pourrait-il que tu m'aies déjà trouvé un remplaçant ? Se pourrait-il que tu sois de nouveau amoureux ?
