Chapitre 2

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Je n'ai jamais été amoureuse. Avant, les garçons voulaient sortir avec moi, en vain. Maintenant, je suis plus considérée comme la bête de foire qu'autre chose. Je m'attarde un peu sur les couples qui se tiennent la main ou s'embrassent dans ce parc au paysage romantique, avant de me ressaisir en soupirant. Je dois rester concentrée. Je ne dois pas m'égarer. Je continue à lire Le medecin malgré lui de Molière, les sourcils froncés. Mes lunettes glissent alors je les remonte systématiquement, et mes cheveux me tombent dans les yeux, perturbant ainsi ma lecture, alors je les coince derrière mon oreille d'une main, le livre dans l'autre. J'ai décidé -exceptionnellement- de travailler dans ce parc à cause de la chaleur exceptionnelle en ce mois d'avril. Le soleil réchauffe ma peau, et grâce à mes lunettes de soleil ce dernier ne m'aveugle pas. Absorbée dans ma lecture, je ne remarque pas les personnes postées devant moi avant que celles-ci ne se raclent la gorge bruyamment. Alors je lève la tête, maussade d'avoir eu à interrompre ma lecture. Ce sont deux garçons, un brun et un roux. Tous deux ont les yeux d'un magnifique bleu foncé, presque noir. Je crois que ce sont des élèves du lycée.
Le roux prend en premier la parole, me jaugeant de la tête aux pieds, l'air hautain.
"-dites donc, ce ne serait pas La Sainte ?
Je ne réponds pas, le regard fixé sur les fleurs roses qui sont en arrière plan.
-réponds moi quand je te parle !
Je lève les yeux vers lui. Son regard est froid, et son ami me regarde de la même façon. Je frissonne.
-c'est bien moi. Je finis pas répondre d'une petite voix.
Le brun ricane.
-c'est que finalement, elle a une langue !
-laissez moi tranquille.
Je me lève et prends mes affaires, tentant de partir en vain. Les deux jeunes hommes me retiennent, me poussant vers le banc où j'étais assise tantôt.
-non non non, tu ne bouges pas. On n'en a pas fini avec toi.
Le brun saisit mon livre, le maintenant fermement de son pouce et son index, le sourcils froncés.
-le médecin malgré lui. Tu y tiens, à ce bouquin.
-rends-le moi.
Ma voix est faible, aiguë et tremblante. Je me demande s'ils l'ont entendue, dû à leur manque de réaction. Après une minute, le brun décide de sortir son briquet et d'enflammer l'ouvrage sous mon regard meurtri. Sans que je puisse les arrêter, mes larmes inondent mon visage. Ce livre appartenait à mon père. Soudain, les deux individus écarquillent les yeux en apercevant quelque chose -ou quelqu'un- derrière moi, et partent presque en courant sans demander leur reste. Je fronce les sourcils et me retourne. Il y a quelques personnes présentes, aucune d'elles ne me prête attention. Je suis sur le point de me retourner quand je remarque ce garçon. Adossé à un arbre, les mains dans les poches, son regard de fer est sur moi. Ses sourcils sont froncés et ses lèvres pincées. Nous restons quelques minutes comme ça, nous regardant dans les yeux. Puis l'étrange individu s'en va.

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